Le dimanche 20 décembre l’équipe de La Gantoise gagnait 3-0 contre le KV Courtrai ! À la fin du match, les joueurs de Gand on souhaité fêter la victoire avec les supporters dans le stade. Benito Raman, qui était encore joueur de Gand (à Saint-Trond depuis janvier), a pris le micro du speaker pour chanter avec les supporters en tribune. On peut l’entendre chanter « Alle boeren zijn ho.. ». Le speaker a repris le micro avant qu’il termine mais Raman à continué de danser et faire la fête avec les autres joueurs gantois. Pendant ce temps une tribune entière du stade continuait de chanter « Alle boeren zijn homo’s ». Si on la traduit, ça veut dire que « tous les paysans* sont homos ».
Le lendemain, toute la presse sportive en parlait. « Dérapage », « chant anti-brugeois » étaient les termes les plus souvent repris. En effet, parmi les premières réactions, il n’y avait que très peu de journaux qui parlaient d’homophobie. Ce n’est qu’après le travail des associations L.G.B.T. comme « Wel Jong Niet Hetero » (« Jeune mais pas Hétéro ») qu’on a pu un peu centrer le débat sur le problème.
La médiatisation ponctuelle n’a cependant pas pu changer la pratique dans les stades. Nous qui sommes des habitués des matchs et supporters d’Anderlecht, avons entendu souvent ce chant. Cela fait de nombreuses années que nous l’entendons dans le Kop (tribune où se regroupent les « ultras » les supporters les plus actifs d’un club de football) anderlechtois où quand nous regardons différents matchs belges à la télévision. Suite à la polémique dans la presse, la fréquence du chant homophobe a encore augmenté dans les stades belges. Les journalistes laissaient maintenant passer le chant (pourtant bien audible, que ce soit dans le stade ou à la télé) sans aucune indignation ni remarque et aucun arbitre n’a arrêté le jeu.
Nous sommes choqués de voir à quel point la presse et les institutions du foot professionnel (ligue, clubs,…) sont capables d’accepter l’homophobie, le sexisme, le racisme et autres xénophobies dans les tribunes comme s’il s’agissait de quelque chose de normal. Cette passivité face à ces chants oppressifs devient malheureusement banale dans nos stades. Il y a quelques années, l’un de nous deux avait réagi aux propos d’un petit groupe de fachos (5 personnes) dans le kop anderlechtois. Ils avaient hurlé : « sale noir » et fait des cris de singes en direction d’un joueur noir d’une équipe adverse. Les stewards (chargés de la sécurité dans le stade) ont refusé de réagir en prétextant qu’ils/elles n’avaient rien entendu. Cela s’est reprodui plusieurs fois et il n’y a jamais eu de réaction des stewards, ni du club. Pour d’autres matchs, c’était toute la tribune qui criait « racing kebap » à l’attention des supporters du Racing Genk et sa communauté turque.
En ce qui concerne les cris homophobes cela va encore plus loin. Nous ne comptons plus les fois où l’on nous a dit que « tapette » (ou « jeannette » en néerlandais) étaient des termes qui font « partie du foot » et que ça n’avait rien de méchant. Le sexisme est aussi omniprésent dans le foot, que ce soit au niveau des supporters (« il joue comme une gonzesse ») ou au plus haut niveau. Prenons le cas d’Eva Carneiro du staff médical à Chelsea (il existe de nombreux autres cas) : le coach José Mourinho l’avait écarté du staff médical parce qu’elle avait été soigner un joueur de l’équipe (Eden Hazard) comme cela se fait à chaque match. Le coach avait qualifié publiquement Eva Carneiro de « naïve » et qui « ne comprend pas le jeu » pour avoir interrompu le temps de jeu.
Heureusement ces faits ne viennent pas de la majorité des supporters ou des professionnels du foot. Malgré tout il s’agit de la minorité bruyante ce qui donne l’impression que tout le monde dans les tribunes partage ces idées nauséabondes. Il est pour cela important que les clubs de supporters agissent de manière visible, dans et autour des stades, pour que ces propos cessent. Un exemple à suivre pourrait être celui des supporters allemand.e.s qui, dans plusieurs stades, ont amené une banderole « refugees welcome » ou une autre « kick the racism out » (« dégageons le racisme »).
* Les « boeren » (« paysans »), c’est le terme employé par plusieurs supporters de différents clubs pour définir les supporters du FC Bruges, ces derniers se sont réappropriés ce terme.