La concentration en front commun syndical CSC-FGTB-CGSLB place de la Monnaie à Bruxelles le 23 septembre était, avec 7000 participants, un succès en termes d’effectifs. Certainement en regard du but de 5000 présent.e.s que les organisations syndicales s’étaient fixé. On avait travaillé dans beaucoup de centrales syndicales avec des quotas très stricts, il fallait mettre clairement éviter que trop de militant.e.s laissaient apparaître leur mécontentement déjà maintenant.
Au meeting, les dirigeants des trois syndicats ont tenu des propos durs sur les plans du gouvernement homogène de droite, « gouvernement Monaco », comme est appelé le gouvernement fédéral en formation. Les mesures d’économie des gouvernements régionaux en Wallonie et à Bruxelles, dont le P.S. et Sp.a (à Bruxelles) font bien encore partie, n’ont cependant pas été mentionnées. Comme si celles-ci n’atteignaient pas aussi durement les gens ordinaires…
Vous pourrez lire ici les revendications mises en avant par le front commun. A juste titre, il demande le maintien de l’indexation automatique des salaires et allocations, l’arrêt de la politique d’exclusion à l’encontre des chômeurs, l’accroissement de la lutte contre le dumping social, etc.
Cependant : pas de revendication claire pour l’introduction d’un cadastres des revenus et un impôt sur la fortune, seulement une vague plaidoirie sur le fait qu’un effort particulier est demandé aux gros revenus, pas de revendication pour la suppression de la déduction des intérêts notionnels, seulement un ixième argumentaire pour que les avantages accordés aux entreprises deviennent obligatoirement dépendants de la création d’emplois.
Le meeting s’est achevé, malgré toute la rhétorique bien connue sur l’automne brûlant qui s’annoncerait (« et quoi dès que l’automne sera fini ? » pense-t-on alors) , sans mots d’ordre concrets pour une prochaine action. Il n’y a pas de quoi s’étonner, tant du flou des exigences que du manque d’un véritable plan d’action qui peut inspirer. Cela n’est d’ailleurs pas possible : les appareils syndicaux ne sont pas en état de sauver par leur propre force le mouvement syndical de l’impasse dans laquelle il a manœuvré pendant des années de docilité en comptant sur les amis « politiques » pour adoucir la peine.
Nous recevons toujours le même discours à entendre, des années d’affilée : « la poudre doit être gardée sèche pour quand elle sera vraiment nécessaire ». Entre-temps, les armes gisent à rouiller sous la pluie, les « ploucs » syndicaux restent dans les tranchées, dépourvus de couvertures pour se tenir au chaud (il n’y a heureusement pas pénurie d’anoraks syndicaux) , l’opposant patronal et de droite peut répandre tranquillement sa propagande dans et derrière nos lignes. Basta, assez de ça !
Seul un large débat démocratique à l’intérieur des syndicats, une véritable implication de tou.te.s les membres et militant.e.s, peut aboutir à un cahier de revendications porté massivement, qui n’essaie pas seulement d’adoucir les conséquences mais attaque aussi les causes de la crise, le capitalisme avec son éternelle faim de profit, qui se moque éperdument de la santé, l’environnement, la culture, l’enseignement … des 99% de la population, ainsi qu’à un plan d’action pour imposer de telles revendications.
La LCR-SAP veut contribuer à ceci de toutes ses forces au cours des semaines et mois prochains, dans le mouvement syndical et à l’extérieur. Ce n’est certainement pas encore trop tard, mais c’est clairement urgent au plus haut point si nous ne voulons pas que le rouleau compresseur de droite et patronal nous écrase au cours de la période qui vient. Vous pourrez déjà lire ici la brochure que nous avons distribuée à la concentration syndicale du 23 septembre.