Le 1er mai à Charleroi, je n’y étais pas. J’étais à 50 km de là mais You Tube m’a permis de visionner les discours qui ont été tenus devant la FGTB par Antoine Tihoux, responsable des Jeunes FGTB, et Carlo Briscolini, Président de la Régionale et Secrétaire de la Centrale Générale. Je m’y suis particulièrement intéressé car où j’étais, plusieurs personnes, tout autant éloignées que moi de la « scène du crime », ont été alertées par les « réseaux sociaux » de faits graves qui se passaient à Charleroi. Selon ces sources, on assistait à un véritable « schisme » dans la FGTB carolo suite aux paroles « démesurées » du premier cité, les messages assuraient que les militants « quittaient en masse » le meeting pour se mettre à l’abri des propos dévastateurs du jeune leader.
Je suis maintenant rassuré, après avoir vu et écouté le film de ces « évènements »… J’y ai vu quoi ? Un « solide gaillard » comme dit mon ami Gilbert, qui exprime toute la rage de cette jeunesse désabusée contre le système qui nous broie, lui et la jeunesse, et nous leurs ainés. J’ai même trouvé qu’il était encore trop gentil quand il a pris le temps de rappeler l’ABC du syndicalisme : indépendance syndicale par rapport aux partis et au pouvoir, attachement à la lutte des classes, critique lucide du système capitaliste « qui nuit gravement à notre santé »… Bref il a remis le syndicat au milieu du village, contrepouvoir qui attend de ses amis politiques qu’ils prolongent son action et non pas qu’ils la freinent ou la sabotent. Antoine a en conséquence qualifié le PS et Ecolo de « faux amis ».
Cela a choqué les huiles qui ont préféré s’éloigner pour se réfugier sous l’aile protectrice de leurs « vrais amis », les ténors socialistes[1]. Indiquant par là que les « éminences » sont fort éloignées des « fondamentaux syndicaux » et encore plus de la rage qui gagne de plus en plus une large couche de syndicalistes qui ne croient plus à la « politique du moindre mal » et au compromis permanent avec la droite. Dire « faux amis » ce n’est finalement pas plus impoli que de reconnaître, comme Rudy Pirquet, responsable du SETCa Charleroi que « c’est clair que le PS a fait des conneries ». Mais il y a chez le second une sorte de résignation qui vaut absolution permanente alors que pour les syndicalistes combattifs c’est « 25 ans de capitulations et de collaboration avec la droite, basta ! »
Finalement ce sont « ces gens-là, Monsieur », les apparatchiks, qui sont les séditieux, préférant les manœuvres, les coulisses, les compromis, à la transparence du débat contradictoire, à la diversité, à la pluralité et surtout à la combativité syndicale.
–fRED
[1] Anecdote, parmi les « mécontents », faisant des grands gestes enjoignant « ses troupes » à quitter le meeting, l’ex-Secrétaire Fédéral de la FGTB, Daniel VanDaele, le camarade « 36 mandats ». Lui, il est sur les listes du PS et dit de Paul Magnette « Nous avons appris à nous connaître et à nous apprécier. C’est vraiment l’homme qu’il fallait à Charleroi ! »