Chers amis,
Nous nous sommes croisés, pour les plus anciens, depuis les années 70, quand je bossais en usine et pour un syndicalisme de combat puis pour les autres tout au long de mon parcours au Théâtre, dans les secteurs de la Culture, du Socio- Culturel ou de l’Associatif. Vous connaissez peu ou prou mes convictions politiques car nous nous sommes soit côtoyés professionnellement, soit avons milité ensemble.
Vous connaissez ces valeurs qui me sont chères et que j’ai, vaille que vaille, toujours défendues : avant tout et sans concessions la solidarité avec mes « frères humains » comme disait François Villon, et donc, en toute logique pour moi, l’anticapitalisme, l’internationalisme, la démocratie « par la base » et, depuis de nombreuses années, l’écologie. Vous connaissez aussi sans doute ma méfiance atavique envers les partis, le centralisme bureaucratique, l’autoritarisme et donc, vous imaginez mon peu de goût pour les grandes manoeuvres électorales qui s’annoncent… (Ceux qui m’ont connu attachant mon bulletin de vote à un ballon en criant « Elections, pièges à cons ! » doivent se marrer en lisant ces lignes…)
J’ai toujours pensé que toutes les avancées significatives vers un monde meilleur ne se décrétaient pas au Parlement (« Ni Dieux, ni Césars ni tribuns » !) mais se construisaient et s’imposaient au travers des luttes sociales, en créant des rapports de force, et SURTOUT sans jamais perdre de vue nos utopies…
Tant qu’à faire et puisque nous vivons en démocratie parlementaire, me disiez-vous, tant mieux si des partis servent cahin-caha de relais à nos combats et les transforment en acquis à travers des lois. Et d’évoquer la défense de la Sécu, de l’Index, etc…, ( ces dernières plumes devenues de plus en plus ternes au chapeau déplumé de la Social-Démocratie !)… Soit…
Et même si je n’ai jamais été dupe du pathétique « Sans nous ce serait pire ! » du PS ( un argument à se flinguer pour au moins cinquante générations d’idéalistes ), ni de la pseudo « nouvelle manière de faire de la politique en sortant du vieux débat Gauche-Droite » d’Ecolo, j’avoue qu’il m’est quand même déjà arrivé, désespéré par les maigres pourcents des listes dites de « Gauche de la Gauche », de me ranger, résigné, à vos arguments et de voter « utile ».
Et pourtant… Cette année, JE VOUS APPELLE À VOTER POUR UNE GAUCHE QUI REDRESSE LA TÊTE, UNE GAUCHE D’OUVERTURE SUR LES LISTES DU PTB – GO
Car pour la première fois depuis des années, les amis, j’ai envie de croire qu’il y a moyen de trotter, sinon allègrement, du moins sans semelles de plomb, vers l’isoloir. Ce 25 mai, on peut enfin et sans remords voter vraiment utile. Car il y a de fortes chances pour que plusieurs candidats du PTB-GO se retrouvent au Parlement.
Pourquoi mon appel ? Force est de constater qu’aujourd’hui, les partis dits « de gauche », ces « relais historiques et naturels » au gouvernement sont tombés en totale déliquescence, non ? Osons le mot : ce sont des imposteurs !
Face à une crise majeure (qu’ils font mine de gérer grâce à la schizophrénie d’une politique « sociale-libérale » qui montre tous les jours sa totale absurdité), qui ces partis défendent-ils encore si ce n’est leur seule présence au gouvernement?
Pas nous, en tout cas ! Ils sont tellement déconnectés de notre réalité quotidienne – bouffer, payer son loyer, sa note de gaz, pouvoir exercer son métier,… se battre pour garder sa dignité d’être humain quoi ! – que c’en est consternant.
Quant aux grands enjeux politiques, économiques et écologiques que nous allons affronter pendant les années qui viennent, repassez plus tard, ils sont occupés : l’heure est une fois de plus aux rustines roses bonbon ou vert fadasse*, c’est selon !
*Je recommande à ceux d’entre vous qui continuent envers et contre tout à voter Ecolo l’excellent livre de Daniel Tanuro « L’impossible capitalisme vert » aux éditions La découverte.
