Depuis les assassinats des 7, 8 et 9 janvier, les « théories du complot » ont à nouveau largement circulé sur le Net. Dans cet entretien, Gilles Alfonsi raconte le retournement du Réseau Voltaire, dont il fut un des administrateurs, et en tire quelques pistes face aux théories complotistes.
Quand et comment as-tu connu le Réseau Voltaire et Thierry Meyssan ?
Le Réseau Voltaire n’a pas toujours été une officine proche des antisémites et de l’extrême droite ! Il a été officiellement créé début 1994 dans le but de constituer « une cellule d’information au service des organisations laïques ». Ses statuts initiaux de janvier 1994 faisaient référence à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et à la défense de la laïcité. Il comptait alors parmi ses administrateurs des membres des Verts, du PCF et du PRG, Philippe Val (au titre de Charlie Hebdo), des militants d’associations de lutte contre le sida, des éditeurs, des syndicalistes… L’idée était de constituer une sorte d’agence de presse alternative dédiée à la lutte pour la liberté d’expression, à la défense des libertés individuelles et à la lutte contre l’extrême-droite.
Le Réseau Voltaire était en réalité une toute petite structure. Son activité était centrée sur la publication d’une Note d’information, qui collationnait et croisait les informations disponibles dans de nombreuses publications papiers. La Note était adressée par courrier à quelques centaines d’abonnés. Dès le début, le Réseau Voltaire, c’était surtout l’entregent de Thierry Meyssan, qui en était le personnage charismatique. Il avait une bonne culture générale, des convictions affirmées sur la République et la laïcité, une conception libérale sur les questions sociétales – mais, déjà, un silence assourdissant, à mes yeux, sur la question sociale.
Thierry Meyssan avait auparavant fondé, en 1989, le Projet Ornicar, qui se définissait comme une « association humanitaire » consacrée aux « droits de l’homme et à l’abolition des discriminations sexuelles ». La publication de cette association a accueilli des contributions de toutes sensibilités politiques (surtout de gauche, mais aussi de droite), hors extrême-droite. Elle avait notamment publié un dossier spécial concernant « l’infiltration néofasciste et néonazie dans la communauté gaie ». Thierry Meyssan a aussi écrit dans un journal gay, Exit le journal, et a été le rédacteur en chef de l’éphémère mensuel Maintenant, en 1994. Ce journal vendu en kiosque a joué un rôle important pour révéler au grand public les réalités du génocide contre les Tutsi au Rwanda.
De mon côté, c’est à partir de mon engagement associatif dans la lutte contre le sida que j’ai participé au Réseau Voltaire. J’ai contribué à son installation dans des locaux à Saint-Denis. J’ai assuré en 1997 le tirage d’un dossier consacré au Département Protection Sécurité du Front national – le service d’ordre occulte de l’organisation lepéniste -, dossier qui fit référence pour obtenir la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. J’ai publié la même année, dans la revue Combat face au sida que j’animais un dossier sur les « connexions dangereuses » entre une association de lutte contre le sida et une revue pédophile intitulée Gaie France animée par des néo-nazis. À cette époque, Thierry Meyssan était devenu l’un des animateurs du Comité national de vigilance contre l’extrême-droite, qui réunissait à peu près toutes les « sensibilités républicaines ». Sa réputation était aussi liée au fait qu’il a longtemps fait partie du secrétariat national du Parti radical de gauche et qu’il était franc-maçon, membre du Grand Orient de France. Outre son travail documentaire, le Réseau Voltaire était approvisionné en informations par ses enquêtes propres et par des contacts – dont le président avait le monopole – au sein des ministères et des services de renseignement. De fait, le Réseau Voltaire a été une passerelle intéressante entre des militants et des combats très variés. Il ne s’agit pas de mépriser aujourd’hui cette expérience militante en projetant sur le passé ce que le Réseau est devenu aujourd’hui.
Que s’est-il passé au sein du Réseau Voltaire après les attentats du 11 septembre 2001 ?
