La crise de la dette qui a éclaté en 2010 a constitué le meilleur prétexte pour la suppression des acquis sociaux des travailleurs et du peuple grec et pour la transformation du pays en une néocolonie soumise aux intérêts des créanciers.
L’explosion du chômage à plus de 27%, la baisse des salaires et des pensions (de 40% en moyenne), l’augmentation des cas de suicide (plus de 6 000 enregistrés) et la migration massive des jeunes confirment le désastre social. Le gouvernement et les créanciers forcent les 99% de la population à payer cette crise. La responsabilité revient entièrement aux gouvernements grecs successifs et aux créanciers internationaux (tant du secteur financier privé : banques et fonds d’investissement, que des institutions internationales :FMI, UE et BCE) qui ont profité de la crise financière pour assurer leurs propres profits tout en provoquant une augmentation de la dette publique (175 % du PIB en 2014) et du déficit budgétaire grecs (12,7% du PIB).
Les discussions engagées le 5 mai 2014 au sein de la zone euro n’augurent rien de positif. Elles sont menées par les mêmes acteurs dont les manipulations récentes (le plan de restructuration de la dette par la participation du secteur privé en février 2012, et le rachat de la dette en novembre 2012) ont conduit à l’aggravation de la crise. Leurs intérêts sont diamétralement opposés à ceux de la société grecque.
La seule solution est la création d’un comité d’audit indépendant, susceptible de conduire à l’annulation de la majeure partie de la dette – à commencer par la dette contractée avec la Troïka qui représente à l’heure actuelle plus des deux tiers de la dette totale –, œuvrant au service d’un État souverain et hors du cadre imposé par les créanciers, et prenant appui sur toutes les expériences internationales similaires d’annulation des dettes (Équateur, Russie, Islande, etc.).
L’annulation de la majeure partie de la dette publique relève d’une impérative nécessité pour assurer l’amélioration des conditions des travailleurs et de l’ensemble de la société au moyen d’une politique sociale (favorisant l’éducation, la santé, la culture, etc.) et d’une augmentation des salaires et des pensions. Elle peut être fondée sur les clauses du droit international relatives à la dette odieuse, à l’état de nécessité, à la crise humanitaire, etc. Ce qui est nécessaire, c’est de la volonté politique.
L’Initiative pour un Comité d’Audit indépendant multipliera ses actions pour mettre un terme à toute démarche des créanciers ayant pour but de léguer le fardeau de la dette aux générations futures (p.ex., par l’allongement de la durée de remboursement), et pour que la question de l’annulation de la dette devienne une affaire du peuple grec.
Résolution adoptée à Athènes, le 7 mai 2014
Traduit par Panos Angelopoulos
Source : CADTM