“Pas touche à l’index !” crient en choeur les militants et les dirigeants syndicaux dès qu’un « expert » de la Commission européenne ou de l’OCDE, un représentant du monde patronal ou un (ir-)responsable d’un parti de droite, y vont de leur petit couplet sur le « tabou-d’un-autre-âge-qui-devrait-passer-l’arme-à-gauche-pour-restaurer-la-compétitivité-de-notre-économie » !
Très bien camarades. Applaudissements nourris sur les bancs des travailleurs et des allocataires sociaux pour votre vigoureuse prise de position… sauf que cette indexation des salaires a déjà beaucoup souffert au cours des dernières décennies !
Il y eût les « sauts d’index » purs et durs de l’époque bénie (pour le capital !) des gouvernements de Messieurs Martens et Gol. Ensuite, l’index a été « lissé » et expurgé d’une série de produits (tabac, alcool, essence…) pour se transformer en « index-santé », comme si sa fonction première était de veiller au bien-être physique et mental de la population plutôt qu’au bien-être de son porte-monnaie ! Et récemment, nouvelle trouvaille de l’équipe cornaquée par un Elio Di Rupo décidément très créatif, un « index-soldé », c’est-à-dire une indexation qui prendrait en compte les prix (réduits) des marchandises lors de la période des soldes. Avec à la clé une nouvelle perte de revenu de l’ordre de 0,4 % pour le commun des mortels dont nous faisons partie !
Bref, l’outil sacré censé refléter l’évolution du fameux panier de la ménagère -et ainsi aligner salaires et allocations de remplacement sur l’évolution du coût de la vie- en a vu des vertes et des pas bien mûres depuis 30 ans. Souvent, hélas, sans que cela n’entraîne une riposte sociale à la hauteur des agressions ainsi perpétrées. Des discours et des communiqués de presse, oui. Des manifestations et des actions de grève, non. Ou alors, pas trop fréquemment ou pas trop efficacement, histoire -hein !- de ne pas gêner des « amis » qui sont aux affaires…
Avec les élections qui approchent maintenant à grands pas, cette problématique va revenir sur le tapis de la campagne électorale. Certains réaffirmeront, la main sur le cœur, qu’eux vivants on ne touchera jamais (plus ?) à ce joyau des conquêtes ouvrières. D’autres diront qu’ils ont été mal compris et, en réalité, qu’ils souhaitent simplement un aménagement « équitable » du système en vigueur. Et puis, il y aura les moins complexés qui reprendront la thématique de la suppression de cette « exception-belge-parfaitement-anachronique-dans-l’Union-Européenne-du-XXIème-siècle ». Pensez donc, à part le Grand Duché du Luxembourg, il n’existe plus d’échelle mobile des salaires nulle part !
Dans ce débat récurrent, la gauche ne peut plus se contenter de rester le dos au mur en défendant un minimum minimorum, c’est-dire le système d’indexation tel qu’il existe encore aujourd’hui, après avoir été « essoré » à maintes reprises.
Il serait dès lors opportun de remettre les points sur les i, de revendiquer le retour à une indexation intégrale, et de préparer une véritable mobilisation susceptible de modifier les rapports de forces afin d’imposer un index qui ne serait plus un index rabougri !
A quelques mois du 25 mai 2014, c’est le moment , non ? Car après, il se pourrait qu’il ne soit trop tard et que cet acquis ne soit définitivement sacrifié sur l’autel d’obscurs marchés de dupes réputés « inévitables-dans-notre-système-politique-de-coalitions-gouvernementales-où-chacun-doit-y-mettre -du-sien » !
D’autant que ce sont toujours les mêmes qui, depuis des lunes, sont les victimes de ces illustres compromis « à la belge » qui tirent systématiquement le social vers le bas !