Le gouvernement fédéral s’apprête à prendre trois décisions qui mettent en péril la vie même de nombreux citoyens. Le groupe EDF-Suez et sa filiale belge ELECTRABEL proposent au gouvernement de prolonger la durée d’exploitation du réacteur Tihange 1, et de redémarrer les réacteurs Tihange 2 et Doel 3 qui sont à l’arrêt depuis l’été 2012.
Comment ces décisions mettent-elles en péril la vie des gens ?
Tihange 1
Tihange 1 a atteint 40 années d’exploitation, la même durée que celle des réacteurs de Doel 1 et Doel 2 qui seront arrêtés en 2015 pour cause de vétusté. La loi Deleuze, alors Secrétaire d’Etat à l’Energie et au Développement Durable, aujourd’hui coprésident d’ECOLO- prévoit également la fermeture de Tihange 1 en 2015, sauf en cas de pénurie d’électricité. De nombreuses centrales électriques à gaz modernes sont à l’arrêt en Belgique ; il n’y a donc pas de pénurie. Continuer l’exploitation de Tihange 1 serait donc illégal. C’est aussi trop dangereux : les stress-tests effectués après l’accident de Fukushima ont montré une série de manquements de ce réacteur et de son bâtiment, qui n’ont pas encore été réparés. Plus grave : le bassin de refroidissement de ce réacteur laisse échapper, depuis 2006, jusque 2 litres d’eau radioactive par jour. Les bassins de refroidissement ont joué un rôle important dans la catastrophe de Fukushima. Cette fuite, impossible à boucher depuis 2006, devrait à elle seule être un motif suffisant pour arrêter ce réacteur vétuste.
Tihange 2 et Doel 3
Quelques experts ont ressenti l’obligation de prendre la parole pour avertir du danger de redémarrer ces deux réacteurs. Lors du contrôle approfondi de l’été dernier, de nombreuses failles ont été découvertes dans la cuve de ces deux réacteurs. Muriel Gerkens, chef de groupe ECOLO au parlement fédéral, a présenté le travail de Mme Tweer², qui démontre le danger que posent ces failles et l’impossibilité de s’assurer du contraire. En effet, les tests supplémentaires qui ont été menés démontrent que ces failles restent stables lorsqu’elles sont comprimées par une surpression dans la cuve. Cependant, le danger le plus grand arrivera lors d’un stop d’urgence et la décompression subite de la cuve, ce qui peut provoquer un affaiblissement à certains points de la paroi de la cuve. Si la paroi cède, la fusion du cœur devient inévitable et aucun plan n’existe pour faire face à cet évènement. Si cette catastrophe se produit, des millions de personnes vivant dans un rayon de 75 km autour des réacteurs devront évacuer, avec peu de chances de pouvoir retourner chez eux.
Comment bloquer la catastrophe qui menace ?
6° Réforme de l’État
S’il est vrai qu’ECOLO et Groen ne participent pas à ce gouvernement, ils sont pourtant 2 des 8 partis indispensables pour voter la sixième réforme de l’État belge. Le vote de cette réforme est indispensable à la survie de ce gouvernement. Cela octroie à ECOLO et Groen un pouvoir suffisant pour empêcher les trois décisions catastrophiques que le gouvernement Di Rupo s’apprête à prendre à la demande de GDF-Suez-Electrabel. Il suffit que ces deux partis, ou même un seul des deux, s’engage publiquement et fermement à suspendre sa collaboration à la réforme de l’État, tant que la décision d’arrêter ces trois réacteurs trop dangereux n’est pas prise. ECOLO se veut un parti responsable. Noble posture. La question se pose de savoir envers qui ECOLO se sent responsable : est-ce une responsabilité devant les millions de citoyens qui vivent sous la menace d’une catastrophe prévisible ou une responsabilité devant les pouvoirs économiques et politiques qui dirigent ce pays ?
Choisir son camp
L’heure est grave. Il est minuit moins cinq à l’horloge nucléaire. On peut considérer qu’ECOLO est né lors des élections européennes du 10 juin 1979, porté par le mouvement d’opinion antinucléaire causé par la catastrophe de la centrale atomique de Three Mile Island le 28 mars 1979. La lutte antinucléaire est donc inscrite dans leur DNA. Espérons qu’ECOLO et Groen restent fidèles à cet engagement en prenant leurs responsabilités face au risque nucléaire clair et présent que posent les réacteurs de Doel 3 et de Tihange1 et 2 à la population. You’ve got the power!*
Léo Tubbax, porte-parole de Nucléaire Stop Kernenergie
*En anglais, le mot «power» signifie «pouvoir» mais aussi «courant électrique».