Voilà, on le sentait venir. C’est maintenant confirmé : il n’y aura pas de grève de 24h le 12 mai. Ainsi en a décidé le comité fédéral de la FGTB. Après le congrès national de la CSC, cette décision termine la manœuvre d’atterrissage du mouvement social, que les bureaucrates pilotent depuis le 15 décembre.
C’est en effet depuis le 15 décembre que nous nous faisons littéralement balader par des directions dont les porte-parole principaux n’ont d’autre horizon que de retrouver leur place de « partenaire » de la concertation, autrement dit de cogestionnaire des réformes libérales et de la misère. Comme si on pouvait rejouer la pièce des Trente Glorieuses avec les représentants d’une classe dominante dont la volonté délibérée et affichée est de casser toutes les conquêtes sociales de cette époque.
On en arrive à une situation surréaliste où la FGTB et la CSC reconnaissent explicitement que les travailleur.se.s se font piétiner par Charles Michel et ses acolytes, mais refusent tout aussi explicitement de riposter sérieusement.
Tendre l’autre joue à la classe dominante, faire des petits happenings symboliques devant les médias, lancer des recours juridiques et des pétitions sympathiques : qui peut croire que cette non-stratégie peut produire d’autres résultats que plus d’humiliations encore pour le monde du travail et les exclus?
Demander aux patrons et au gouvernement à leur service de « respecter la concertation » pour trouver des « compromis » avantageux pour toutes les parties: n’est-il pas évident que cela revient à tenter de convaincre les lions capitalistes de devenir végétariens ?
A propos de repas, les mauvaises langues diront que Marc Goblet arrivera avec un beau cadeau pour les patrons et leurs amis politiques, au dîner du Cercle de Lorraine auquel il participe demain mercredi, avant-veille du Premier Mai (tout un symbole !)…
D’un autre côté, même si la désorientation et la désorganisation quasiment professionnelle, fruit des coups de freins et coups de volant de l’actuelle majorité des dirigeant.e.s des syndicats, ont réussi à désarmer un mouvement de fond puissant et à l’enfoncer dans une impasse, tout n’est pas encore fini, loin de là.
De un, le gouvernement Michel-De Wever ne va pas s’arrêter en si bon chemin dans sa marche de destruction sociale. Les provocations et les attaques vont continuer. A chaque fois, une occasion à prendre pour mobiliser la colère légitime qui continuera à monter dans la population. Celui qui lutte n’est pas sûr de gagner mais celui qui ne lutte pas est sûr de perdre.
De deux, les secteurs syndicaux combatifs et le mouvement social n’ont pas dit leur dernier mot, comme en témoignent la grève dans le secteur public le 22 avril et l’orientation prise à son congrès du 2 avril par la CNE qui veut encore un plan d’actions sérieux à long terme, avec une menace CRÉDIBLE (ce mot est essentiel) de grève nationale et interprofessionnelle à la rentrée.
Le terreau est toujours fertile, d’où a grandi la belle mobilisation de l’hiver dernier. Mais une chose est claire : pour qu’une lutte s’y enracine et porte des fruits, une stratégie syndicale alternative à celle de la concertation est nécessaire et urgente, vitale même.
Ce dont nous avons le plus besoin est d’un large débat démocratique dans les organisations syndicales, et d’une convergence plus structurelle des courants syndicaux combatifs. Face au syndicalisme d’Etat qui prépare la mort du syndicalisme doit se lever un syndicalisme de combat aux mains des travailleurs et des travailleuses. C’est la condition essentielle pour trouver un nouveau souffle, pour que la prochaine vague de résistance sociale porte des fruits dignes des efforts de dizaines de milliers de militant-e-s.
Le rassemblement politique, démocratique et pluraliste des gauches radicales et anticapitalistes peut et doit y contribuer.
Les syndicats ont mis un genou à terre. Le gouvernement a gagné cette bataille, nous pouvons encore gagner la guerre. À condition de tirer les leçons de la dernière séquence.
______________________________________________________________________________________________
« La FGTB constate qu’entre-temps, « le saut d’index a été voté, une nouvelle norme salariale a été approuvée, les accords entre les interlocuteurs sociaux sur les RCC n’ont pas été respectés, les allocations d’insertion pour les jeunes de plus de 25 ans ont été supprimées, de même que le complément pour chômeurs âgés, tous les chômeurs et les bénéficiaires d’un RCC sont harcelés par le gouvernement jusqu’à leurs 65 ans, le secteur des soins de santé doit subir de sévères économies, etc. Par contre, aucun effort n’est demandé aux grosses fortunes, rien n’a encore été décidé en matière de justice fiscale et les employeurs continuent à bénéficier de cadeaux fiscaux sans conditions en terme de création d’emplois ». (…) « Le gouvernement Michel se moque des priorités des travailleurs »(…)
La FGTB « garde en réserve (SIC !!!) l’arme de la grève et n’hésitera pas à en faire usage si le gouvernement s’obstine à ne pas écouter les travailleurs (RE-SIC !!!) »