Il y a un an avait lieu la tragique « nuit d’Iguala »au cours de laquelle 43 étudiants de l’école normale rurale allaient être séquestrés et 6 autres personnes assassinées. La présentation le 6 septembre dernier du rapport du Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants (GIEI), porte une fois de plus un terrible coup à la version officielle du gouvernement de Enrique Peña Nieto (EPN) et à ce qu’il lui reste de crédibilité.
Il ne reste en effet à peu près rien de la prétendue vérité historique présentée par Jesús Murillo Karam, l’ex-procureur de la République, grâce à laquelle le régime espérait clore définitivement le cas des 43 disparus d’Ayotzinapa. Le rapport du GIEI réaffirme qu’il est scientifiquement impossible que les 43 normalistes aient été incinérés dans la décharge de Cocula. Ces conclusions ne font que confirmer les résultats de nombreuses enquêtes indépendantes qui ont toutes mis en lumière le mensonge historique du régime. Ce dernier vient de passer une année particulièrement difficile et a dû faire face une vague de mobilisations populaires à l’ampleur inédite, soutenues par une importante campagne internationale de solidarité. L’image du régime tant à l’intérieur du pays qu’au niveau international en a été profondément modifiée. Le contexte de violence qui règne dans le pays – dû au crime organisé et à l’action répressive de l’État contre les syndicats démocratiques, les mouvements populaires ou environnementaux – et l’incapacité des institutions publiques à protéger l’intégrité et la vie de la population ont vu croître l’exaspération de cette dernière déjà durement touchée par la brutalité des contre-réformes néolibérales. A l’apogée de ces mobilisations, la démission d’EPN était même devenue une exigence du mouvement qui s’est étendu à tous les recoins du pays.
Vivos se los llevaron, vivos los queremos! Une exigence toujours d’actualité !
Les très importantes mobilisations qui ont eu lieu dans l’ensemble du pays le 26 septembre dernier, avec à nouveau un soutien significatif au niveau international, montrent que le gouvernement ne s’en tirera pas à si bon compte. Le 23 septembre, EPN s’était vu forcé de recevoir une nouvelle fois les parents des étudiants dans sa résidence officielle. Ces derniers ont fait part de leur profonde déception à l’issue de cette rencontre qui n’a fait que confirmer l’insensibilité du gouvernement et son absence de volonté politique de lutter contre l’impunité qui lacère le pays. Dans les conclusions de son rapport de 500 pages, le GIEI émet des recommandations dont nombres coïncident avec les demandes des parents. Parmi celles-ci, l’accès des enquêteurs aux installations de l’armée à Iguala, jamais autorisé par les autorités. D’innombrables témoignages, jamais pris en compte dans l’enquête officielle, démontrent de manière indiscutable la présence et l’implication concrète de l’armée, de la police de l’État et de la police fédérale lors des événements. Ce que le gouvernement cherche à occulter, c’est que c’est bien d’un crime d’État dont il s’agit. La lutte sans relâche des parents et de leurs nombreux soutiens a forcé le gouvernement à prolonger le mandat du GIEI pour la poursuite de l’enquête. Il s’agit d’un véritable aveu de sa propre et criminelle inertie. Si la mobilisation pour la vérité et la justice monte à nouveau en puissance et parvient à faire éclater la vérité, les jours d’EPN à la tête du pays et de son régime seront comptés.