Le 7 mai, la Formation Léon Lesoil organisait, à Liège, une « table ronde » avec trois candidat-e-s de la LCR sur les listes PTB-GO (France Arets, 10e eff. la Chambre-province de Liège, Léo Tubbax, 2e sup. Parlement wallon-Ar. Huy-Waremme- et Céline Caudron, 4e eff. Parlement européen) ; Rafik Rassa, PTB, 5e eff. Parlement wallon-Ar. Liège- ; Jean Fagard, sec. politique de la fédération liégeoise du PC ; Irène Pêtre, permanente nationale CNE-Commerce, retraitée et signataire de l’appel PTB-GO! ;Denis Horman, 5e sup. Parlement wallon-Ar. Liège-, animait le débat.
France Arets, déléguée syndicale CGSP-Enseignement et animatrice, de longue date, du CRACPE (collectif de résistance aux centres pour étrangers) et du collectif de soutien aux sans-papiers, allait d’emblée mettre l’accent sur l’appel du 1er mai 2012 de la FGTB de Charleroi pour un rassemblement politique anticapitaliste à la gauche du PS et d’Ecolo. « La LCR relaya cet appel sur le terrain politique et a oeuvré activement au rassemblement PTB-GO (Gauche d’Ouverture avec la LCR et le PC) pour les élections du 25 mai. Nous espérons bien avoir des élu-e-s. Pour la première fois depuis longtemps, c’est possible ». Des élus, souligne France Arets, qui fasse résonner, dans les enceintes parlementaires, une voix contre l’austérité et les mesures de régression sociale, une voix pour relayer les revendications des travailleurs actifs mais aussi de tous les « sans » : sans emploi, sans logement, sans-papiers… ». Ce rassemblement, c’est un jalon pour aller plus loin : « Après le 25 mai, notre volonté est de construire et élargir ce pôle anticapitaliste ».
Pour s’attaquer résolument au problème du chômage, rendre espoir aux milliers de jeunes sans emploi, en finir avec le temps partiel non choisi touchant surtout les femmes-avec un salaire et une retraite partiels, pour garantir une autre qualité de vie, France rappelle la revendication phare avancée pat la LCR : les 32 heures/ semaine généralisées, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire.
Militante de longue date pour et avec les sans-papiers, France fait le bilan de la politique migratoire de ce gouvernement : « On est le plus loin qu’on soit allé dans la politique d’exclusion et d’expulsion ». Et d’avancer une revendication portée par la LCR : la liberté de circulation et d’installation. « C’est un droit humain, vital », souligna encore France.
Léo Tubbax a bien expliqué et illustré le leitmotiv de la LCR, repris dans sa campagne : « Nos vies valent plus que leurs profits…et leurs centrales nucléaires » !
« Que veut le Conseil d’administration de Suez-Electrabel », posa d’emblée Léo ? « Faire le maximum de profits, bien sûr et c’est déjà le jackpot avec des centrales amorties depuis belle lurette ». Et Léo de signaler que nous sommes en Belgique dans le peloton de queue de la sécurité nucléaire.
« Nous ne pouvons laisser le secteur de l’énergie dans les mains de groupes financiers privés qui ont l’oeil rivé à leurs profits ». Pour sortir le plus vite possible du nucléaire, cette énergie de mort, en organisant et en accélérant la transition vers un système basé à 100% sur les énergies renouvelables –impératif pour enrayer le réchauffement climatique-, Léo rappelle la revendication, réaliste et incontournable, avancée par la LCR : la nationalisation, sous contrôle des travailleurs, du secteur énergétique, sans indemnisation ni rachat.
Rafik Rassaa allait mettre d’abord les points sur les i : « le PS, voire Ecolo, traitent PTB-GO de diviseurs de la gauche ; nous ferions même le jeu de la droite et de l’extrême-droite ».
