Jeudi matin, partir de 06h00, un piquet de grève s’est tenu aux portes de l’entreprise chimique Lanxess Rubber. Lanxess Rubber compte 425 employés et est l’une des deux sociétés du groupe chimique allemand dans notre pays .Quelques membres du SAP ont rendu visite au piquet.
Une semaine plus tôt, tant la FGTB que la CSC avaient déposé un préavis de grève qui devait expirer le jeudi 6 Mars. La direction n’avait cependant pas attendu jusque là, mais avait déjà fermé l’accès à l’entreprise à partir de mercredi soir. Pris au sens strict, ceci n’était donc pas un piquet de grève, puisque qu’en pratique la direction avait organisé un lock-out.
Au cours des jours précédents, les grévistes n’avaient pas attendu l’expiration du préavis de grève, mais avaient mis des installations à l’arrêt suivant un plan préétabli . Selon le directeur Philippe Van Wassenhove « tout est très sûr » et l’usine a été abandonnée en toute sécurité par la direction, mais suivant les travailleurs des piquets de grève, ce n’est pas du tout le cas!
Précédemment, une proposition de réconciliation avait été rejetée à une forte majorité des travailleurs, et ceci malgré une tentative ratée de tromperie par le syndicat libéral CGSLB. Il n’y avait donc, pour des raisons compréhensibles, plus trace d’eux à la porte,. La convention collective pour les employés a bien été approuvée.
Ce qui a mené à ce conflit était d’une part les négociations bloquées pour la convention collective mais aussi d’autre part une profonde méfiance des travailleurs envers la direction. Des travailleurs nous ont raconté au piquet que le conflit ne tourne pas seulement autour de la convention collective mais vient aussi du fait que la direction n’écoute pas les aspirations des gens. Le personnel a des demandes concernant les horaires variables et les accords et usages autour de la procédure des congés et il souhaite voir figurer aussi ces points dans la convention collective, mais la direction ne veut pas accéder à ces demandes.
La situation se trouvait dès lors dans une impasse totale.
Ceci est le ixième conflit qui découle de l’échec des négociations collectives dans le secteur de la chimie. Et ce n’est pas un hasard.
La négociation de la convention collective 2013-2014 s’est faite dans un contexte terriblement difficile. A cause de l’attitude arrogante des patrons qui se sentaient renforcés par l’attitude du gouvernement, le combat autour d’un Accord Interprofessionnel a tourné à rien. Le gouvernement Di Rupo a dès lors imposé unilatéralement une norme zéro pour les discussions sectorielles.
Les prises de position d’Essenscia, l’organisation patronale de la chimie, ont fait en sorte qu’il n’y ait pas de convention collective possible au niveau du secteur. Ainsi, par exemple, le salaire minimum est resté gelé à un niveau ridiculement bas (environ € 10,5). Et ceci à un moment où il n’était pas question de crise dans la plupart des entreprises du secteur et où les cadres étaient été royalement servis.
Mais en plus, dans toutes les entreprises , les prépensions ont été bloquées pour tous les travailleurs d’équipes. C’est seulement, à l’automne de 2013 qu’un mini-petit accord a été conclu à ce sujet. De ce fait,. des centaines de travailleurs ont été contraints d’attendre pendant plusieurs mois leur préretraite bien méritée. Nous parlons ici de travailleurs et de travailleuses qui ont travaillé plus de 20 ans dans le système des pauses.
Ce fait est par exemple aussi une des causes du conflit chez AGFA-Gevaert
Après l’échec des discussions sectorielles, des négociations ont démarré dans diverses entreprises. Avec un retard de plus de 6 mois… Dépendant des relations sur le terrain, celles-ci ont été réglées avec un succès variable.
Mais à la fin de décembre 2013, il y avait encore nombreuses entreprises sans accord, un an après l’expiration de l’accord précédent. Il est évident que cette situation est loin d’être idéale.
Dans la plupart des entreprises, les accords sont conclus pour une période de 2 ans. Ceci signifie que le prochain cycle de négociations va commencer au début de 2015.
Si nous voulons éviter que celles-ci se déroulent de la même manière, il sera nécessaire d’avoir dès l’automne une mobilisation continue pour l’Accord interprofessionnel suivant et pour la conclusion d’un accord sectoriel avec du contenu.
Les travailleurs de Lanxess Rubbert font en tout cas savoir qu’ils poursuivent leur action jusqu’à ce que la direction vienne avec de meilleures propositions.
Traduction Michèle Marteaux