Les porte-conteneurs de 110 000 à 250 000 tonnes, jusqu’à 455 mètres de long, ne peuvent pas emprunter le canal de Panama – proche de la saturation mais en travaux d’agrandissement – pour transporter jusqu’à la côte est des États-Unis et jusqu’en Europe, les produits manufacturés asiatiques, chinois surtout…
Élu à nouveau en 2007, le président du Nicaragua, Daniel Ortega, sandiniste reconverti au social-libéralisme et aux idées d’Adam Smith, mais toujours de façon schizophrénique membre du front anti-américain avec Cuba et le Venezuela, a confié à l’entreprise chinoise HKND (Hongkong Nicaragua Development Investment) la construction et la concession pour 50 ans d’un canal transocéanique.
Celui-ci, long de 278 km (trois fois le canal de Panama) entre le Pacifique et la mer des Caraïbes, sera inauguré en 2020. Le chantier a été lancé le 22 décembre dernier. Ortega veut faire du Nicaragua le pays le plus riche d’Amérique centrale. Pourtant du fait du réchauffement climatique, les navires pourront bientôt économiser 9 000 km en passant près du pôle Nord…
Ce canal traverserait et détruirait 400 000 ha de nature tropicale, dont deux réserves naturelles, entraînant le déplacement sans aucune compensation de 30 000 ruraux Ramas et Nahuas, la disparition de 22 espèces migratoires et surtout mettant en danger le lac Cocibolca, deuxième lac d’Amérique latine de 8 000 km2, réserve d’eau indispensable à la survie de la région qui va être asséchée, salinisée et polluée.
Contre les peuples et la nature…
Outre l’opacité du contrat et de l’origine des financements (50 milliards de dollars à ce jour, combien en réalité à terme ?) et des études de faisabilité et de marché, ce projet pharaonique a été conçu contre l’avis du peuple du Nicaragua, le deuxième plus pauvre de la région. En effet, celui-ci a conscience que non seulement, ce projet ne va pas lui apporter la manne escomptée forcément accaparée par les capitalistes, mais aussi qu’il s’agit d’un grand projet inutile, destructeur, menaçant et imposé.
Depuis des mois, les manifestations des paysans menacés et des associations de défense de la nature et de ces populations se multiplient. Ainsi, le 24 décembre, les habitantEs d’El Tule et de Rivas, communes du sud du Nicaragua, ont organisé un « Noël noir » et se sont affrontés aux forces de l’ordre. La police a utilisé des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes, faisant 21 blessés, dont un grièvement, et 33 arrestations.
Les grands projets inutiles imposés sont à l’échelle des continents sur lesquels les capitalistes veulent les développer, et inversement proportionnels au niveau de vie des populations concernées. Comme les peuples du Brésil et de tous les pays de la région Amazone, frappés par les cultures dévastatrices et l’extractivisme, les peuples victimes du Nicaragua se révoltent.
Les Chinois, qui ont déjà dévasté des régions entières de leur propre pays, en sont arrivés à polliniser à la main dans certaines régions et à étouffer dans leurs villes, sont totalement convertis aux vertus financières du capitalisme… cela quoi qu’en disent leurs dirigeants qui lancent aujourd’hui une campagne de renouveau de l’enseignement marxiste dans les universités ! Et ils ne manquent pas de complices tel Ortega.
Source : NPA