Thierry Meyssan a affirmé très tôt sa conviction que les attentats du 11 septembre ne s’étaient pas passés comme annoncé, qu’il ne s’agissait pas d’une campagne de terreur islamiste mais qu’était responsable, directement ou indirectement, une partie du complexe militaro-industriel américain. Si son livreL’effroyable imposture est sorti en mars 2002, les notes du Réseau Voltaire parues juste après l’événement disaient la même chose. Celle du 16 octobre 2001 affirmait « matériellement impossible qu’un Boeing 757-200 ait pu percuter la façade du Pentagone ». Celle du 5 novembre 2011 posait « l’hypothèse d’une responsabilité des Forces spéciales clandestines » américaines. L’aplomb des affirmations et l’apparent bon sens des « démonstrations » de l’auteur semblaient pertinents, et il faisait pièce au discours guerrier de George Bush, qui annonçait l’intervention en Irak de 2003. J’ai donc fait partie des millions de Français qui ont douté de la thèse officielle, notamment du fait qu’un avion s’était écrasé sur le Pentagone.
En ce qui concerne la vie du Réseau Voltaire, la dérive s’est accélérée. Thierry Meyssan réalise plusieurs voyages, par exemple en Iran et au Maroc, en juin 2002, au moment où paraissait son nouveau livre Le Pentagate. Il me semble que c’est à ce moment là qu’il a commencé son grand retournement.
Avec mes camarades militants, nous avons mis beaucoup de temps à prendre pleinement conscience de ce qui se jouait. Sans donner de leçons, mais avec le souci d’alerter le lecteur sur ce qui nous pousse, chacun, à croire parfois à des sornettes ou à s’en remettre à des « théories du complot », cela me semble devoir tenir lieu d’avertissement. Ces types de raisonnement fonctionnent comme des pièges sectaires et, avec le recul, j’insisterai sur cette idée : il ne faut pas confondre l’interrogation légitime de tous les faits sociaux ou politiques, y compris la contestation d’affirmations officielles présentées comme des vérités absolues, et l’abandon de tout esprit critique au profit de n’importe quelles hypothèses manipulatoires. Il faut toujours se demander qui parle et pour quelles causes. Ainsi, comment croire que quelqu’un qui indique lui-même travailler pour des radios et des télévisions iraniennes, qui s’exprime régulièrement sur les chaînes de télé des régimes parmi les plus hostiles à la liberté d’expression ou aux droits de l’homme – Syrie (où Thierry Meyssan est « exilé »), Qatar, Émirats arabes unis, Kazakhstan, Russie… – pourrait être un militant de la liberté ?
Quelle a été la suite des évènements ?
Il faut d’abord indiquer – ce n’est pas anodin – que la vie démocratique du Réseau Voltaire était purement formelle. Au départ, cela s’expliquait (plus ou moins…) par la nature de ses activités : un petit groupe tenant une agence de presse alternative, et non une organisation de militants. L’essentiel des activités était d’ailleurs assuré par les proches du président. Les réunions du conseil d’administration étaient rares, mais l’une d’entre elles a été particulièrement décisive à mes yeux. Le premier révélateur a été un « lapsus » d’un membre du conseil d’administration, qui attribuait la « campagne contre Thierry Meyssan » à un « lobby juif ». Alors que nous lui demandions de condamner ces propos sur le champ, Thierry Meyssan a évoqué une maladresse d’expression, ce qui ne tient pas : l’utilisation de l’expression « lobby juif » n’est jamais anodine.
Le 16 décembre 2004, le second gros conflit a porté sur la proposition portée par Thierry Meyssan que le Réseau Voltaire reçoive bientôt des financements d’États étrangers, ce qui nous expliqua-t-il, nécessitait de se doter « d’une ou des sociétés commerciales aptes à réaliser les investissements nécessaires ». Sur ces deux sujets, avec l’éditeur Michel Sitbon, nous avons réagi immédiatement de manière très ferme, puis par écrit. En fait, sous l’influence notamment de militants rouges-bruns, était en marche l’idée d’une alliance du Réseau Voltaire avec les forces opposées à l’impérialisme américain quelles qu’elles soient. Les dés étaient jetés, et le dernier coup en fut une Assemblée générale destinée à réorienter les activités du Réseau Voltaire. Le jour J, le 26 février 2005, j’ai fait une déclaration au nom du PCF, que je représentais au sein du conseil d’administration depuis trois ans, pour mettre en cause la totalité de la nouvelle stratégie de l’association1. Entre temps, Thierry Meyssan avait préparé la relève, faisant entrer2 au conseil d’administration Claude Karnoouh, un ancien chercheur au CNRS qui s’était fait connaitre en juin 1981 en déclarant en marge du procès de Robert Faurisson : « Je crois qu’effectivement les chambres à gaz n’ont pas existé ; un certain nombre de vérités de l’histoire officielle ont fini par être révisées ». Lors de cette AG, un film fut projeté, où Dieudonné expliquait que « critiquer Israël est pire que violer une petite fille ». Sordide.
