La remise en service des réacteurs nucléaires Sendai 1 et 2 (extrême sud de la péninsule japonaise, à proximité du volcan Sakurajima) est autorisée pour début 2015. Pourtant quelque 16 000 personnes avaient manifesté en septembre 2014 à Tokyo contre ce redémarrage et les sondages montrent que la majorité de la population y est opposée.
Quatre ans après la catastrophe du 11 mars 2011, l’horreur n’en est qu’à ses prémisses. La radioactivité est partout présente, dans les réacteurs éventrés comme dans les sous-sols gorgés d’eau qui souillent le Pacifique.
La gestion des eaux contaminées est aujourd’hui le principal défi car la centrale est une véritable passoire : chaque jour, 350 m³ d’eau douce sont injectés dans les réacteurs pour les maintenir à une température comprise entre 20 et 50° C. Cette masse liquide, au contact du combustible nucléaire dégradé, se charge en radioéléments solubles et s’infiltre dans les eaux souterraines. Quotidiennement, 650 tonnes d’eau radioactive doivent être pompées et traitées, avant d’être entreposées sur le site dans près d’un millier de réservoirs. Actuellement de 600 000 tonnes, le stock ne cesse d’augmenter.
Des fuites à répétition continuent de se produire. « Les rejets en mer continuent depuis le site de la centrale nucléaire, à un niveau difficile à quantifier, et l’ensemble du Pacifique nord est maintenant marqué par le césium 137 jusqu’à environ 500 mètres de profondeur », indique le directeur de l’environnement à l’IRSN.
Le plus difficile reste à venir : l’évacuation des cœurs des trois réacteurs, qui ont fondu juste après l’accident en formant un magma extrêmement radioactif, lequel a perforé les cuves. TEPCo (l’EDF japonais) ne prévoit pas de s’y attaquer avant 2020 ou 2025.
32 millions de personnes sont exposées au Japon à la radioactivité liée à la catastrophe nucléaire (Tchernobyl environ 10 millions…). La population est « dans une situation inextricable », comme le souligne la chercheuse Cécile Asanuma-Brice qui travaille au bureau du CNRS à Tokyo.
Source : NPA