Celles et ceux qui connaissent le PTB depuis vingt ans ou plus peuvent en témoigner : ce parti s’est toujours caractérisé par son maximalisme. La surenchère était parfois de gauche – dénoncer le « réformisme » de l’impôt sur la fortune, parfois de droite – traiter le Che «d’agent de l’impérialisme russe »… Mais le but principal était toujours d’occuper la position la plus extrême, pour dire : « Seul le PTB défend ceci ou cela… »
Le PTB nouveau
Le PTB nouveau est aux antipodes de ce maximalisme. Selon Vincent De Coorebyter (CRISP), le PS, s’il était dans l’opposition, défendrait le même programme que Raoul Hedebouw. Ce n’est pas exact : de Coorebyter sous-estime la profondeur de la conversion social-démocrate au néolibéralisme. Même dans l’opposition, Di Rupo ne prendrait pas le risque de défendre le bouquet de mesures anti-austérité mis en avant par le PTB…
Ce qui est vrai, par contre, c’est que le programme du PTB aurait pu être porté par un parti social-démocrate il y a 30 ou 40 ans. Le programme de l’Union de la Gauche française en 1981, par exemple, prévoyait la nationalisation des banques et la dissolution de l’OTAN – deux revendications que le PTB ne porte pas dans son programme pour le 25 mai. Dans notre pays, le congrès de 1959 du PSB adopta le programme de réformes de structure de la FGTB – nationalisation de l’énergie, du crédit, et service national de santé – qui était, par certains côtés, plus radical que celui du PTB aujourd’hui.
Des réformes, oui!
Certains partis de gauche considèrent que la participation aux élections sert à faire de la propagande pour le socialisme. Ce n’est pas notre conception. Selon nous, un programme électoral doit répondre aux problèmes de l’heure d’une manière qui soit accessible par les 99%. Nous ne sommes pas « réformistes » mais nous sommes pour des réformes. Dans le contexte actuel – dégradation des rapports de forces, chômage massif, précarité et emprise de l’idéologie dominante – le PTB a raison de développer surtout des revendications immédiates bien concrètes, et d’organiser son programme autour de l’idée simple qu’il faut un changement de cap social.
La LCR est d’accord avec cette démarche. Mais, selon nous, cela ne suffit pas. En effet, ces revendications immédiates n’offrent pas de solutions structurelles aux grands problèmes. Le chômage par exemple : il frappe 24 millions de personnes en Europe, 600.000 en Belgique. Face à cela, le PTB demande le remplacement des prépensionnés par des jeunes et des investissements publics pour créer des emplois publics. C’est excellent, mais ne donnera pas un job à tout le monde.
«Le capitalisme ne peut apporter de réponse fondamentale au problème de l’emploi », dit le programme du PTB. C’est exact. Il faut donc oser mettre en avant des réformes de structures franchement anticapitalistes.
Créer une dynamique de rupture
Dans notre jargon, nous appelons cela un « programme de transition». L’idée est de créer, par la lutte, une dynamique de rupture avec le capitalisme, de jeter un pont entre les revendications immédiates –insuffisantes- et l’alternative de société –qui paraît aujourd’hui inaccessible. De ce point de vue, et quoiqu’ils couvrent moins de thèmes, les « 10 objectifs » de la FGTB de Charleroi nous semblent plus convaincants que le programme électoral du PTB. En effet, ces « 10 objectifs » incluent les 32H, la nationalisation des banques et celle de l’énergie. Ces trois revendications sont à notre avis incontournables.
Le vide entre le programme minimum et le programme maximum doit être comblé, sans quoi le maximalisme risque de céder la place au minimalisme, qui entraîne la perte de toute boussole stratégique – comme dans la social-démocratie. On nous rétorquera que le « programme de transition », en soi, n’est pas la panacée. C’est exact : s’il est conçu comme un dogme, indépendamment du mouvement réel, il peut devenir un synonyme du programme maximum. Mais les « 10 objectifs » de la FGTB de Charleroi prouvent qu’anticapitalisme ne rime pas nécessairement avec marginalité, même dans les circonstances difficiles d’aujourd’hui…
Maximalisme et minimalisme : entre ces deux écueils, la voie est étroite. Il est à espérer que la collaboration au sein de PTB-GO favorisera à ce sujet un débat fraternel… Nous en avons toutes et tous le plus grand besoin. Ecrits par des candidat-e-s LCR sur les listes PTB-GO, les articles qui suivent dans ce dossier n’ont d’autre but que d’y contribuer… La suite dépendra en dernière instance de la lutte des classes.