Comment expliques-tu le retournement du Réseau Voltaire ?
Il y avait eu dans les années qui ont précédé les attentats une évolution idéologique du Réseau : une place de plus en plus grande accordée aux questions internationales au détriment des questions nationales sur lesquelles il s’était épuisé, une relativisation de la question de la laïcité au profit d’un discours de plus en plus centré sur l’anti-impérialisme (qui préparait la justification des alliances y compris avec des religieux radicaux), une vision des Américains confinant à la paranoïa, comme s’il n’y avait pas suffisamment de bonnes raisons de critiquer l’impérialisme américain. Cependant, des campagnes ont pu masquer cette évolution à nos yeux mêmes, telles la mobilisation que j’ai animée en 2000 contre « le fichage des séropositifs » qu’annonçait la mise en place d’un nouveau dispositif de surveillance épidémiologique (campagne victorieuse qui permet de bénéficier, encore aujourd’hui, d’un système respectant l’anonymat des personnes dépistées séropositives).
Au-delà de ces aspects idéologiques, il y a eu surtout, me semble-t-il, un élément important de conjoncture. Alors que, très vite, les États-Unis se sont engagés dans la « guerre des civilisations », mobilisant bientôt leurs énormes moyens militaires en Irak, être dépositaire d’une version des évènements du 11 septembre susceptible peut-être de changer du tout au tout le cours de l’histoire était pour le futur président directeur général du Réseau Voltaire l’affaire de sa vie. Pour un intriguant de haut vol, qui avait échoué jusque-là à jouer le rôle politique auquel il aspirait depuis longtemps, ce fut peut-être un point de bascule. Le terreau d’une certaine vision du monde était là, mais c’est dans les mois qui ont suivi la parution de L’effroyable imposture que le Réseau Voltaire « nouvelle formule » a trouvé comme alliés des régimes autoritaires, des anti-Américains haineux, des rouges-bruns inquiétants (capables de signer des menaces de mort), des antisémites. Ce qui n’a pas changé, c’est qu’il a toujours voulu être un porteur de vérité, et si possible LE porteur de LA vérité, cela dit sans vouloir faire de la psychologie à deux sous. Il a d’un seul coup été propulsé comme « personnalité mondiale », disposant de moyens considérables pour présenter ses vues. Ce qui, par contre, a changé, c’est qu’il a rompu à la fois avec ses convictions initiales profondes. Et qu’il est devenu à la fois un petit menteur et un grand imposteur sans scrupule.
Peux-tu démontrer cela ?
Oui, au travers d’un exemple, un « petit » mensonge. Chacun peut le trouver encore à ce jour [le 30 janvier 2015] dans la page de wikipedia consacrée à Thierry Meyssan. Celui-ci présente ainsi les débats au sein du Réseau : « J’ai eu la surprise de constater que certains de nos administrateurs, sincèrement engagés dans la lutte contre le racisme, défendaient des principes opposés lorsqu’il s’agissait du Proche-Orient. Là-bas, ils se satisfaisaient très bien de l’apartheid israélien. Notre conseil d’administration est devenu un champ de bataille. En définitive, les administrateurs sionistes ont été mis en minorité. Ils ont démissionné, les uns après les autres, non sans insulter avec un acharnement particulier un de nos administrateurs qui est juif antisioniste. » Eh bien, Thierry Meyssan sait parfaitement que les trois administrateurs qu’il met ainsi en cause ne sont pas des pro-sionistes mais au contraire des militants engagés aux côtés du peuple palestinien. Il ment donc effrontément, et ce faisant il sort complètement du registre du désaccord ou même de la vaine polémique, pour entrer dans celui de la manipulation. En nous faisant passer pour des sionistes et en présentant l’un de ses proches comme un « juif antisioniste » (comme Jean-Marie Le Pen montrait son Noir il y a quelques années pour montrer qu’il n’était pas raciste…), son but est de faire croire qu’il serait seulement antisioniste alors qu’il est aussi un allié des pires antisémites. Je prends cet exemple non parce qu’il montre une amitié honteusement trahie mais parce que ce « tout petit » arrangement de la réalité montre que, pour lui, la fin justifie désormais n’importe quels moyens. Notons au passage qu’en définitive il sert aussi, en miroir, les intérêts de ceux qui assimilent critique de la politique de l’État israélien et antisémitisme. C’est une faillite morale incommensurable.