Un peu de sérieux ! « N’est-ce pas plutôt la « gauche » des exécutifs gouvernementaux, en assumant et en appliquant une politique de droite – le blocage des salaires, les exclusions du chômage et la dégressivité des allocations ou encore le vote du traité budgétaire européen ouvrant toutes les cannes à l’austérité- qui fait le jeu de la droite, alimente la poussée de l’extrême-droite et provoque le désarroi et la colère à gauche ».
Rafik met en évidence la solidarité du PTB avec le mouvement syndical et social, la présence des militant-e-s aux côtés des travailleurs, dans les mobilisations, dans les piquets de grève, la mise en avant de revendications, en particulier pour la justice fiscale et lutte contre la pauvreté. « Nous demandons l’augmentation de tous les revenus de remplacement jusqu’au- dessus du seuil de pauvreté. Cette mesure coûterait aujourd’hui 1, 5 milliards d’euros. Il y a les 6 milliards d’euros de la déduction des intérêts notionnels. Alors, il suffirait de deux minutes de courage politique ».
Rafik insiste sur l’importante d’avoir des élus de la liste PTB-GO pour faire résonner dans les parlements la voix de la gauche radicale en liaison avec le mouvement syndical et social.
Et après le 25 mai ? « L’appel de la FGTB de Charleroi a insufflé une dynamique de rassemblement avec et autour du PTB pour ces élections. C’est important de poursuivre cette dynamique, en faisant des choses ensemble, et de l’élargir ».
Jean Fagard rappelle que, lors d’élections précédentes, la fédération liégeoise du PC avait décidé de s’allier au PTB, sous le sigle PTB+. « Cette fois, souligne Jean, nous avons voulu, au sein du PC en Wallonie et Bruxelles, nous inscrire et contribuer à une dynamique de rassemblement d’une gauche anticapitaliste. Suite à l’appel de la FGTB de Charleroi, nous avons déjà participé, aux côtés de la LCR, du PTB et d’autres organisations, à un comité de soutien à cet appel syndical pour un rassemblement politique anticapitaliste à gauche du PS et d’Ecolo. Et quand nous avons appris que la LCR marquait son accord pour aller aux élections aux côtés du PTB, dans le cadre d’une liste PTB-GO (Gauche d’Ouverture), alors, les militant-e-s du PC ont marqué, avec enthousiasme, leur accord pour s’inscrire dans ce cadre et rejoindre la LCR dans la Gauche d’Ouverture ».
Jean souligne à son tour l’importance aujourd’hui, plus qu’hier encore, d’avoir des élus de la gauche radicale dans les parlements pour faire entendre une voix dénonçant les mesures antisociales, relayant les revendications du monde du travail et montrant qu’il y a des alternatives anticapitalistes à cette crise.
« Oui, conclut Jean, nous devons, après le 25 mai, en laissant de côté les vieilles querelles du passé, travailler ensemble à la consolidation et l’élargissement du rassemblement politique anticapitaliste, en y ralliant aussi des personnes qui ne se trouvent pas nécessairement dans les organisations de la gauche radicale ».
Céline Caudron ne tourne pas autour du pot : « Dans son fondement, ses structures, son fonctionnement, ses différents Traités, l’Union Européenne est une machine antisociale, antidémocratique, au service du capital, des multinationales, du patronat. La seule attitude réaliste, c’est la rupture à gauche avec cette Europe. C’est d’aller à contre-courant, non pas pour alimenter les discours et les positions « eurosceptiques » et « nationalistes », mais pour se battre pour une autre Europe, sociale, écologique, solidaire, démocratique ».
Céline insiste sur la lutte à mener, dans chaque pays, et en liaison avec le mouvement syndical et social des autres pays européens, sur des revendications concrètes : la réduction du temps de travail ; l’interdiction des licenciements, d’abord dans les entreprises qui se portent bien ; les services publics, contre les privatisations ; la défense des droits démocratiques, etc.
