Trois groupes ou mouvements ont incarné et porté le mouvement d’occupation à Hong Kong, un mouvement par ailleurs largement spontané…
Le premier, le plus modéré, « Occupy Central », formé de trois personnalités, s’est officiellement rendu. Le second, la Fédération des étudiants (HKFS), devrait décider cette semaine l’arrêt de l’occupation. Le troisième, Scholarism (lycéens) a cherché à maintenir la pression par une grève de la faim, mais le soutien populaire faiblit.
Après plus de deux mois d’occupation, il devenait très difficile de maintenir la dynamique du mouvement. La Fédération des étudiants avait tenté de durcir le blocage du quartier d’affaires Admiralty en interdisant à nouveau l’accès aux immeubles gouvernementaux. Mais l’intervention violente de la police l’a mis en échec, les heurts faisant plusieurs dizaines de blesséEs. Armés de leurs parapluies, les jeunes étaient partis à l’assaut des forces de l’ordre pour récupérer le terrain perdu dans le quartier populaire de Mong Kok à la suite d’une intervention policière, un autre échec.
Trois membres de Scholarism ont entamé une grève de la faim : deux jeunes filles et Joshua Wong, figure emblématique du mouvement qui avait réussi à faire céder le gouvernement en 2012 lorsque celui-ci avait eu l’intention d’imposer un cours d’éducation patriotique dans les écoles, y compris maternelles… Dans une lettre adressée au chef de l’exécutif, ils appellent à nouveau le gouvernement au dialogue politique. « Le gouvernement non démocratique de Hong Kong a été une malédiction pour les libertés et même pour le niveau de vie des plus pauvres. Le recours éhonté à la force pour nous réprimer est comme jouer avec le feu, en faisant fi du futur de Hong Kong » (1). Mais le pouvoir juge (à raison) que le temps joue pour l’instant en sa faveur.
Répression de la désobéissance civique ?
Commencée le 22 septembre, l’ampleur et la durée de l’occupation de plusieurs quartiers de Hong Kong ont dépassé toutes les prévisions. Il constitue déjà le plus important mouvement de désobéissance civique que l’ancienne colonie britannique a connu depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Vu l’enjeu – le droit d’élire ses représentants et de s’organiser librement – il perdurera et rebondira. Mais sous quelles formes ?
Et qu’en sera-t-il de la répression ? Les trois personnalités ayant lancé le mouvement « Occupy Admiralty » se sont rendues à la police. Une longue liste de chefs d’accusation leur a été présentée, mais ils ont été libérés de suite, sans avoir à payer de caution. Selon la presse, plus de 200 participants au mouvement ont été « identifiés (…) en vue de poursuites judiciaires ultérieures ». Le pouvoir n’abat encore ses cartes : le ministre de la Justice, Rimsky Yuen, a ainsi déclaré qu’il était trop tôt pour savoir de quels délits les participantEs au « mouvement des parapluies » allaient devoir répondre. Mais la répression risque de frapper, durement.
1 – Cité par Florence de Changy, Le Monde du 3 décembre 2014.
Source : NPA