5 janvier 2016 au soir
La grève des cheminots démarre à Moulinsart (1)
Mardi 5 janvier à 21 heures. Une centaine de personnes sont réunies dans le grand hall de la gare de Moulinsart (1) pour applaudir une fanfare venue, à l’initiative de Tout Autre Chose, soutenir la lutte des cheminots CGSP et CSC. L’ambiance est chaleureuse. Si la musique adoucit les mœurs, espérons qu’elle touche aussi le cœur des huissiers qui viendront sans doute remettre des astreintes aux grévistes sur base d’une ordonnance en référé prise par un tribunal de Première Instance, en toute illégalité puisque les tribunaux civils ne sont pas compétents pour intervenir dans les conflits sociaux.
Cabine de signalisation
Mais comme les bonnes choses, tout a une fin. 21h45, départ en direction de la cabine de signalisation de Moulinsart Midi située à quelques centaines de mètres de là. Casaques rouges et casaques vertes mêlées, une centaine de militantes et de militants CGSP-Cheminot et CSC-Transcom sont déjà sur place. Des responsables syndicaux du privé sont là aussi pour marquer leur solidarité ainsi que des déléguées (beaucoup de femmes) de la CGSP ALR. Chouette ! Un groupe de cheminots de la région parisienne est venu témoigner de sa solidarité: des militant/es de la CGT Cheminot, de SUD-Rail parmi lesquels des camarades du NPA.
Deux jaunes essaient de forcer le piquet. Ils sont gentiment écartés. Ils font mine de faire appel à la police ! En vain. Ils n’ont pas l’air de savoir que la police n’a pas à obéir aux injonctions des jaunes, ni d’ailleurs des huissiers.
A l’intérieur de la cabine, une poignée de signaleurs prêts à tout pour se faire bien voir de leur chef, ont pris leur service plus tôt. Ou plutôt sont venus faire le jaune à la demande de leur chef qui a même affrété des taxis pour les acheminer, On ne regarde pas à la dépense quand il s’agit de casser une grève ! Les responsables ont pris des risques énormes en faisant travailler, de nuit, des signaleurs en sous-effectifs. Bon. Puisque c’est comme ça, il faudra d’autres moyens pour arrêter les trains.
Sur les quais
Il est passé 22 heures et un groupe de grévistes se rend sur les quais pour convaincre les cheminots qui n’ont pas encore interrompu leur service de rejoindre le mouvement de grève. Il y a des trains à quai avec des conducteurs, des accompagnateurs et quelques passagers imprudents qui ont choisi de prendre le train pour rentrer chez eux. A leurs risques et périls. Les discussions sur les quais sont brèves mais ardues. Pas facile de convaincre un accompagnateur qui a déjà pris son service de l’interrompre. Tout se déroule cependant sans incidents.
A l’atelier TGV
Un peu avant minuit, nous passons au piquet de l’atelier TGV saluer les camarades. Chaude ambiance au tour d’un brasero. Beaucoup d’ouvriers, notamment ceux qui ont mené la grève chez le sous-traitant BMS en 2014. Un travailleur a installé une sono tandis que les discussions vont bon train autour du barbecue. Le lendemain, les médias annonceront que la circulation des trains a été interrompue par un barrage sur les voies à la hauteur de Forest. Mais faut-il croire les médias lors des grèves ?
On rentre vers 1 heure du matin car demain c’est rebelote au piquet. Dans la voiture, on entend à la radio que selon le quotidien flamand De Morgen, la grève serait un échec. Ils sont fort ceux-là ! Si on tient compte du temps nécessaire pour imprimer le journal, ils sont capables de faire le bilan d’une grève avant qu’elle n’ait commencé !
(1) Par souci d’échapper à la vindicte des huissiers, nous avons remplacé la gare de Bruxelles-Midi par celle de Moulinsart.
(1) Par souci d’échapper à la vindicte des huissiers, nous avons remplacé la gare de Bruxelles-Midi par celle de Moulinsart.