Communiqué
Ni les diffamations ni la répression ne freineront le mouvement de contestation populaire dans le Rif
Seuls l’élargissement et la radicalisation de la lutte permettront d’arracher les acquis et d’avancer vers l’émancipation
Sept mois se sont écoulés depuis le début du mouvement de contestation populaire dans la région du Rif au nord du Maroc. Ce mouvement prend racine dans la mobilisation populaire qui a eu lieu dans la région lors des soulèvements du 20 février 2011. Il a été redynamisé par le broyage du pêcheur Mohsen Fikri dans une benne à ordures en octobre 2016. La population du Rif réclame le jugement des responsables de la mort de Mohsen ainsi que de cinq autres Rifains tués dans une agence bancaire lors des événements du 20 février 2011. Elle demande également la levée de la militarisation de la province d’Al Hoceima qui devrait être considérée comme une zone sinistrée, l’arrêt des poursuites et les harcèlements contre les petits paysans, et plusieurs autres revendications sociales concernant les services de santé, d’éducation et les infrastructures selon le modèle de développement que souhaitent réellement les habitants du Rif. C’est une indication claire de la faillite des politiques économiques et sociales promues par l’État dans cette région, qui se manifeste par la destruction du tissu productif, le pillage des ressources maritimes et forestières, la faiblesse des principaux services publics comme les cliniques, les universités, les écoles et l’absence d’emplois pour les jeunes.
Tout cela résulte des grands choix de l’État fondés sur la nécessité de rembourser une énorme dette publique en renforçant l’austérité pour les budgets sociaux, sur l’ouverture des secteurs rentables de notre pays aux capitaux étrangers, sur plus d’allégements fiscaux en faveur des riches, la généralisation de la corruption, l’expropriation des terres et l’accaparement des richesses par une minorité, etc.
Ces politiques dictées par les centres de décision étrangers sont légitimées par des institutions « représentatives » qui n’ont rien de démocratiques sous un régime despotique, un gouvernement de façade et une « majorité » parlementaire factice. Tous se sont mobilisés pour faire taire la voix de la population Rifaine qui a clairement exprimé ses revendications dans les différents comités locaux du mouvement de contestation. Ils ont aussi mobilisé les divers organes gouvernementaux, sécuritaires et médiatiques pour faire échouer cette mobilisation profonde, en ayant recours à la répression et l’arrestation de ses militants, l’intimidation et la diffamation et en essayant de créer des conflits imaginaires et marginaux entre les habitants de la région selon le principe des tyrans : diviser pour régner. Ils cherchent à criminaliser le mouvement de contestation, à saper sa crédibilité et cibler ses militant-e-s pour qu’il ne serve pas d’exemple pour d’autres villes et régions du Maroc qui vivent dans les mêmes conditions de marginalisation, d’appauvrissement et de bafouement de la dignité.
Les événements de ces derniers jours indiquent qu’il y a eu un renforcement de l’arsenal de la répression dans la région du Rif, où une multitude de forces (police, gendarmerie et forces auxiliaires) ont été déployées. Des centaines de tentes ont été dressées sur les places publiques et dans les institutions publiques qui servent de campement. Ce qui laisse présager une intervention répressive sauvage à la manière de celles déjà perpétrées par le régime contre les luttes du peuple marocain, en particulier contre la résistance historique dans le Rif.
Nous Al Mounadil-a, courant socialiste révolutionnaire, considérons le mouvement de contestation populaire du Rif comme un véritable exemple de lutte qui doit être suivi par toutes les régions du Maroc au niveau des revendications centrées sur la justice sociale, la dignité et la répartition des ressources naturelles et les richesses produites tant à l’échelle locale que nationale. Deuxièmement, au niveau de la créativité de formes de lutte combatives qui assurent la continuité et la participation collective à la mobilisation. Et troisièmement, au niveau de démocratie de base que représentent les coordinations locales du mouvement qui se répandent dans les différentes zones du Rif.
Nous soutenons la lutte des Rifains et nous saluons leur fermeté et leur détermination contre tous ceux qui combattent leur lutte et leurs aspirations. Nous condamnons la politique d’intimidation et de désinformation de l’État et de tous ceux qui contribuent à justifier ses mensonges. Nous tenons l’État pour responsable de toute intervention répressive contre les habitants du Rif en lutte. Nous appelons à l’élargissement du soutien et de la solidarité et au renforcement des comités de coordination pour empêcher l’isolement du mouvement par l’État et nous affirmons que la satisfaction des revendications des couches populaires au Maroc pour la dignité humaine, la liberté et la justice sociale est incompatible avec la tyrannie et le système de corruption.
Nous, courant Al Mounadil-a, considérons que la tâche de l’heure pour la gauche radicale et pour toutes les organisations de lutte, en particulier les syndicats, les organisations de jeunes sans emploi et les associations qui luttent contre les politiques libérales, c’est de soutenir le mouvement de contestation populaire dans le Rif et œuvrer pour l’étendre à tout le pays. C’est le regroupement des forces de lutte et leur solidarité et l’élargissement de la solidarité internationale qui obligera les gouvernants à satisfaire les revendications des populations en allouant les budgets nécessaires. C’est une opportunité historique que donne la résistance des Rifains, qui s’inspire du leader historique Abdelkrim al-Khattabi, à toutes les couches populaires marocaines pour obtenir des améliorations fondamentales à leurs conditions sociales et marcher sur la voie de leur émancipation du despotisme politique et de l’exploitation capitaliste.
Victoire pour la lutte populaire rifaine
Vive le peuple et la lutte pour la liberté, la dignité et la justice sociale
Courant Al Mounadil-a