Nous reproduisons ci-dessous un article paru sur le site de Résistances.be, concernant l’attaque que les hooligans ont lancée à la Bourse, le dimanche de Pâques, contre le rassemblement en l’honneur des victimes des attentats terroristes. La photo que nous reproduisons suffit à montrer que cette opération était bien inspirée et pilotée par l’extrême-droite (hommes en noir, certains cagoulés, saluts nazis), mais Résistances.be apporte à cet égard des preuves supplémentaires. Il convient d’ajouter que les hooligans, dont l’action était concertée et annoncée sur les réseaux sociaux, sont arrivés sur place sans être inquiétés par la police, alors que leur intention étaient évidente: casser le côté solidaire, multiculturel et multiconfessionnel de l’hommage aux victimes. Ce fait a été observé par de nombreux témoins, notamment des membres de la LCR présent-e-s sur place, dont certains ont été interviewés sur plusieurs chaînes de télévision, telles que BFMTV, RTL et FranceTV. La leçon à tirer est très claire: face aux attentats terroristes, la réaction unie de gens de toute origine qui, tous ensemble, dénoncent la haine, rend fous de rage ceux qui veulent au contraire creuser le fossé entre les communautés – les djihadistes, bien sûr, mais aussi les fascistes. On voit bien l’alliance objective entre tous les partisans de la haine. La situation se résume comme suit: le djihadisme et l’extrême-droite s’alimentent mutuellement, l’extrême-droite bénéficie de soutiens dans la police, et les amis de l’extrême-droite dans la police bénéficient à tout le moins de la compréhension du ministre de l’Intérieur (dont le parti, la NVA, a refusé de condamner l’attaque). La conclusion est tout aussi claire: contre la terreur et la haine, non à la politique sécuritaire, oui à la solidarité… et à l’auto-défense. LCR-Web.
Ce dimanche, entre 400 et 500 supporters ultras de différents clubs de football du pays se sont rendus à la Bourse, dans le centre de Bruxelles, pour officiellement y rendre un hommage aux victimes des attentats du 22 mars. A leur manière : des coups ont été donnés, des insultes proférées, des slogans racistes hurlés et des affrontements avec la police ont ensuite eu lieu. Une nouveauté ? –
L’EXTRÊME DROITE Y ÉTAIT !
Suite aux violences de ce dimanche à la Bourse de Bruxelles, commises par des hooligans, Walfoot.be, un site d’information consacré à l’actualité footballistique précisait, hier soir, dans un article : « Ce n’était pas une manifestation d’extrême droite, il y avait des participants d’origine turque ou marocaine. Il y a eu deux ou trois saluts nazis, mais c’était des cas isolés. La plupart ne désiraient pas cela et sont intervenus. ». A la base, le rassemblement initial a regroupé, écrit Walfoot.be, « beaucoup de Firms (nom d’un groupe de hooligans d’un club) de plusieurs clubs belges. Des Wallons, des Flamands et même des hooligans du canton de l’est (Eupen). Il y avait plus de 150 hooligans d’Anderlecht. Ceux du Club de Bruges, de Gand et de l’Antwerp étaient plus de 70, accompagnés par ceux du Beerschot (30), du Standard (20) de Charleroi (15) de STVV (15), le Liège, du RWDM, de la Louvière et donc de l’AS Eupen. »
Ces hooligans, tous ensemble, ont défilé derrière un calicot unitaire sur lequel était écrit : « FCK ISIS – Casuals against terrorism ». Soit : « Fuck Islamic state – Hooligans contre le terrorisme ».
Une étude sociologique, publiée en 2008, informe que « le casual » est « un nouveau genre de hooligan dans la ville ». Dans celle-ci, on y apprend que « le hooligan se distingue des autres supporters par sa violence. Chez les hooligans Casuals que nous avons observés, la violence dépasse l’affrontement spontané de deux bandes rivales. Ils ont une volonté acharnée d’en découdre ouvertement et consciemment. Cette violence change de statut pour devenir un style de vie revendiqué, une recherche de plaisir affirmée : »Ce qu’on aime c’est sentir l’adrénaline monter, cette sorte de pression avant d’aller se battre. Et le foot ce n’est qu’un prétexte pour se foutre sur la gueule, loin des stades et loin de la police. (…) C’est ça une bagarre de hooligans, un combat de rue intense qui procure de multiples sensations fortes et qui permet à chacun de se surpasser pour les autres et pour eux-mêmes. Et souvent alors qu’on goutte à ce genre d’émotions, il est difficile de s’en détacher, on devient dépendant. On veut toujours se battre de plus en plus, prendre de plus en plus de risque et à la fin il est très difficile de se retirer, de se ranger. » (témoignage recueilli d’un jeune hooligan) » (1).
