Tel était le thème de la conférence-débat organisée par la Formation Léon Lesoil au Pianofabriek, à Bruxelles, mardi 13 septembre dernier et qui s’est déroulée devant une quarantaine de personnes. De nos jours, on ne compte plus le nombre de délégué/es syndicaux abusivement sanctionnés (astreintes) ou arbitrairement licenciés. Mais l’objet plus particulier de la conférence de ce mardi concernait la poursuite de délégués syndicaux sur le plan PÉNAL pour des faits liés à des grèves ou à des manifestations.
Fernand Fyon et Silvio Marra étaient à la tribune. Ex-délégués FGTB aux Forges de Clabecq et ex-inculpés par le parquet de Nivelles, avec 11 autres de leurs camarades (dont Roberto D’Orazio) pour des faits liés à la lutte résolue de 2.000 sidérurgistes refusant la mort de leur usine en 1997, ils n’avaient personnellement ni bousculé ni frappé de curateurs ou de gendarmes. Mais faisant partie de la délégation syndicale qui avait conduit cette lutte mémorable, ils avaient été considérés par le procureur de Nivelles comme responsables de tout ce qui s’était déroulé pendant des mois de lutte. Après 5 ans de mobilisation contre leur procès, Fernand, Silvio et les 11 autres inculpés ont été acquittés en 2002.
Plus près de nous, Tanguy Fourrez vient d’écoper de deux ans de prison, avec sursis, pour un coup porté à un commissaire de police lors d’une bataille de rue entre travailleurs et policiers (dont plusieurs en civil) qui harcelaient des manifestants. Comme Tanguy l’a répété, il ne connaissait pas personnellement le commissaire Vandersmissen. Heurté par la brutalité des policiers en civil qui traînaient sur le sol les manifestants tombant entre leurs griffes, Tanguy a réagi spontanément face à un commissaire de police déchaîné qui aspergeait de spray au poivre tous ceux qui étaient à sa portée. Gageons que, placés dans pareille circonstances, pas mal de manifestants auraient agi de la même façon.
C’est d’ailleurs ce qui avait motivé un appel de soutien signé par plusieurs centaines de syndicalistes et d’intellectuels qui avaient demandé l’acquittement de Tanguy. A travers cette conférence-débat, il était important de replacer l’affaire Tanguy sur son véritable terrain, celui de la lutte sociale, et non pas dans la rubrique « faits divers violents» dans laquelle pas mal de journalistes avides de sensationnel et d’images spectaculaires ont froidement classé le délégué syndical Tanguy Fourez.
En plus des deux ans de prison, Tanguy risque de devoir payer des indemnités très importantes. Un appel financier, qui a déjà recueilli plusieurs milliers d’euros, continue de circuler. Le soir de la conférence, bien que nous n’avions pas annoncé à l’avance qu’il y aurait un appel financier à la fin de la séance, près de 80 euros ont été récoltés en quelques minutes.
Si vous n’étiez pas à la conférence, c’est peut-être le moment de verser votre soutien au compte Soutien à Tanguy Fourez n° BE83 1261 0871 2115 avec la mention.
Sur la photo, de gauche à droite ; Tanguy Fourez, Silvio Marra, Francine Dekoninck (militante CGSP), Fernand Fyon.