Plus de 20 000 citoyens ont manifesté à Tanger samedi 24 octobre 2015 : « Amandis Dégage ! »
Le mouvement citoyen contre Amendis :
Toute la semaine, des sit-in se sont tenus devant les divers agences de distribution d’eau et d’électricité de Tanger puis le jeudi a été décidé « Journée zéro dirham pour Amendis » de boycott. Le samedi 17 octobre les associations de quartiers et de consommateurs ont appelé à éteindre les lumières de 20h à 22 h. Le mouvement a été largement suivi dans les commerces, cafés et restaurants qui se sont éclairés à la bougie.
Dans la nuit du samedi 24 octobre 2015, plusieurs manifestations sont parties des quartiers populaires pour converger vers le centre de Tanger au cri de : « Amandis Dégage ! »
Les forces de répression ont été déployées dès 20h pour disperser les manifestants qui se rassemblaient place des Nations, au centre de Tanger.
Contre les matraques et lances –eau et les arrestations, les manifestants ont répondu pacifiquement avec les slogans : « le peuple veut la chute d’Amandis », « Amandis, dégage», tandis que les manifestants continuaient d’affluer par milliers des quartiers populaires périphériques : Bni Makada, Drissia, Moghogha…
Face à la force du mouvement et à la colère des manifestants venus des quartiers populaires périphériques pour rejoindre le centre de Tanger, les forces de répression ont dû se retirer pour éviter les affrontements et débordements.
A partir de 22h, plus de 20000 manifestants venus des quartiers populaires périphériques se dirigeaient vers le centre de Tanger aux cris « dégage Amendis »
Témoignage de M. consommateur-militant sur les lieux: « Tou-es uni-es unie autour d’une revendication sociale…pour l’instant. »
« Les factures d’eau et d’électricité de juillet à de septembre ont fortement augmenté
Depuis 3 semaines les habitants de Tanger manifestent devant les agences d’Amendis des quartiers populaires.
Le mouvement s’organise et les informations sont relayées à travers les réseaux sociaux. Le samedi 17 octobre l’appel à éteindre les lumières durant 2h et à manifester est massivement suivi. Face au succès, l’appel est relancé pour la semaine suivante.
Ce samedi 24 octobre de nouveau, les manifestants se rassemblent devant les agences de leur quartier pour rejoindre le centre. Les forces de répression sont déployées en grand nombre mais font face à mouvement d’ampleur qui ne cesse de grossir, se déploie vers le centre au cri de « dehors Amendis ». Cette revendication sociale a rassemblé plus de 20000 citoyens, une marrée humaine venant du centre et la périphérie de Tanger. Le nombre de manifestant est impressionnant, il dépasse en quantité les manifestations du Mouvement du 20 Février 2011. »
Les revendications des citoyens :
Depuis plusieurs mois les habitants de Tanger protestent contre l’augmentation des factures d’eau et d’électricité. Ils réclament :
-modification du système de tarification
– généralisation des compteurs individuels
– un service minimum d’approvisionnement en cas de difficulté de paiement
Luttes de/et pouvoir
Sur font de crise politique, les dernières élections régionales et communales du 4 septembre 2015, ont permis de mettre en œuvre le projet de régionalisation décidé par le roi. Ces élections bidon ont connu un faible taux de participation, avec corruption, achats des voix, mafia de l’argent et des candidats véreux, des partis politiques discrédités, et absence de programme électoral…
A Tanger, la bataille pour le pouvoir entre le PJD (les islamistes de Sa Majesté) et le PAM (le parti des amis de Sa Majesté) a éclaté entre le maire de Tanger Bachir Abdallaoui du PJD et le président de la région Elyas El Omari du PAM en conflit ouvert pour la gestion de la ville de Tanger.
