Avant de partir en weekend, le gouvernement a donc bouclé son « plan de relance et de compétitivité ». « Nous sommes arrivés à un résultat qui me semble remarquable » a déclaré Elio Di Rupo, vendredi soir, lors d’une conférence de presse, rue de la Loi.
Il n’y avait que peu de suspense quant aux mesures qui seraient prises. Il fallait seulement régler le dosage. Tout au plus les différents partis ont fait semblant de « résister » pour défendre leur électorat, une posture fort utile pour se montrer à six mois des élections.
De la main gauche…
Le gouvernement Di Rupo diminue la TVA sur l’électricité de 21 à 6% à partir d’avril 2014 (juste avant les élections quoi). A première vue une bonne chose pour les ménages, en moyenne c’est 12% de réduction de la facture électrique, une affaire d’une centaine d’euros l’an. Mais la mesure aura pour conséquence de retarder l’indexation des salaires et allocations en 2014 (après les élections évidemment). La main droite reprend donc l’avantage donné de la main gauche. On ne devrait voir la différence que les années suivantes grâce à l’indexation. Mais tout le monde sait que l’index est menacé et qu’un « grand chantier » débute en janvier 2014 pour le réviser…
Personne ne se plaindra d’une baisse de la TVA, un impôt particulièrement injuste car il s’applique indifféremment aux pauvres comme aux riches, mais on ne peut que se poser quelques questions sur la décision du gouvernement. D’abord pourquoi limiter cette baisse à l’électricité ? La revendication portait sur l’énergie, pourquoi pas au gaz aussi ? Au-delà de ces considérations immédiates la mesure n’est pas la plus intelligente, car elle pourrait inciter à une certaine surconsommation énergétique et elle réduit les recettes de l’Etat que le gouvernement ne prévoit pas de compenser par de nouvelles recettes plus justes. Et on reparlera bien vite de nouvelles mesures d’austérité « pour rétablir l’équilibre des finances publiques ».
Baisses de « charges » : Saint Nicolas est déjà passé pour les patrons !
Le gouvernement a décidé une nouvelle fois d’importantes baisses de « charges » pour les entreprises. Sous forme de trois enveloppes budgétaires pour des baisses de cotisations patronales : 450 millions d’euros en 2015, en 2017 et 2019. Chacune de ces enveloppes étant partagée pour un tiers en baisses de charges ciblées sur les bas salaires, un tiers ciblé sur les secteurs économiques en « difficulté » et un tiers en baisses de charges linéaires (c’est-à-dire sans condition), mais avec une portion (30 millions) dédicacée à la création d’emploi dans le secteur non marchand. L’emploi, le leitmotiv quand il s’agit de donner des cadeaux aux patrons. Tout le monde sait à quel point ces derniers ont été « compétitifs » pour la création d’emplois. La courbe ascendante du taux de chômage est pratiquement symétrique à celle de la réduction des charges patronales qui d’année en année, au fil des budgets, ont atteints des sommets. Privant ainsi la Sécurité Sociale des recettes dont elle a particulièrement besoin en période de crise.
Dans son « plan de relance » le gouvernement fédéral prend aussi une mesure visant à alléger les prélèvements fiscaux sur les bas salaires en pesant sur le précompte professionnel, perçu via l’impôt des personnes physiques. Une formule, le « werkbonus fiscal », qui pèsera trois fois 50 millions d’euros, au même rythme (2015, 2017 et 2019) que les réductions de cotisations patronales. Ici aussi c’est l’Etat qui se saigne pour que les patrons puissent donner l’impression d’augmenter (très peu) les salaires.
Voilà braves gens, c’est la semaine des fêtes patronales qui commence ce 1er décembre par la Saint-Elio. En enfants gâtés, les patrons trouvent qu’ils n’ont pas reçu assez de cadeaux du grand Saint. Ils rêvaient de nouvelles attaques contre les salaires « pas assez compétitifs par rapport à nos concurrents ». Mais ce sera pour l’année prochaine… tout le monde recevra « un petit quelque chose » selon ses mérites
Vous avez été sages, j’espère.
Freddy Mathieu