Le 26 février, les Iraniens ont eu à élire les députés siégeant au Parlement islamique, ainsi que les membres de « l’Assemblée des experts » composée de dignitaires religieux. Cet organe est notamment chargé d’élire le futur Guide.
Deux grandes listes se faisaient face dans chacun de ces scrutins : celle de la majorité sortante regroupant des « conservateurs et principalistes » proche du Guide Khameneï ; celle dite « modérée et réformatrice » liée au président Rohani en place depuis 2013. La candidature de milliers de personnes a été refusée. Un second tour se tiendra en avril pour attribuer les sièges non pourvus.
Les premiers résultats indiquent une forte poussée dans les grandes villes en faveur du président Rohani et de sa politique d’« ouverture » : ainsi, à Téhéran, ces listes ont remporté l’ensemble des sièges. Le président « conservateur » sortant de l’Assemblée des experts est battu, alors que l’ancien président de la République Hachemi Rafsandjani, personnage clé du régime, corrompu notoire et soutien de Rohani, sera sans doute le prochain président de cette Assemblée.
L’accord sur le nucléaire et la levée des sanctions internationales ont favorisé le succès du camp Rohani. Celui-ci a aussi fait miroiter une amélioration de la situation. Derrière ce mirage ce cache l’accélération de la politique libérale, avec notamment la casse en règle du Code du travail, l’ouverture totale du marché aux capitaux étrangers, l’accélération des privatisations. Les désillusions seront rapides et la question sociale reprendra le dessus.
Les proches du Guide et la direction des Gardiens de la révolution sont hostiles à l’ouverture du marché iranien aux multinationales occidentales. Ils ont bénéficié amplement des privatisations et dirigent des secteurs industriels et commerciaux importants. Ils dirigent également les grandes et richissimes fondations qui ont la mainmise sur des pans entiers de l’économie. Ces fondations ne rendent de compte qu’au Guide et sont exemptées d’impôts.
Harcèlements, arrestations et condamnations
Ces élections sont un arbitrage entre deux segments de la bourgeoise, entre deux insertions au capitalisme. Quant aux électeurs, ils ont voulu accentuer les tensions et contradictions internes au régime, tout en éliminant autant que possible les secteurs liés aux Gardiens de la révolution et au Guide.
Sur les questions sociales, démocratiques, et celles relevant des droits humains ou de l’égalité entre hommes et femmes, les différentes factions au pouvoir partagent la même politique. Depuis l’accession de Rohani à la présidence de la République en juin 2013, le régime a exécuté plus de 2 000 prisonniers. En ce qui concerne le nombre de peines capitales, le pays est au deuxième rang, derrière la Chine et devant l’Arabie Saoudite. La pratique systématique de la torture se poursuit.
Les militants ouvriers et des droits démocratiques sont systématiquement harcelés, arrêtés, condamnés à la prison ferme et licenciés. Condamné à la prison pour activité syndicale, Reza Shahabi avait bénéficié d’une permission sanitaire en raison de la gravité de son état de santé. Deux jours seulement après les élections, les autorités veulent le renvoyer croupir derrière les barreaux…
à l’instar de Press TV, le média dédié à la propagande internationale de la mollahrchie, les organes de presse du régime diffusent régulièrement des « aveux » de militants emprisonnés extorqués sous la torture. Le retour de la République islamique à la table des « grands » de ce monde ne change rien à sa nature dictatoriale, théocratique et réactionnaire.
Source : NPA