Dès les résultats élections de 2015, bras de fer entre le PAM et PJD :
A peine élus, le maire de la ville et président de la région sont en conflit sur les prérogatives dans la gestion de la ville de Tanger : un bras de fer pour la responsabilité de la gestion de l’eau et l’électricité de la ville. Des intérêts importants sont en jeu et des projets pharaoniques coûteux pour la nouvelle région Tanger-Tétouan-Al Hoceima décidés par le roi.
A L’origine de la crise :
Filiale de Veolia Environnement, Amendis est chargée depuis 2002 de la gestion déléguée des services d’assainissement liquide et de distribution d’eau potable et électricité de la municipalité de Tanger. Sur son site, elle annonce un chiffre d’affaire de 1 414 millions de dh en 2010.
Les manifestations populaires avaient éclatées contre Amendis dès 2006, contre l’augmentation des prix des factures et mauvais services, puis avaient repris en 2011 dès le début du M20F, quand les habitants de la ville de Tanger avaient cerné une agence d’Amendis située dans un quartier populaire et menacé de ne plus payer leur facture.
Rappel sur les Mouvements contre les privatisations et la gestion déléguée :
Avec l’ère des privatisations des secteurs publics, les service de l’eau l’électricité, télécom, transports, ramassage ordures, les gestions délégués des villes et communes sont partout un échec et sources de scandales, corruption, mauvaises gestions, promesses non tenues, contrats non respectés, et pour les travailleurs, licenciements et non respect des législations du travail, répression syndicale.
Dès 2002, les habitants de Rabat Salé se soulèvent contre la Rédal pour l’augmentation des prix de la facture d’eau et d’électricité, les luttes se sont poursuivies à Tata contre la Santé et se développent à Ifni, puis dans plusieurs villes et région. Malgré les luttes importantes, les privatisations sont imposées, et le démentiellement de secteurs publics, pourtant rentables, se poursuit : RAM, ONCF, Poste, Télécom, avec la casse sociale qui s’en suit : licenciements massifs, pertes des acquis et droits sociaux, démentiellement des résistances et des luttes…
Avec le M20f en 2011, les manifestations, grèves, sit in dans les villes et les quartiers contre Lydec, Amendis, Areva,… sont quasi permanentes. Les luttes contre Lydec contre l’augmentation des factures d’eau électricité, la mauvaise gestion, les luttes des travailleurs et les grèves pour dénoncer leurs conditions de travail contre les sociétés Amendis, Areva, les monticules d’ordures qui envahissent les quartiers des villes trouvent un échos parmi les usagers-consommateurs-habitants. Ces luttes convergent avec les révoltes des habitants contre les démolissions expropriation , les luttes des usagers contre les augmentations des factures, des consommateurs contre la vie chère et la flambée des prix, des citoyens contre les projets ruineux de TGV et l’absence de transparence des marchés…
Plus de concentration de richesse, plus de pauvres, plus de dettes…
La concentration du pouvoir politique, économique, financier, qui de plus se veut pouvoir sacralisé, ne fait qu’aggraver la crise et converger les luttes de divers secteurs et régions. Partout de grands projets urbains onéreux, souvent inutiles, profitent aux grands trusts internationaux et barons nationaux , endettent toujours plus le pays, exproprient les habitants de leurs quartiers voués à la démolition, les petits paysans ruinés, chassés de leurs terres, ferment les usines et licencient les ouvrier-es et toutes et tous vont fait l’amer expérience de l’endettement ou comment devenir encore plus pauvre en s’endettant…
Quand l’été libanais a remis le droit du citoyen au cœur du politique :
Quand à Beyrouth, le 22 aout 2015, éclate « la révolte des ordures », la ville croule sous les montagnes de déchets, le mouvement citoyen s’organise et s’interroge : « comment un gouvernement incapable d’assainir le pays, peut-il le gouverner ?»
De Tanger à Beyrouth à Athènes, c’est bien la lutte et résistance des peuples contre un système monde tentaculaire financier politique mafieux qui a déclaré la guerre aux peuples.
Nos luttes sont les mêmes, unissons les du local au global.
Source : Attac Maroc