Ce dimanche, à l’initiative du PTB, la Protestparade a mobilisé plus de 5.000 personnes dans les rues de Bruxelles. Un beau succès qui est aussi un aperçu de ce qu’inspire l’accord gouvernemental le plus antisocial qu’on n’ait plus vu depuis des décennies. Il y a en effet de quoi protester: entre la pension à 67 ans, le travail forcé des chômeurs-euses et allocataires sociaux, le renforcement de la chasse aux sans-papiers, le prolongement des centrales nucléaires, la réduction de la norme de croissance des soins de santé ou encore le blocage des salaires, la liste des mesures imbuvables est bien longue!
Nous nous réjouissons de la réussite de cette mobilisation. Malheureusement, nous avons pu constater que nous n’étions visiblement pas les bienvenu-e-s puisqu’un cordon sanitaire de stewards était installé pour nous maintenir en queue de cortège avec les autres groupes politiques présents, comme les JAC, le PC ou le PSL, mais aussi certaines associations et collectifs pourtant indépendants des organisations politiques. Le service d’ordre a justifié ce cordon sanitaire par des craintes d’infiltration du cortège par l’extrême droite (!). Il est incompréhensible que ce prétexte serve à séparer de la manifestation d’autres organisations de gauche et de mouvements sociaux extérieurs à l’obédience des organisateurs. Pourquoi adopter une attitude qui relève d’un sectarisme particulièrement malvenu et étonnant à l’heure où le monde du travail et le PTB lui-même appellent à construire un large front de résistance sociale?
Plus grave encore: certains militant-e-s de ces mêmes organisations et collectifs se sont vu empêcher manu militari à plusieurs reprises de diffuser des tracts aux participant-e-s dans le cortège. Nous nous demandons ce qui, dans nos tracts, pouvait faire si peur aux organisateurs de la Protestparade pour susciter une attitude si peu démocratique. Quel danger y a-t-il à ce que les manifestant-e-s puissent découvrir un point de vue de gauche autre que celui du PTB ? La diversité à gauche n’empêche pas les victoires, que du contraire ! Le score des listes PTB-Gauche d’Ouverture l’a montré avec éclat. La démocratie interne à la gauche, les rencontres entre courants, sont des éléments essentiels pour alimenter de manière constructive les nécessaires débats à mener sur les façons de faire gagner la résistance sociale. Nous déplorons fortement l’attitude des organisateurs de la Protestparade et nous espérons pouvoir à l’avenir avancer ensemble dans le respect pour renforcer notre lutte commune contre les politiques austéritaires.
Remarque: Interpellés à ce propos, nous tenons à rajouter que, si le rapport qu’en fait le PTB est partiellement exagéré et vise manifestement à dédouaner la responsabilité des organisateurs, le comportement du PSL était tout aussi consternant. Il était particulièrement puéril de leur part de vouloir forcer le service d’ordre -déjà bien en place depuis le départ- pour venir se placer devant le bloc de la LCR-SAP, abandonnant ainsi en fin de cortège les autres composantes du soi-disant « bloc » anticapitaliste appelé par le PSL lui-même. Mais, surtout, malgré la violence symbolique de ce cordon sanitaire et la fermeté de certains stewards PTB, l’agressivité dont ont fait preuve certains militants PSL était totalement inacceptable. Pour notre part, nous aurions aimé qu’une mobilisation telle que la Protestparade, qui donne réellement le coup d’envoi d’une longue série d’actions de résistance à l’austérité, ne donne pas lieu à ces inutiles rapports de force virils entre organisations de gauche radicale. Outre le fait que la grande majorité des manifestant-e-s présente-s n’en ont rien à faire, notre énergie collective serait bien plus efficace à la construction d’une riposte ferme et solidaire au gouvernement Michel Ier et à ses mesures 100% à droite