Ce n’est pas à vous que je dois expliquer combien je suis fanatique quand on parle de foot. La semaine passée, j’étais encore en pleine effervescence. Mon club va mal. Déjà qu’on est derniers, voilà maintenant que notre patron semble baisser les bras ! Il a pourtant déjà tellement investi dans ce club, des millions… Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens prêts à claquer leur fortune, gagnée honnêtement à la sueur de leur front, dans une boîte locale ? Car mon club, en plus d’être une grande famille, c’est une véritable entreprise. De deux choses l’une : le boss, ou bien il s’est complètement trompé dans sa stratégie d’investissement ou alors il a été saboté. Quand il compare avec les autres clubs wallons, il pencherait plutôt pour la deuxième solution : « Quand on voit l’investissement de Roland Duchâtelet au Standard, il a mis 32 millions, il a déjà repris 20 millions et va revendre le club 60 millions. Moi, j’ai mis un montant important et le jour où je pars, je partirai avec rien. Dans les conditions actuelles, je ne peux plus continuer comme cela. S’il n’y a pas un geste fort de la Ville et si elle ne renoue pas le dialogue avec moi pour trouver des solutions et faire avancer le stade et retrouver les sponsors qui sont partis, moi je ne reste pas ».
En tout cas, il a bien raison de se sentir trompé : de pareils sacrifices pour si peu de résultats, cela n’obéit à aucune loi économique. En plus il y en a qui émettent des doutes, qui prétendent que l’origine des fonds n’est pas claire, que « le foot c’est une grande machine à laver le fric douteux », que « les appels d’offres pour les travaux du stade seront truqués ». Et d’autres qui se demandent pourquoi achever le stade alors qu’il n’y a que quelques centaines de spectateurs à chaque match. Bref les éternels rouspéteurs. Comme si notre Président pouvait se permettre de tremper dans de telles combines alors que tous les projecteurs sont braqués sur la région en raison des « personnalités » qui en font la réputation ?
D’ailleurs le leader du club a bien montré son indépendance par rapport aux autorités à qui il reproche leur attentisme. Les supporters sont venus spontanément pour manifester sur la place de la Ville et soutenir les efforts de leurs dirigeants, même s’ils sont assez mécontents des résultats sportifs. Le Président déclarait le soir même à la RTBF[1] « Quand j’ai vu les problèmes avec les supporters du Standard, j’ai vu les hommes politiques se réunir et essayer de trouver des solutions », abondant ainsi dans leur sens et les remerciant de leur pression sur la Ville.
Notre club, c’est notre vie.
—Edgard