Tchernobyl et Fukushima nous l’ont montré : une catastrophe nucléaire majeure, contaminant durablement plusieurs milliers de kilomètres carrés, est possible. La prochaine peut tout à fait survenir en Europe, où sont implantés plus de 42 % des 438 réacteurs électronucléaires en fonctionnement dans le monde.
Même nos gouvernements pro-nucléaires l’envisagent : ainsi, la Commission européenne a élaboré un projet de règlement fixant les niveaux maximaux admissibles (NMA) de contamination radioactive qui seront appliqués aux aliments en cas d’accident nucléaire. Officiellement, ces normes auraient pour but de nous protéger : l’existence de limites réglementaires permettrait d’interdire la commercialisation des produits les plus contaminés, et donc de protéger les consommateurs.
Dans la réalité, une enquête de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité, laboratoire associatif indépendant créé suite à Tchernobyl) montre que c’est le marché, et non la santé des citoyens, que ce règlement protégera. Le rapport « scientifique » sur lequel s’est basée la Commission est truffé d’erreurs, d’incohérences et d’irrégularités qui vont toutes dans le même sens : minimiser les risques et aboutir à la fixation de limites de contamination excessivement élevées. Autrement dit, être suffisamment laxiste pour qu’en cas d’accident nucléaire, l’industrie agro-alimentaire ne soit pas trop pénalisée…
Pas étonnant quand on sait que les experts à l’origine de ce rapport interviennent dans le cadre du Traité Euratom, qui a pour mission statutaire le développement rapide des industries nucléaires…
Vivre en territoire contaminé ?
Un exemple parmi tant d’autres : pour être suffisamment protectrices, les limites devraient être établies pour les groupes critiques, c’est-à-dire les populations dont 100 % des produits consommés seraient contaminés. Or les limites proposées ne sont valables que si 10 % des aliments… et 1 % de l’eau consommée étaient contaminés ! Ces hypothèses correspondent à Tchernobyl, c’est-à-dire un accident qui surviendrait à plus de 1 000 kilomètres des frontières de l’Europe. C’est donc un mensonge de nous faire croire que ces normes nous protégeront en cas d’accident survenant sur notre territoire.
Citons également la sous-estimation d’un facteur 10 du risque lié à l’ingestion, par des nourrissons, d’aliments contaminés au plutonium 239 ; la non-prise en compte de deux radionucléides clés, le tritium et le carbone 14 ; l’établissement d’une catégorie d’aliments dits de « moindre importance » dont les limites sont 10 fois plus élevées que pour les aliments de base ; etc.
En 1986, après Tchernobyl, le Parlement européen avait réussi à imposer des limites plus drastiques que celles proposées par les experts pro-nucléaires. Aujourd’hui, n’y comptons pas. Esther Herranz-Garcia, rapporteur du projet, nous l’avoue : « en tant que députés, nous devons faire preuve d’humilité et rester en dehors du débat scientifique parce que nous ne sommes pas des scientifiques. Il faut faire confiance aux experts ». Ces mêmes experts qui nous assuraient avant Tchernobyl qu’un accident était impossible. Ils tentent aujourd’hui de sauver leur industrie en nous préparant à vivre en territoire contaminé.
Barrons-leur la route : lutter contre ce projet, c’est s’attaquer à l’un des points faibles de l’Europe nucléaire.
Commission nationale écologie
Pour en savoir plus : http://www.criirad.org/aliments-nma-accidentnucleaire/sommaire.html
Pour signer la pétition lancée par la CRIIRAD :
http://criirad-protegeonsnotrealimentation.wesign.it/fr
Source : NPA