J’exagère ? Bon, des faits :
Je n’en veux pour preuve que le vote sans sourciller de ces deux partis, le PS et Ecolo, pour le dernier Traité Européen (TSCG = Tous saignés comme les Grecs ?) qui grave dans le marbre les politiques d’austérité à perpète…
Comment ont-ils osé cette x ième forfaiture quand on sait que :
– Économiquement, l’austérité nous mène droit dans le mur, tous les économistes sérieux le savent depuis longtemps. Alors pourquoi continuer ? Pour satisfaire aux exigences des Banquiers qui nous ont eux-mêmes plongés dans un merdier pas possible ? Et arrêtons par pitié de rêver encore aux chimères d’une hypothétique « Europe sociale » toujours remise aux calendes. C’est l’Europe du libre-échange qui nous écrabouille et qui a créé systématiquement et depuis des décennies (et donc du temps où les partis sociaux-démocrates y étaient majoritaires !) toutes les conditions financières (déréguler tout ce que l’immédiat après-guerre avait imposé aux banques) et économiques (ah,le dogme des privatisations !) qui expliquent les déroutes d’aujourd’hui.
– Socialement, l’austérité n’amène pour les peuples que des lois de malheur, des lois d’infamie qui voudraient faire porter à l’ensemble de la population, et donc surtout aux plus fragiles, le poids d’une dette qui n’est pas la nôtre, sur quel ton faut-il encore le dire ?
– (À propos de l’origine de la dette, qui n’est pas liée qu’à la crise de 2008, lire à ce sujet le mémorandum d’ACIDe, comité d’audit Citoyen de la dette : http://www.auditcitoyen.be/)
– Mais ces lois qui détruisent notre travail et nos vies mais favorisent l’emploi au rabais, l’intérim et les petits boulots de merde, empêchent les augmentations de salaires hors index, chassent les chômeurs au lieu de faire la chasse au chômage, font travailler plus longtemps les vieux ou les plongent dans la misère tout en n’offrant aux jeunes que la galère et l’assurance de faire partie d’une génération sacrifiée, hein, qui les a votées ?
– Ces lois qui détricotent la Sécu, la vident de son sens (un DROIT) en instaurant les politiques d’activation, organisent la concurrence entre les chômeurs et les travailleurs, les jeunes et les vieux, divisent les chômeurs, appauvrit les femmes seules et les cohabitants, fait le tri entre les « bons »allocataires sociaux et ceux qui seraient soi-disant responsables de leur sort, qui les a votées en venant nous expliquer qu’il n’y avait pas moyen de faire autrement ?
– Et ne sont-ce pas les mêmes qui ont voté ( pour protéger l’emploi !) les lois fiscales « cadeaux » aux entreprises qui licencient et délocalisent ? N’est-ce pas eux qui ont continué jusque peu avant la période électorale à soutenir du bout des lèvres les intérêts notionnels, à oser prétendre que l’impôt sur la fortune ne serait que symbolique et ne rapporterait pas grand-chose, qu’on ne toucherait pas à l’index mais que peut-être, quand même, on l’aménagerait, etc… ?
Mes amis, face à un gouvernement qui fabrique de plus en plus de « pauvres de plus en plus pauvres » en « oubliant » de récupérer et répartir la fortune colossale accaparée ces dernières années par l’infime partie des riches de plus en plus riches (voir les derniers bouquins de Marco Van Hees), que faire au moment de voter ?
Et face à des hommes politiques parmi lesquels on trouve encore des défenseurs de l’avenir irradieux du nucléaire après Fukushima, qui se contentent d’émettre de « prudentes recommandations » à chaque sommet contre le réchauffement climatique mais qui continuent à parler croissance, compétitivité et productivité sans réfléchir ni à ce qu’on produit ni si c’est socialement utile, que faire ?
Mais qui d’entre nous peut encore se reconnaître dans ces partis qui participent, sans pouvoir l’influencer significativement, à un gouvernement qui envoie quasi sans débat parlementaire nos soldats exporter la démocratie en Afghanistan mais où l’on tabasse des réfugiés Afghans quand ils osent réclamer démocratiquement leur statut de réfugiés de guerre dans la rue en Belgique ?…
Croyez-vous sincèrement qu’il est vraiment encore « utile » de voter pour ceux qui, après avoir vanté le retour du cœur et nous avoir promis d’éviter le bain de sang social (alors qu’ils sont en train de remplir petit à petit la baignoire !) osent sans rire nous répéter comme un mantra qu’ils sont le seul rempart face à la Droite ? Sont-ils vraiment la seule et exaltante perspective qui s’offre à vous ce 25 mai ?
AVONS-NOUS BESOIN DE CHANGER DE PANSEMENT OU DE PENSER LE CHANGEMENT?, voilà la vraie question à se poser avant d’aller voter.
