Le décès de Rémi Fraisse, ce week-end à Sivens dans le Tarn, n’est pas un accident. C’est le résultat de deux mois de violences policières croissantes envers les opposantEs à un barrage que les experts de Ségolène Royal viennent de disqualifier sur de nombreux points du dossier.
Rémi, jeune toulousain de 21 ans et militant investi au sein de Nature Midi-Pyrénées, a été victime de l’explosion d’une grenade offensive dans le dos. De nombreux témoignages mettent en cause la responsabilité policière dans un contexte où les tirs de lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de flash-balls ont duré une partie de la nuit. Durant la nuit où Rémi a trouvé la mort, au moins dix personnes ont été évacuées à l’hôpital, dont trois avec des blessures graves.
De peur de voir se multiplier les résistances comme à Notre-Dame-des-Landes, l’État cherche à briser par la violence et la criminalisation un mouvement qui s’étend et s’approfondit.
Un rassemblement réussi
Environ 4 000 manifestantEs, beaucoup de jeunes, ont fait le déplacement dans une ambiance d’abord festive. La solidarité est venue de toute la France, y compris des représentantEs d’autres luttes contre des grands projets inutiles imposés, Notre-Dame-des-Landes par exemple. Un week-end très réussi et bien organisé : parking, navettes, aire de campement, chapiteaux avec activités ludiques, stand d’information des associations et des politiques, lieux de débats, restauration, etc.
Débats et témoignages se sont succédés. Un bon millier de personnes ont écouté avec attention toutes les interventions, pour la plupart convergentes dans les grandes lignes.
Changer de société
Bien présent, le NPA a montré l’engagement de notre parti pour le maintien d’une agriculture solidaire, écologique et non-productiviste. Prenant la parole au nom du NPA, François Favre a fait le parallèle entre le barrage de Sivens, le barrage de la Barne dans le Gers et d’autres projets similaires dans tout le Sud-Ouest. Chiffres à l’appui, il a montré le coût exorbitant de cette production d’eau pour irriguer des cultures de maïs intensives. Il a aussi démonté le mécanisme des conflits d’intérêts dans des montages financiers faits en dehors de toute consultation et de toute participation de la population. C’est bien le système capitaliste qui génère ce genre de projet, où les profits à venir pour quelques-uns motivent une offensive contre l’intérêt de tous. Pas d’autres solution que de changer de modèle de société.
Bien accueilli, Philippe Poutou est arrivé samedi en fin d’après-midi, où il a pu échanger avec de nombreux acteurs de la lutte et participer à diverses activités.
La lutte doit s’amplifier
Commandé par le ministère de l’Écologie, le rapport d’expertise critique fortement le projet, donnant ainsi raison aux opposantEs, mais « juge difficile d’arrêter le chantier » ! Les travaux sont suspendus jusqu’à mercredi 29 octobre. La décision de reprise est entre les mains du gouvernement et du conseil général.
La mort de Rémi ne doit pas rester impunie. Comme l’ont revendiqué des milliers de manifestantEs un peu partout en France, « ni oubli ni pardon » ! Ainsi lundi à Albi, 500 personnes se sont rassemblées devant la préfecture avant de converger vers le tribunal de grande instance. Le cortège s’est vu bloqué par les gardes mobiles, le centre ville encerclé et les gazages ont commencé, comme la veille à Gaillac. La journée s’est soldée par une dizaine d’arrestations.
Depuis lundi, des contrôles routiers, avec gendarmes en tenue militaire, ont été mis en place dans le département, notamment sur les routes d’accès à la ZAD du Testet… Le NPA condamne cette situation de violence policière provoquée par l’obstination du conseil général et de l’État, une obstination qui vient de conduire à l’irréparable. Des rassemblements ont lieu dans les jours qui viennent : soyons y nombreuses et nombreux ! Rien n’arrêtera le mouvement.
CorrespondantEs du NPA 81
Source : NPA