“Ceux qui appellent au boycott ne sont que des antisemites. A partir de maintenant, nous boycotteront ceux qui nous boycottent… » C’est dans ces termes que le Premier Ministre Benjamin Netannyahou a récemment réagi, devant une assemblée de dirigeants juifs-americains a une campagne qui ne cesse de prendre de l’essor. Comment boycotter ceux qui ont dors et déjà fait ce choix ? Le brillant Premier Ministre israélien ne nous donne pas la recette.
Il faut dire que la campagne de sanctions contre Israel est passee ces derniers mois a un stade superieur, et ce beaucoup plus vite que ce nous osions esperer. Le modele sud-africain nous avait beaucoup inspire, et, dans le combat contre le regime d’apartheid, il a fallu de nombreuses annees avant que l’appel au boycott depasse le cadre des initiatives citoyennes et militantes. La campagne BDS menee contre l’Etat colonial israelien, et plus generalement, l’isolement grandissant de ce dernier sur la scene internationale, n’est plus dans sa vitesse de croisiere, et nous ne pouvons que nous en feliciter.
Ce n’est pas un hasard si le ministre des questions strategiques, Yuval Steinnitz, a demande un bufget supplementaires de 100 millions de shekel (20 millions d’Euros) pour lutter contre ce qu’il appelle une vaste campagne de delegitimation d’Israel. « Israel est en train de perdre sa legitimite dans de nombreux pays europeens » ecrit l’editorial du Haaretz du 4 Fevrier. Qu’on en juge : la plus grande banque danoise – Danske Bank – a récemment decide de désinvestir ses capitaux de Bank Ha-Poalim et le second fond de pension neerlandais, PGGM a lui aussi retire ses fonds du systeme banquaire israelien. Quand a l’Etat allemand, ami d’Israel s’il en est, il vient d’annoncer qu’il cesse d’investir dans des projets de developpement lies aux colonies.
Moins obtuse que son premier ministre, Tsipi Livni, ministre responsable des négociations (sic), appelle a soutenir l’initiative du Secretaire d’Etat americain, John Kerry, de peur « de totalement s’isoler dans la scene internationale ».
Pas de doute, et contrairement aux sceptiques, voire ceux qui parlaient d’effets contre-productifs, les consequences du BDS se font sentir en Israel
Parallèlement, le boycott culturel se poursuit, comme l’indique la decision du chanteur francais Titi Robin de ne pas participer au Festival des Musiques Sacrees a Jerusalem. Laissons lui le mot de la fin : « Bonjour, je vous remercie de votre invitation qui me touche beaucoup de jouer à Jérusalem à l’occasion du Festival des Musiques Sacrées. Mais, en raison de la politique dramatique de l’état d’Israël à l’égard des Palestiniens et de la municipalité de Jerusalem à l’égard de ses habitants non juifs, je ne peux y répondre positivement. Je soutiens tous ceux, Juifs, Musulmans, Chrétiens et de toute autre appartenance qui luttent contre l’attitude de ce gouvernement et de l’idéologie qui la sous-tend. Cela a des répercussions dans le monde entier et nous les vivons aussi douloureusement en France. Je salue avec respect mon public de Gaza, Naplouse, Tel Aviv, Bethléem, Bir Zeit, Nazareth, Haïfa, Ramallah, des nombreux camps de réfugiés que je n’oublie jamais, et bien sûr de Jérusalem. J’espère qu’un beau jour proche, la justice règnera sur cette terre sainte et que nous pourrons revenir célébrer en musique notre longue histoire commune ensemble fraternellement. »