Je ne sais pas si nous avons besoin d’un nouveau parti mais ce que je sais, c’est que nous avons besoin, et de manière urgente, d’organiser et de donner des perspectives politiques à nos luttes. Nous avons besoin de reconstruire une organisation qui soit l’expression politique des mouvements sociaux à venir. Et donc, au moins dans la perspective de l’après- 25 mai, d’un vrai parti de gauche, qui soit avec nous et non pas contre nous ! Un parti qui soit, dans les enceintes parlementaires, le porte-voix de nos justes et saines révoltes, qui soit à nos côtés, quand nous nous battons contre ce système de plus en plus absurde. Une société où chaque activité humaine n’est plus envisagée que comme une marchandise, une société dans laquelle nous ne sommes plus que des producteurs de richesse pas assez compétitifs, des consommateurs ou des clients au lieu d’être des usagers et des citoyens ?
N’avons-nous pas besoin avant tout d’un parti qui tire sa force et sa légitimité des mouvements sociaux ? Qui fait confiance à notre capacité à, enfin, reprendre l’offensive ? Qui ose abroger des lois injustes qui expulsent, excluent et plongent chaque jour de nouveaux citoyens dans la désespérance et la misère ? Qui ose désobéir aux diktats de l’Europe de la Finance et du Marché ? Un tel parti n’est-il pas plus utile et réaliste que ceux qui se couchent devant les multinationales et les banques, pour qui il est impensable d’oser penser en dehors de la logique morbide du Capitalisme ? Un ou deux députés de ce nouveau parti ne nous seront-ils pas 100 fois plus utiles qu’un(e) xième député(e) « un peu plus à gauche » ou « de notre région » qui, par clientélisme politique, viendra signer une motion de solidarité lors de la prochaine fermeture, se scandalisera devant une caméra du sort réservé aux Afghans mais qui, le jour venu, votera une fois de plus l’austérité par discipline de parti ou se cachera derrière la légalité des règles de l’Office des Etrangers et Maggy De Block par solidarité gouvernementale ?
Voilà pourquoi je vous appelle à voter PTB-GO
Bon, ceci étant, je tiens à rassurer ceux d’entre vous qui frémissent à l’idée que je pourrais être passé avec armes et bagages au PTB !
Si je soutiens la liste, c’est d’abord parce que sur cette liste, le GO signifie Gauche d’ouverture. Aussi parce qu’y figurent des hommes et des femmes sincères, quel que soit leur parti ou leur organisation, des indépendants aussi, des copains militants, qui ont été les chevilles ouvrières de tous les combats auxquels j’ai participé ces dernières années. C’est aussi parce que, suite à l’appel historique du 1er mai 2012 de la FGTB de Charleroi et de ses 10 mesures d’urgence anticapitalistes, ces amis comme beaucoup d’autres ont pensé que le temps était enfin venu pour reconstruire quelque chose à « gauche de la gauche » (moi, j’ai hélas envie de dire « à gauche tout court » !).
Et puis enfin, s’il n’en fallait qu’une, voici une dernière raison de voter pour ce parti : redonner du sens au mot « politique » pour faire barrage à l’extrême droite !
À force de parler « social » au moment des élections puis de mener une politique de droite au gouvernement, les partis traditionnels plongent les gens dans le désespoir puis nourrissent la mauvaise colère qui va avec ! Ils achèvent de paver une voie royale au populisme et jettent parfois les gens dans les bras de l’extrême droite. Tous les jours, je suis confronté, dans mon quartier, à des réactions de dégoût profond de la politique. Le « tous pareils, tous pourris ! » qui mène des gens déboussolés à se tromper d’ennemi : ils en viennent à détester le réfugié politique qui « lui, a droit à un logement social », à jalouser le voisin artiste qui « profite bien du chômage », à dénoncer au policier de quartier « l’étranger sans papier qui travaille au noir »…
Mon père fut résistant antifasciste pendant la dernière guerre et je sais combien ces haines -là finissent toujours par nourrir la bête immonde…
Ici dans ma région, j’appelle à voter pour des candidat(e)s
avec qui j’ai milité dans les luttes contre la chasse aux chômeurs, dans le comité d’Audit Citoyen de la Dette ou lors des marches avec les Sans-Papiers et les Afghans.( voir ci-dessous). En vous renseignant un peu, j’espère que vous ferez de même dans vos arrondissements respectifs !
J’espère vous avoir, sinon convaincus, au moins interpellés, les amis, avec cette longue lettre très politique… Si vous la jugez digne d’intérêt, pensez à la diffuser un maximum autour de vous !
Pour le Parlement Wallon :
Candidat d’ouverture indépendant , 58 ans, militant syndical et associatif, 3e candidat indépendant pour le Parlement de la Région Wallonne sur la liste PTB-GO !
Pour les élections Européennes :
33 ans, animatrice en éducation permanente, sans emploi, Ligue Communiste Révolutionnaire, 4e candidate LCR pour le Parlement européen sur la liste PTB-GO !
Pour la Chambre :
Membre du service d’étude du PTB