Au moment où bien plus de cent mille personnes manifestaient, ce jeudi 6 novembre, dans les rues de Bruxelles, pour dire BASTA à ce gouvernement des riches et des patrons, le journal « Le Soir » révélait le résultat d’une enquête de longue haleine, menée par un consortium international de journalistes d’investigation, dont ceux des journaux belges du Soir et de Tijd, sur les pratiques fiscales luxembourgeoises les plus secrètes (nom de code : LuxLeaks !).
Quel est le point commun entre les familles de Spoelberch (AB InBev), Lhoist (le géant de la chaux), Frère (Goupe Bruxelles-Lambert), les familles Wittouck et Ullens de Schooten (Weightwatchers), mais également des sociétés comme Belgacom, la banque Degroof, etc, en tout 26 familles ou entreprise du pays? Certes, ces familles et sociétés multinationales font partie des plus grandes fortunes du pays. Mais elles sont aussi toutes passées par le Luxembourg pour faire valider de petits( !) arrangements fiscaux (le ruling) (1).
L’enquête révèle que, pour ces familles et entreprises du pays, le montant total des avantages et accords fiscaux conclus avec le Luxembourg se chiffrent en milliards d’euros.
C’est que les filiales de ces entreprises Belges, basées au Luxembourg, ne payent que quelques pour cent d’impôts. Le journal le Soir nous met l’eau à la bouche : il révélera dans ses prochaines éditions, le nom d’une société dont le chiffre d’affaires est de 12 milliards d’euros et pour laquelle le Luxembourg accepte de réduire la base imposable de 92%. Autrement dit, cette société ne sera soumise à l’impôt que sur 8% de son bénéfice avant impôt (soit un taux réel d’imposition de 2,3% !).
Oh, bien sûr, des voix s’élèveront pour dire que ces procédés sont légaux et que c’est au niveau européen qu’il faut mettre de l’ordre dans tout ça.
Mais, en attendant, ce gouvernement des riches et des patrons, s’engouffrant dans la brèche ouverte par le précédent gouvernement, multiplie à tire -larigot les cadeaux à ces multinationales et y va de plus belle dans sa thérapie de choc exercée sur le monde du travail et sur bien d’autres catégories sociales.
Merci à ce consortium international de journalistes d’investigation pour avoir levé le voile sur ces escroqueries inqualifiables !
Merci à la FGTB de Verviers pour avoir mené, elle aussi, une Opération Vérité, en mettant simplement( !) au grand jour – ce qui n’a pas plu au patronat- les comptes de entreprises belges déposés à la Banque Nationale de Belgique (BNB) : ainsi, pour l’année 2012, le chiffre d’affaires total, réalisé par l’ensemble des entreprises, s’élevait à 786 milliards d’euros (une évolution de 21% du chiffre d’affaires depuis 2009). Les dividendes s’élevaient à 45,3 milliards d’euros, soit une progression par rapport à 2009 de …13,7% (2). Et ces messieurs les actionnaires de se réjouir de la décision prise par ce gouvernement, pour la prolongation du blocage des salaires. Pendant ce temps-là, les riches seront encore plus riches et les dividendes des gros actionnaires exploseront.
Est-il encore nécessaire de rappeler que 20% des ménages belges les plus riches possèdent ensemble 60% de la richesse du pays (patrimoine mobilier et immobilier) ; qu’en 2012, la Belgique comptait 82. 600 millionnaires (5 7000 de plus qu’en 2011) ; que le secret bancaire est toujours bien réel ; qu’il n’y a pas de cadastre des fortunes et pas d’impôt sur celles-ci ;
Ne cherchons plus les raisons de la colère salutaire du monde du travail, qui va en s’amplifiant.
Comme l’a souligné le tract distribué par la LCR/SAP, ce jeudi 6 novembre, à la grande manifestation syndicale et sociale à Bruxelles, « nous sommes trois millions de syndiqué-e-s dans ce pays. Les forces vives de la société, c’est nous ! C’est nous qui créons les richesses ».
Basta, Michel1er. Dégage!
- le Journal Le Soir, jeudi 6 novembre 2014.
- Voir l’article sur le site de la LCR (lcr-lagauche.org): « Salaires bloqués, actionnaires comblés ».