J’ai rencontré une amie qui m’a demandé : « c’est quoi ce bazar avec tous ces sigles ? PTB, GO, LCR, je n’y comprends rien, vous devriez être plus clairs ». Ben, oui, c’est vrai, pour le commun des mortels en âge de voter, c’est pas toujours évident de comprendre qui est qui et qui veut quoi. C’est comme choisir un produit lessiviel : on a intérêt à d’abord acheter une loupe pour lire l’étiquette, pour savoir ce qu’on achète à ce prix-là. Je me suis dit que j’allais éclairer sa lanterne.
PTB-Gauche d’Ouverture (GO)
On reproche souvent à « la petite gauche » de toujours se présenter divisée. Et on l’accuse aussi de diviser « la gauche ». Il faut donc partir de ces deux affirmations pour mieux comprendre la démarche qui se trouve derrière PTB-GO !
Il y a d’abord un parti qui a su, au gré du temps, faire admettre son sigle, le Parti du Travail de Belgique. Jusque dans les dernières années, aux élections comme dans beaucoup de combats le PTB restait à l’écart des démarches unitaires, se construisant tout seul. Certaines autres organisations de la gauche radicale ne manquaient pas de pointer ce « sectarisme », même si parfois elles s’en réjouissaient secrètement, car elles semblaient ainsi détenir seules le brevet de l’unité. Et puis le PTB a décidé de gommer cette image rébarbative. Avec les « nez rouges » et les « frites belges », sans compter la récupération de l’icône du Che, le PTB passait de l’agit-prop à la com. Et ce furent les premiers résultats électoraux et un afflux de nouveaux membres, dont certains étaient loin d’être maoïstes ou staliniens. Il n’est pas certain que le PTB s’est débarrassé totalement de ses repères staliniens. Ses cadres d’aujourd’hui disent plutôt « on a tourné la page ». Mais le livre de messe reste sur le lutrin. Pourtant l’évolution est nette et personne ne peut nier que cette organisation est la principale composante de la gauche radicale belge, et de loin.
Quelques mois avant la percée significative du PTB aux élections communales, il y a eu un autre fait marquant sur la scène politico-sociale belge : dans son discours de 1er mai, la FGTB de Charleroi, la deuxième régionale en Wallonie en termes d’affiliés, disait tout le mal qu’elle pensait des « renoncements » et de la mollesse du PS et d’Ecolo, accusés de se plier aux recettes capitalistes. La FGTB appelait de ses vœux la constitution d’une « nouvelle force politique anticapitaliste à gauche » de ces partis. De nombreux militants syndicaux attendaient ce signal, même si l’appareil, de manière générale, s’empressa de mettre le couvercle sur la marmite.
Mais du côté des organisations politiques, il n’était plus possible de rester dans le train-train habituel. D’autant que la FGTB carolo, sitôt l’onde des élections communales passée, se rappela à elles, leur rappelant le contenu de l’appel du 1er mai. Et en 2013, tout cela commença à se décanter.
Il y eu de nombreux débats, dans les syndicats et entre les composantes de la gauche de gauche.
C’est ce cheminement qui est à l’origine de la présentation de listes unitaires autour du PTB, soutenues par des personnalités de différents horizons ainsi que par le Parti Communiste et la Ligue Communiste Révolutionnaire. Chacune des organisations garde son autonomie et ses priorités politiques, garantissant ainsi que l’unité se fait dans la diversité. Cette une première étape dans la recomposition politique à gauche. Un changement historique, que toutes les composantes se sont mises d’accord de symboliser par le GO!, Gauche d’Ouverture.
Dès l’annonce de cet accord, au cours d’une conférence de presse le 27 janvier, les intentions de vote ont fait des bonds dans les sondages. Et dans le mouvement syndical, cette tendance s’est traduite dans les débats accrus et dans l’émergence de dizaines de candidatures sur les listes unitaires.
Ce qui ne trompe pas c’est l’attitude du PS et de ses relais dans l’appareil syndical qui ont été obligés de « gauchir » le ton et d’accuser PTB-GO! d’affaiblir « la gauche »… du gouvernement de droite.
Pour notre part, nous ferons tout pour que cette dynamique se poursuive bien au-delà du 25 mai.
–fRED