Nous étions une trentaine à nous rassembler le 30 décembre pour soutenir Moad suite à l’appel de sa famille et de la campagne Stop Répression. Lui et sa famille réclament justice depuis presque 4 ans. C’était en janvier 2013, Moad 14ans, se faisait tabasser par plusieurs policiers à Molenbeek. Des blessures sur son visage et la trace d’une chaussure derrière sa tête ont été constatés par un médecin légiste. Moad évoque également plusieurs paroles racistes de la part des policiers.
Depuis, sa famille se bat pour que ces policiers soient punis pour leurs actes et que cessent les violences policères. Plusieurs manifestations, interpellations de la commune, du comité P, … rien n’a bougé. Pendant tout ce temps, Moad a été victime harcèlements de la part de la police.
Hier avait enfin lieu le procès. Il avait été repoussé plusieurs fois en dernière minute (de là à penser que la justice voulait démobiliser les personnes venues soutenir, il n’y a qu’un pas).
Nous avons assisté à une mascarade où tout était fait pour provoquer Moad, sa famille et les personnes venues soutenir. Lorsque nous sommes rentré.e.s dans le palais de justice, nous sommes passé.e.s par les portiques de détection et nos affaires ont été fouillées. Jusque-là, rien d’inhabituel, toutes les personnes qui souhaitent rentrer dans le palais de justice passent par cette étape.
Lorsque nous avons voulu rentrer dans la salle d’audience, il y avait beaucoup de policiers. Ils ont exigé nos cartes d’identité, nous avons eu droit à une nouvelle fouille et nos téléphones ont été confisqués. Une fois à l’intérieur nous avons remarqué que les 5 policiers poursuivis pour violence envers Moad avaient leur GSM avec eux. Nous n’étions pas tou.te.s éga.ux.les devant la loi !
Plusieurs affaires sont passées et celle de Moad a été plaidée en dernier (le juge ayant vu le rassemblement avant le procès, on se demande une nouvelle fois s’il n’espérait pas qu’il y ait de moins en moins de monde pour soutenir Moad). Le juge a donc appelé les 5 policiers poursuivis, puis Moad (18 ans aujourd’hui) et sa famille. Il a demandé poliment, avec le sourire aux policiers de se présenter brièvement pour connaître leurs noms. Le juge s’est ensuite adressé à Moad et c’est là que nous avons compris qu’il n’était pas là pour écouter, qu’il avait déjà son opinion et qu’il allait tout faire pour décrédibiliser Moad. Nous avons eu l’impression que Moad était accusé d’avoir commis un crime. Il a été questionné par le juge comme si c’était lui l’accusé. Le ton était impoli et méprisant. Il y a eu une seule question sur les violences policières dont Moad était victime. Le juge a surtout mis en avant les mauvais résultats scolaires de Moad en 2013, ses fréquentations, … Il a même estimé qu’une photo facebook avec des amis (dont certains étaient connus de la police, d’autres pas) avec un chien n’était pas « appropriée ». À chaque réponse timide de Moad, il avait face à lui le juge et le Procureur du Roi qui le regardaient avec un sourire méprisant.
Toutes ces questions n’avaient aucun rapport avec le fait qu’un enfant de 14ans qui n’avait rien à se reprocher et qui n’a jamais eu affaire avec la justice se plaignait de violences policières. Comment expliquer les blessures au visage ? Comment expliquer la trace de chaussure à l’arrière de la tête ? Comment expliquer qu’il manque 12 min sur les images de la caméra de surveillance au comissariat ? Le juge ne semblait pas s’y intéresser ! Le Procureur du Roi a réclamé l’acquittement pour les policiers dont la défense était la même que les arguments du juge. Le jugement sera rendu le 19 décembre !
On voit bien que la justice reste du côté des puissant.e.s, des riches, de la police, du racisme, … Cette justice qui a transformé un enfant victime de violences physiques par la police en accusé parce qu’il a le « tort » d’habiter Molenbeek et de ne pas avoir la bonne origine et couleur de peau.
Soyons nombreu.x.ses ce 19 décembre au Palais de Justice pour soutenir Moad, sa famille et pour combattre la justice bourgeoise et raciste !
Source : JAC