Je suis végétarien à temps partiel. J’ai diminué ma consommation de viande car on en mange beaucoup plus que nécessaire, et j’ai augmenté ma consommation de légumes et de fruits parce qu’un régime à base de fibres est bon pour les intestins et spécialement pour endiguer le diabète : les fibres donnent plus de temps au sang pour absorber le sucre.
Je n’ai rien contre les végétariens à plein temps qui font ce choix pour des raisons esthétiques, c’est-à-dire parce ils n’aiment pas le goût de la viande. Moi j’aime bien les steaks et le mouton, mais je n’aime pas le foie, même pas celui du veau. Chacun son choix et les vaches seront bien gardées.
Mais un nombre de végétariens ou de légumistes selon l’appellation de Jules Verne, ont fait leur choix pour des raisons différentes : ils invoquent des raisons morales (qui sont parfois des rationalisations du fait qu’ils ont la viande en horreur mais ne veulent pas l’avouer). Il est vrai que la consommation exagérée de la bidoche est néfaste écologiquement et économiquement. Il est vrai que l’abattage se fait parfois dans des conditions cruelles.
L’homme est un animal omnivore comme le prouve sa denture et la consommation de viande l’a aidé à survivre au début de son apparition en tant qu’espèce dans un monde hostile. On peut objecter qu’aujourd’hui cela n’est plus le cas et que dans des sociétés moins développées que la nôtre, la majorité des gens survivent avec un régime végétarien. Mais il y a toujours cette liberté individuelle et qui (désigné par qui et comment ?) va interdire la consommation de viande ?
Chez certains végétariens leur choix culturel prend des allures religieuses ou relève d’une idéologie qui ne peut être expliquée que par la psychanalyse. Le végétarisme religieux est très ancien. Pour les Hindous il permet la réincarnation, le Bouddha l’invoque par pitié pour les animaux, la Bible nous enseigne que la consommation de viande ne fut permise qu’après le Déluge, les Pythagoriciens parce que l’homme et les animaux partagent la même âme, le philosophe Schopenhauer le trouvait éthiquement souhaitable mais reconnaissait que « les gens du Nord ne peuvent pas survivre sans viande ». Cette conception religieuse prend parfois des allures sectaires. Comme dans toutes les religions on considère du haut de son autojustification les mécréants comme de mauvais sujets.
Dans les années 1970 le végétarisme connut un renouveau en invoquant trois arguments : la santé, l’écologie et la morale. Si les deux premiers sont raisonnables, le troisième est sujet à caution. Il peut être basé sur le fait que quand on tue un animal pour la consommation on viole ses droits ou qu’en élevant des animaux pour une consommation future nous leur causons de la peine. Je reviendrai une autre fois sur la question du « droits des animaux ». Certains végétariens mangent du poisson, qu’ils ne considèrent pas comme de la viande, ce qui scientifiquement est inexact. Et je me demande pourquoi ils considèrent que donner la mort à un poison diffère de la mort d’un animal terrestre. Parce que la conscience (le système nerveux) d’un poisson est inférieure à celui d’un mammifère ? Il faut dans ce cas conclure qu’on se rend coupable de « spécisme », d’une forme de différentialisme : considérer le mammifère plus noble que le poisson, ce qui est rejeté par la secte antispéciste.
L’explication psychanalytique quant à elle relève d’un raisonnement associatif subconscient: viande – sang – agression – machisme – oppression – guerre – terrorisme. Ici je m’abstiens de tout commentaire sauf en vous rappelant qu’Adolf Hitler était un végétarien.
Le végétalisme (vegan en anglais) est d’une nature différente du végétarisme. Tout produit animal, des œufs jusqu’aux poils est tabou. Donc pas de souliers en cuir, pas de pulls en laine, etc. C’est un tabou pire que celui de l’inceste. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut briser ce dernier tabou. J’attends avec intérêt vos commentaires.
(La semaine prochaine : Les droits des animaux)
image: Lisa Simpson par Matt Groening