Déclaration des jeunes de la IVe Internationale aux 33e Rencontres Internationales des Jeunes (RIJ)
Depuis quelques années, le système capitaliste traverse l’une des crises économiques et politiques les plus importantes de son histoire. À cause de cette crise, les bourgeoisies européennes appliquent des mesures d’austérité pour rester compétitives. A travers toute l’Europe, dans le but d’éviter les conflits sociaux, ils/elles encouragent le racisme en l’utilisant comme un moyen de diviser la classe ouvrière et de détourner la colère de leurs politiques de destruction du système social. La crise a permis aux idées et aux forces réactionnaires de grandir, les mouvements d’extrême droite ont réussi à dominer le débat publique. Les partis de droite comme les sociaux démocrates réagissent à cela en intégrant les thèmes et les revendications de l’extrême droite dans leurs programmes ce qui a pour seul effet de légitimer ces positions dans la conscience de larges parts de la population.
Pour tenter de garder leur pouvoir dans cette crise, les pays impérialistes mènent des guerres de plus en plus destructrices pour le contrôle des ressources et des marchés existants et pour en créer de nouveaux, tout cela dans le but d’augmenter leurs profits. Cette politique est la source d’instabilités régionales, en particulier au Moyen Orient. A l’échelle internationale, cela bouleverse profondément le rapport de force entre les classes.
Dans le même temps, l’augmentation des interventions militaires dans cette région du monde a causé une crise humanitaire et la fuite de millions de personnes. Ce qui vient s’ajouter à une augmentation constante du nombre d’autres migrants qui, chaque jour, fuient toutes sortes d’autres oppressions, dont la première est la domination des pays du Nord sur les pays du Sud, qui crée la pauvreté et la misère.
A cause du colonialisme, beaucoup de ces pays sont gouvernés par des dictateurs et des régimes violents qui persécutent leurs peuples et les forcent à fuir. Comme toujours, les femmes et les personnes LGBTIQ* sont les premières victimes. Dans un certain nombre de pays, le simple fait d’être LGBTIQ* met votre vie en danger et suffit à vous faire condamner à mort. A travers le monde, les femmes risquent quotidiennement d’être agressées, violées et tuées ; d’autant plus que la plupart des états n’offrent aucune mesure de protection contre ces menaces. C’est pour cela que beaucoup de réfugié.e.s sont obligés de risquer leurs vies dans l’espoir d’une vie meilleure. Mais, à leur arrivée dans les pays européens, ils sont placés dans des camps, harcelés et persécutés. Leur situation et leur présence est même instrumentalisée pour justifier les interventions militaires.
Au niveau européen, les instituions de l’UE sont utilisées pour coordonner les politiques anti-immigration des différents pays. Les travailleu.r.se.s immigré.e.s ont toujours été utilisé.e.s comme une main d’oeuvre surexploitable et permettant de justifier une baisse des salaires et des conditions de travail de tou.te.s. La création de Frontex et l’augmentation massive de son budget dans les dernières années montre que la question des réfugié.e.s est devenu l’une des priorités de la classe dirigeante : ils militarisent les frontières et tentent de criminaliser les migrants, en particulier dans les pays par lesquels l’entrée dans l’UE se fait comme la Grèce, la Hongrie ou l’Italie.
Que faire ?
Dans certains pays, malgré l’offensive réactionnaire, nous avons assisté à un soutien massif des migrants de la part de la population. Des manifestations ont été organisés et beaucoup de gen.te.s ont participé à des mouvements humanitaires.
Maintenant, le défi est de donner une dimension politique à ce soutien et de dépasser le simple aspect caritatif. Malheureusement, un racisme paternaliste matérialisé par la vision des migrants comme des gen.te.s inférieur.e.s, en détresse et que nous devons secourir qui est très largement intégré dans les mouvements de solidarité, rend la tâche très difficile. Cette vision purement humanitaire est une opportunité économique pour les états car elle leur permet de se décharger d’un travail d’accueil qui leur est normalement dévolu sur des bénévoles qui le font gratuitement.
A contre courant de cela, nous devons défendre la place de l’auto-organisation et de l’auto-détermination des migrants qui est le seul moyen pour elleux d’atteindre l’émancipation. C’est d’autant plus important pour les femmes et les personnes LGBTIQ* dont la situation est invisibilisée, aussi bien dans la conscience collective que dans le discours dominant. Ils/Elles sont soumi.se.s à une ségrégation et à un isolement par rapport au reste de la population. Souvent, les migrant.e.s sont hébergé.e.s de façon séparé selon leur genre, ce qui crée un vrai problèmes pour les personnes trans.
Nous devons diffuser notre analyse et notre programme. Nous devons convaincre de la nécessité de combattre l’extrême droite et toutes les attaques racistes. Nous devons lutter contre nos gouvernements et leurs impérialismes. Nous devons détruire le racisme structurel des états. Ce sont nos priorités !
Nos revendications !
Dans cette situation, il y a un programme d’urgence que nous devons mettre en avant :
- Nous refusons la distinction entre les réfugié.e.s politiques et économiques, nous devons affirmer que la cause des migrations sont les effets catastrophiques du système capitaliste.
Nous voulons :
- La régularisation immédiate de tous les sans-papiers.
- La fermeture de tous les camps de réfugié.es inhumains, le démantèlement de FrontEx et la fin de toutes les discriminations et les politiques violentes contre les migrant.e.s. (Comme par exemple le système Dublin)
- Le droit pour chacun.e, et particulièrement les migrant.e.s, d’avoir accès à un logement décent, à l’éducation, à des soins de santé et à la satisfaction de ses besoins vitaux.
- L’arrêt des violences policières et des expulsions.
- Le regroupement familial pour tou.te.s.
- L’organisation d’un soutien économique, médical et psychologique pour toutes les femmes.
- Que toutes les raisons qui conduisent les femmes et les personnes LGBTIQ* à fuir leurs pays soient acceptées comme des raisons légitimes d’obtenir le droit d’asile.
Ces revendications sont nécessaires, mais elles ne peuvent avoir d’effet réel que si elles sont formulées dans la perspective d’une rupture avec le système capitaliste et la construction d’une nouvelle société débarrassée de l’exploitation et de toutes les oppressions. Dans cette optique :
- Nous demandons l’ouverture des frontières et le droit pour chacun.e de choisir où/comment vivre et travailler. Nous voulons des couloirs humanitaires vers l’Europe parce qu’aucune mort en Méditerranée n’est acceptable.
- Nous demandons l’augmentation des droits sociaux et des conditions de travail pour tou.te.s. Par exemple par une réduction massive du temps de travail pour permettre à tout le monde de vivre et travailler dans de meilleurs conditions sans être placé en concurrence entre migrant.e.s et locaux.
- Nous défendons une planification sociale et écologique du système de production, sous contrôle des travailleu.r.se.s, pour stopper les guerres que le capitalisme mène dans sa course folle aux ressources naturelles.
Le 33ème camp de jeunes de la Quatrième Internationale réaffirme sa solidarité internationaliste avec tous les migrants et sa volonté de, collectivement, mettre fin à ce système raciste, injuste et violent dans lequel nous vivons pour créer une nouvelle société débarrassée de l’exploitation et de l’oppression.