Il était presque 18h, hier. Nous étions deux camarades sur le chemin du retour de la manifestation de solidarité avec la Grèce, lorsque nous avons aperçu une vingtaine de policiers et policières lourdement armé.e.s ! En approchant, nous avons vu qu’il avaient arrêté une dizaine d’enfants, qui avaient entre 12 et 15 ans. Ces adolescents avaient apparemment le tort d’être de couleur car il n’y avait pas de « blonds aux yeux bleus » parmi eux.
Après les avoir observés quelques secondes, nous avons pris la décision de photographier cette scène. Une camarade s’est dirigée vers trois policiers armés et leur a demandé ce qui se passait. Ils nous ont répondu qu’ils n’en savaient rien, qu’ils venaient d’arriver. Nous avons sous-entendu qu’ils étaient en train de procéder à un contrôle (harcèlement) au faciès à des jeunes noirs et arabes. Un des policiers s’est défendu en nous disant que ce n’était pas du tout le cas : « Vous avez vu ce qu’il se passe dans l’actualité ? Vous avez déjà vu un terroriste ? ». Nous avons répondu que nous n’en avions jamais vu, puisqu’on n’en croise pas à chaque coin de rue. Le policier répondit : « nous on sait à quoi ressemblent les terroristes ! ». Une réponse en forme d’aveu. Un de ses collègues a ensuite pris l’identité du camarade qui avait photographié l’incident symptomatique de la période ouverte depuis dix jours.
Plus tôt dans la journée, au cours de la manifestation, nous avons pu apercevoir des militaires armé.e.s dans la rue (la photo est visible sur notre page facebook). Voilà quelques illustrations immédiates de l’instrumentalisation par nos dirigeant.e.s de la peur à des fins sécuritaires, liberticides et racistes.
Mais nous ne sommes pas dupes, malgré le torrent médiatique qui nous emmène de Bruxelles et Verviers à Raqqa, en passant par Paris, Athènes, et Istanbul. Un climat de terreur savamment entretenu chaque jour par des gouvernements qui n’ont plus que la police et l’armée à offrir à leur population.
Nous refusons ce « Patriot act » à la belge que Michel et son gouvernement veulent imposer suite aux évènements des dernières semaines ! La place de l’armée, c’est dans les casernes.
La lutte contre le terrorisme passe par la lutte contre la criminalisation des jeunes, contre le racisme et les amalgames, contre les inégalités sociales, contre toutes les politiques d’austérité, contre les courants fascistes et contre les guerres impérialistes. La liberté d’expression, ce n’est pas Michel, Hollande, Netanyahu et Lavrov qui clament « Je suis Charlie », mais c’est notamment celle des militant.e.s anti-OGM, des syndicalistes sur les piquets de grève, et celle des musulmanes de porter le hijab si elles le souhaitent.
Refusons la manipulation médiatique qui vise à nous faire peur et à forcer un repli communautaire de la majorité contre les minorités. Pour favoriser l’unité des classes populaires, il faut à la fois être prêt à se mobiliser contre la vague islamophobe en cours, et reprendre la lutte sociale. Car pendant ce temps, le gouvernement avance patiemment dans la mise en œuvre de son plan d’austérité, en engluant les directions syndicales interprofessionnelles dans un théâtre de concertation sur des miettes. Dans ce scénario, nous constatons une nouvelle fois la complicité scandaleuse des grands médias (dans leur écrasante majorité) comme des partis de la « gauche libérale », rose ou verte, tous partenaires pour recréer leur union nationale avec la bourgeoisie capitaliste.