« La LCR se bat pour une société éco-socialiste et féministe », rappelle avec force Céline qui, à cause du temps de parole limité, nous revoie au programme féministe de la LCR, qui se trouve sur le site de la LCR.
« Pour la première fois depuis longtemps, constate Céline, nous avons la possibilité d’avoir des élu-e-s pour relayer les revendications sociales et donner de l’espoir. Après le 25 mai, il s’agira d’établir des contacts permanents entre les élu-e-s et les mouvements sociaux, syndicaux. Ce que fait déjà le PTB, avec ses élu-e-s dans les conseils communaux, est de bonne augure pour cela ».
Céline rejoint les autres intervenants, en plaidant pour la poursuite de la construction d’une vraie gauche de gauche en Belgique : « La donne a changé avec l’appel de la FGTGB de Charleroi, l’appui de la CNE à cet appel et l’enthousiasme exprimé par des militant-re-s de milieux syndicaux, sociaux, culturels, portant sur cette initiative de rassemblement PTB-GO.
« Je souhaite vivement, conclut Céline, que ce rassemblement et cette collaboration entre le PTB, le PC et la LRC se poursuivent, s’étendent à d’autres courants sur des objectifs anticapitalistes pour un changement de société ».
Irène Pêtre, permanente syndicale à la CNE-Commerce, pendant une trentaine d’années, a commencé par nous annoncer une bonne nouvelle : en octobre 2013, la CNE-Commerce a relancé la campagne pour la réduction du temps de travail à 32H/semaine sans réduction de salaire et avec embauches compensatoires.
Puis vint un le réquisitoire contre ce gouvernement : l’exclusion du chômage pour des milliers de jeunes et la dégressivité des allocations, jusqu’à un plancher en-dessous du seuil de pauvreté pour des milliers d’autres ; les attaques contre la sécurité sociale : attaques indirectes avec la réduction des cotisations patronales, attaques directes avec la réduction des remboursements en matière de santé ; le blocage des salaires pour 6 années au moins. « Empêcher les syndicats de négocier les salaires, c’est les mettre hors- jeu », nous fait remarquer Irène.
« C’est la politique d’immigration qui devient odieuse », continue Irène. « Dans les années 1970, après le coup d’Etat de Pinochet, ça allait de soi d’accueillir des Chiliens. Aujourd’hui, la « morale d’Etat » a complètement changé ».
La goutte qui a fait déborder le vase, ce fut le vote par les quatre partis au pouvoir du Traité budgétaire européen : « Quelle hypocrisie chez les Ecolos avec le oui au Traité d’un côté, à la Région wallonne et non de l’autre côté, au fédéral. C’est peut-être cela, faire de la politique autrement » !
« J’ai signé l’appel du comité de soutien à la liste PTB-GO pour faire mentir Mme Tatcher, qui disait qu’il n’y a pas d’alternatives. J’ai signé l’appel « Il est des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer », parce que le PTB s’est ouvert à d’autres partis de la gauche radicale. Ce parti s’est ouvert et est en évolution, comme le souligne l’ appel du comité de soutien. Je soutiens cette liste PTB-GO et voter pour elle sera un vote utile, car elle peut avoir des élus ».
Et après les élections ? « On verra, dit Irène. « Le fait que des personnalités de différents milieux aient soutenu PTB-GO, cela a donné un bon coup de pouce à cette liste. Et les gens qui ont fait cela ne vont pas se contenter d’une opération « one shot ». Il est essentiel que la dynamique d’ouverture continue. Il faut construire quelque chose de neuf qui donne de l’espoir aux gens. Et j’ai l’espoir, qu’au lendemain des élections, les discussions sur la poursuite de la construction d’un rassemblement anticapitaliste et d’initiatives communes continueront entre les partis qui ont composé la liste PTB-GO, le PTB, la LCR, le PC ».
Compte-rendu réalisé par Denis Horman