Suite à la manifestation du 24 mai 2016
Il y a régulièrement des gens au syndicat qui se demandent pourquoi si peu de femmes participent aux manifestations.
Je soutiens le syndicat. Tout comme la plupart des féministes. Maiiis… nous attendons alors un minimum d’effort de ces syndicats : lorsque trop d’hommes se comportent en sexiste de bas étage, il est temps d’agir. Un minimum de formation et de manière de traiter de tels problèmes est nécessaire d’urgence. Il se passe déjà quelque chose ? Eh bien, ce n’est clairement pas efficace.
Nous n’avons pas envie de types qui viennent rire de nous, qui jettent des pétards entre nos jambes, qui font mine de se masturber, etc. C’est juste incroyable que nous devions encore dire ça et incroyable que ça se produise. Ce 24 mai n’était pas la première fois, lors des manifestations syndicales précédentes c’était la même chose.
Les femmes ne sont pas l’ennemi. Ça devrait être évident en fait. Le slogan n’est pas
« Travailleurs de tous les pays unissez-vous et comportez-vous de manière infantile vis-à-vis des femmes », ok ?
D’où vient le problème ?
Ce que nous voyons ici est l’effet assez simple de syndicats qui ont trop longtemps ignoré le sexisme. Les gens de gauche ne se sentent pas automatiquement à l’aise sur le plan du sexisme, un effort doit se faire aussi dans ce domaine.
Ensuite, la question se pose de savoir ce qui anime ces hommes. On dirait presque qu’ils se comportent en adolescents pubères irritants. Mais les manifestations, au-delà de l’atmosphère parfois joyeuse, sont une chose sérieuse. Nous venons en rue pour nous opposer à la politique néolibérale qui nous démolit tous. Et vraiment, allons-nous nous comporter de façon ridicule dans un tel moment ? Ça nous divise, oui. Le féminisme pourrait nous unir, le sexisme nous divise.
L’ambiance en devient complètement pourrie. Le message est clair : « cet espace, l’espace
public, il est « à nous ». Aux hommes, donc. Et ils doivent encore le faire remarquer. Les féministes dénoncent tout ça depuis longtemps déjà. Nous parlons souvent, dans la gauche, de reprendre les rues. Et à juste titre, elles sont à nous, la classe des travailleurs. Mais les femmes comme groupe spécifique sont aussi repoussées dans les espaces publics, ou remises à leur place. De là aussi le catcalling : non, personne ne croit que crier « hé, nichons ! » t’apportera du succès. Ces phénomènes ne se produisent que dans le but de bien montrer que cet espace appartient aux hommes.
Si ce genre de comportement continue à se produire, de plus en plus de femmes resteront à la maison – c’est simplement logique.
Les syndicats font du bon travail et nous en avons besoin plus que jamais. Mais il est aussi absolument nécessaire qu’ils soient inclusifs. Qu’ils travaillent aussi pour que ce pays et ces rues soient à nous tou.TE.s, et pas seulement aux hommes.
Conclusion
Tous ensemble, ça veut dire : tou.TE.s ensemble. Pas un petit club macho qui exclut les femmes et se plaint ensuite en disant que les femmes ne soutiennent pas la résistance sociale. Il est temps de montrer un peu plus de solidarité dans ces manifestations et d’attaquer le sexisme.
Des hommes peuvent aussi s’exprimer contre ce comportement irritant et infantile et aider ainsi à rendre les manifestations et syndicats plus inclusifs en pratique.
Les rues sont à nous. A nous tou.TE.s.
(traduction Michèle Marteaux)