Ciel rouge, smog tenace, visibilité réduite à 30 mètres dans certaines villes, population contrainte de porter des masques en permanence – y compris à l’intérieur, au moins 500 000 victimes de maladies respiratoires… Phénomène récurrent lors de la saison sèche, les feux de forêts en Indonésie ont battu tous les records en 2015.
L’une des plus grandes catastrophes écologiques de notre temps trouve sa source dans la culture de palmiers à huile dont l’industrie agroalimentaire est friande. Ces centaines de milliers d’hectares de forêts disparaissant sous les flammes, menaçant d’anéantir des milliers d’espèces uniques (orangs-outans, rhinocéros, tigres, léopards…) viennent ajouter une brume épaisse à la pollution de l’air industrielle chronique qui provoque plus de 700 000 morts par an en Asie du Sud-Est.
Multinationales de l’agro-alimentaire criminelles
Il ne s’agit pas seulement d’arbres en flammes, mais aussi de la terre elle-même qui brûle : des feux de tourbière très difficiles à éteindre et qui, entre autres gaz nocifs, relâchent pendant des mois du méthane, du monoxyde de carbone et de l’ozone.
Cette année, à cause d’un El Niño particulièrement fort, les feux se sont étendus sur près de 5000 km, émettant plus de CO2 en trois semaines que l’Allemagne en un an.
Fin octobre, le président indonésien Joko Widodo a déclaré vouloir mettre fin à toute nouvelle extension des cultures sur brûlis, si profitables pour les entreprises exploitant l’huile de palme. Mais ces apparentes bonnes intentions sont sans base légale contraignante et toutes les mesures prises jusqu’ici se sont systématiquement heurtées à la non-collaboration des autorités locales, facilement corruptibles, ainsi qu’à l’opacité des multinationales qui ne rendent aucun compte sur les territoires qu’elles contrôlent et cultivent.
Privatisation des bénéfices et socialisation des pertes
Parmi celles-ci, les géants Starbucks, PepsiCo, Kraft, Heinz et Unilever sont particulièrement pointés du doigt. Pendant que ces grands groupes empochent des bénéfices colossaux, les autorités indonésiennes doivent massivement débourser pour contenir les incendies et venir en aide aux populations affectées. Seul espoir d’atténuer le feu dans l’immédiat : l’arrivée de la saison des pluies… et des inondations qui vont avec.
Source : solidaritéS