Officiellement apolitiques, chez ces hooligans se trouvent cependant des militants d’extrême droite. Depuis plus d’un an déjà, le slogan « FCK ISIS » est régulièrement visible dans les stades de football, en Belgique comme à l’étranger. Dans la ville allemande de Cologne, en octobre 2014, une manifestation anti-islamistes de plus de 3.000 supporters ultras de football a été organisée par l’organisation des « Hooligans gegen Salafisten » (HoGeSa, les hooligans contre les salafistes). Avec la participation de hooligans venus de Belgique, dont plusieurs connus pour leur engagement à l’extrême droite.
Militants d’extrême droite
Parmi ces hooligans présents à la Bourse ce dimanche, le journal d’investigation RésistanceS.be a pu reconnaitre plusieurs militants d’extrême droite. C’est le cas de « Jeanke S. », un des principaux activistes des Autonome nationalisten Vlaanderen (ANV), un groupuscule néonazi actif à Anvers, à Gand et à Bruxelles. Celui-ci avait d’ailleurs annoncé sur Internet, le matin même vers 9 h, son arrivée dans la capitale.
Parmi ces supporters ultras, était aussi présent à la Bourse, ce dimanche après-midi, une vieille connaissance de RésistanceS.be. Connu sous le pseudonyme de « Thure », ce bruxellois s’était rendu célèbre dans un reportage de la RTBF consacré aux skinheads diffusé en 1988. Il militait à cette époque au Parti des forces nouvelles (PFN), ainsi qu’au VMO-Bruxelles qui sera à la base de la création du groupuscule néonazi L’Assaut. Déjà supporter de foot ultra, Thure jouait alors dans le groupe skin-nazi de musique « Fight Action », dont le chanteur avait milité au Parti nationaliste français et européen (PNFE) avant de se réfugier chez nous suite à des violences commises en France. En 1991, Thure avait été recruté pour assurer la sécurité du négationniste français Robert Faurisson venu assister au procès du néonazi Olivier Mathieu.
Il y a six ans, Thure faisait partie du noyau fondateur de la Belgium defence league (BDL). Cette ligue prenait exemple sur l’English defence league (EDL), une organisation d’extrême droite fondée outre-Manche – dans l’objectif de combattre « l’islamisation de notre société » – par des supporters ultras anglais de football. Hier, devant la Bourse, Thure s’est violemment attaqué à coup de poing à une personne qui avait osé s’opposer à la présence des « Hooligans contre le terrorisme ».
Plus tard, deux mouvements d’extrême droite de tendance « identitaire », le mouvement Nation et Vlaanderen Identitair (VLI), vont communiquer leur soutien à ceux qu’ils considèrent comme des « patriotes ». Juste après les incidents commis à la Bourse, Rob Verreycken, le leader du groupuscule VLI et ancien responsable du Vlaams Belang, a posté sur sa page Facebook le commentaire suivant : « 450 compatriotes sont venus pour montrer au monde entier leur – et notre – juste colère (NDLR : suite aux attentats de mardi dernier), ainsi que leur détermination pour lutter contre l’islamisation de notre pays. »
Une violence peu médiatisée ! Pourquoi ?
Malgré l’étonnement de beaucoup, le déchainement de violence de ce dimanche perpétré par ces hooligans est pourtant une habitude. Aujourd’hui, il inquiète parce qu’il s’est déroulé devant l’emplacement d’hommage aux victimes du terrorisme dans un contexte particulièrement dramatique. La violence urbaine de supporters ultras se déroule cependant régulièrement dans les soirées d’après-match de football. Elle est alors peu médiatisée.
Pour ces hooligans, la violence est un mode d’expression, une raison d’existence. Ce phénomène de société ne semble pas réellement inquiéter les autorités compétentes. Elles sont bien plus sensibilisées et mobilisées par la violence qui s’exprime dans les quartiers populaires de nos villes lors d’émeutes, survenant souvent suite à une « friction » entre des jeunes et la police.
Rédaction de RésistanceS.be
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(1) Denis Bernardeau Moreau, Julien Bonomi, Cecile Collinet : « Le Casual, un nouveau genre de hooligan dans la ville », in Les Annales de la Recherche Urbaine, Plan Urbanisme – Construction – Architecture, 2008, pp.37-45.
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