Bien sûr, d’autres aspects devraient être mis sur la table, par exemple : comment le Réseau Voltaire finance-t-il ses activités ? Quels sont les États qui le soutiennent, financent ses déplacements, ce site internet et ses traductions ? Quelles sont ses activités lucratives, portées par quelles structures ?
Comment fonctionnent les « théories« du complot ?
Dans le cas du Réseau Voltaire comme dans le cas d’Alain Soral, c’est un bricolage rhétorique plus ou moins habile qui combine : une vraie intelligence des enjeux politiques, des éléments de « bon sens populaire » (par opportunisme, car il faut plaire à presque tous), des « hypothèses » présentées avec l’assurance qui sied aux démonstrations les plus scientifiques, mais aussi des tartes à la crème formulées avec toute l’austérité nécessaire pour être considérées comme d’audacieuses pensées (cf. l’encadré p. 3). Ainsi, il ne faut pas prendre ces démonstrations comme de simples imbécillités destinées à des gogos.
Cela me conduit à une remarque concernant l’analyse des faits de société. Quant on voit le clip réalisé par le gouvernement pour, dit-il, décourager les candidats séduits par le Djihad, entièrement assimilé à la « guerre sainte » alors que le Djihad a plusieurs définitions3 (dont beaucoup ne sont pas guerrières !), on se dit qu’il ne comprend pas que les discours extrémistes et les « théories du complot » sont parfois intelligentes, ou alors qu’il préfère faire semblant d’agir aux yeux du plus grand nombre plutôt qu’agir en profondeur. Sans parler du doute que l’on peut avoir sur l’utilisation d’images violentes pour… combattre la violence.
Si l’on veut aller plus loin dans la déconstruction des « théories du complot » , il faut considérer le fait qu’au total, ces manières de penser et de dire, y compris quand elles passent par de « l’humour », expriment une vision du monde et des rapports sociaux. L’une des raisons pour lesquelles ces récits marchent, même lorsque ce sont des histoires à dormir debout, c’est précisément qu’ils constituent des récits, ou si l’on veut des contes. Ils répondent à une demande de paroles et d’aventures dégagées des formes dominantes de médiatisation (pauvres, infantilisantes, manipulatrices), et cela en contrepoint à la crise des institutions et de la politique telle qu’elle est pratiquée généralement. Ainsi, le Réseau Voltaire et ses amis antisémites s’attachent à faire semblant de proposer à l’internaute de se rendre compte par lui-même, voire d’enquêter. Notons au passage que si on met de côté les mini-théories du complot – celles qui circulent spontanément sur le net de la part d’on ne sait qui, mais qui buzzent -, les Meyssan, Dieudonné ou Soral ne sont pas des nouveaux-nés de la politique mais des vieux routards de la parole. Ils ne sont pas des marginaux de toute éternité, mais au contraire, ils sont issus du sérail républicain, qu’ils haïssent faute d’y avoir été reconnus. De plus, ces marchants de complots ne sont pas ce qu’ils prétendent être : autonomes et libres. Thierry Meyssan est appointé par de grands médias de régimes liberticides, il est un instrument des États qui le soutiennent.
Ceci dit, les « théories » du complot ont d’énormes faiblesses. Quand on gratte un peu et qu’on va voir derrière telle ou telle affirmation, il y a beaucoup de vide, d’affirmations abracadabrantes, d’hypothèses injustifiées, qui devraient conduire à se demander toujours qui parle et avec quelles intentions. Et si le Net permet de faire circuler tout et n’importe quoi, il a aussi l’immense avantage de permettre à chacun de chercher, de se faire sa propre idée et d’aiguiser son esprit critique. Un autre aspect, c’est que beaucoup de citoyens aspirent à des rapports humains pacifiques, et non à une guerre de tous contre tous. Or, les théoriciens du complot sont des fauteurs de guerre, qui agissent en miroir des discours belliqueux des États, notamment des États-Unis. Un gros problème pour eux est que l’impasse de la guerre entre les cultures ou entre les civilisations est de plus en plus visible, et que nos sociétés expriment un immense besoin d’égalité et de fraternité, contre les politiques des États qui dominent. Et l’on peut ajouter que les « théories du complot » ont en commun leur silence sur la question centrale de l’égalité, pour une raison simple : elles n’ont rien à proposer pour l’avenir en la matière car elles n’existent qu’en désignant des bouc-émissaires, des ennemis. Dans le cas du Réseau Voltaire, on voit à quoi a pu mener l’indifférence originelle de son fondateur à l’égard de l’enjeu de l’égalité. À l’inverse, les partisans de l’émancipation que nous sommes, avec le Front de gauche, avec Ensemble, disposent avec leur exigence d’égalité d’une arme puissante face aux théoriciens du complot.
Enfin, les visions complotistes sont contradictoires avec les aspirations démocratiques. Elles offrent un terrain de jeu qui semble donner de la liberté, alors qu’en réalité elles ne laissent aucune place à une authentique confrontation d’idées, ni à une quelconque délibération collective. Les affrontements actuels entre soraliens et dieudonnistes le révèlent : les partisans des uns et des autres ne sont que des spectateurs, ils n’ont aucune voix au chapitre.
Le renforcement d’une éducation qui permette à chacun de penser par soi-même n’est peut-être pas un vaccin miracle contre la manipulation, mais il est un sérieux atout pour les partisans de l’émancipation. De même, le véritable antidote contre ces gens est l’existence d’une pensée alternative riche et pluraliste, qui ne dépende pas des principaux médias, ainsi que la richesse des expériences militantes, à condition que chacun veille à dépasser les clivages et débattre avec bienveillance. Il faudra désormais que ces questions de lutte pour la transparence et de démasquage des idéologies du complot fassent partie du combat politique.
Faut-il dialoguer avec les complotistes ?
Cela dépend de quels adversaires on parle et dans quelles conditions. Il peut être intéressant de démasquer les impostures, les imposteurs, mais ne pas servir de faire valoir suppose d’être tout à fait explicite à cet égard. Il faut aussi faire le tri entre des adversaires avec lesquels le respect est possible et des ennemis, qui sont dans des logiques de haine.
Entretien réalisé par Cerises.
1. Un récit détaillé a été publié le 31 mars 2005 par le site amnistia.net, animé par Didier Daenincks. Lire ici le texte et ses annexes :http://www.cerisesenligne.fr/article/?id=4789
2. Th. Meyssan prend les internautes pour des poires lorsqu’il indique que Cl. Karnoouh n’a pas été élu administrateur du Réseau Voltaire lors de cette Assemblée générale. Son nom a d’ailleurs figuré de manière éphémère sur le site même de l’association comme administrateur, avant d’en être retiré puis que la « bonne » liste des nouveaux administrateurs soit déposée en préfecture.
3. Sur ce point, lire ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Djihad
Heureusement, le ridicule, lui, ne tue pas
Le 7 janvier, jour même des assassinats à Charlie Hebdo, Thierry Meyssan écrivait sur le site internet du Réseau Voltaire, en direct de Damas (Syrie), que « de nombreux Français réagissent à l’attentat en dénonçant l’islamisme » (sic !) et que « l’interprétation jihadiste est impossible ». Ah bon, et pourquoi ? Des djihadistes « ne se seraient pas contentés de tuer des dessinateurs athées, ils auraient d’abord détruit les archives du journal sous leurs yeux »… « ils n’étaient pas vêtus à la mode des jihadistes, mais comme des commandos militaires ». Sans blague, ce n’était quand même pas un défilé de mode ! Alors, quelle hypothèse ? « il serait plus logique d’envisager qu’il soit le premier épisode d’un processus visant à créer une situation de guerre civile ». Ainsi, « les commanditaires les plus probables sont à Washington » (évidemment !).
Le 12 janvier, le PDG du Réseau Voltaire change de thèse. Il écrit de Hong-Kong (Chine) que le complot vise en fait à « justifier une nouvelle opération militaire en Lybie » et estime que « peu importe qui étaient » les terroristes (ben voyons !). Il prétend qu’on vient de découvrir que « les dirigeants de droite et de gauche partageaient les valeurs anti-religieuses, anti-nationales et anti-militaristes du très gauchiste Charlie Hebdo ». On se dit que la pente du discours mène tout droit au FN.
Le 25 janvier, la pente s’accentue dans un nouvel article. Dans la même phrase, Thierry Meyssan trouve « absurde » d’être accusé d’antisémitisme mais valorise la construction du parti Soral – Dieudonné, avec « y compris des personnes ayant milité [sic] à l’extrême-droite ». Il considère que le « Je suis Charlie Coulibaly » de Dieudonné était humoristique. Au total, il se rêve en passerelle entre Soral, Dieudonné et Marine Le Pen… sombre cauchemar !
Source : ENSEMBLE