Dans l’article écrit mi-janvier (De la mobilisation à la concertation, la montagne accouchera-t-elle d’une souris ?), les organisations syndicales venaient de prolonger la trêve jusqu’à la fin du mois. FGTB et CSC annoncent maintenant un nouveau plan d’action.
Nous nous réjouissons du fait que le front commun reste uni contre la politique du gouvernement de droite, contre le saut d’index, pour des services publics et une sécurité sociale forts. Nous serons dans l’action, comme nous l’avons toujours été. Mais nous maintenons notre message: il n’y a plus moyen de gagner par une stratégie de concertation qui ne recourt à l’action que comme force d’appoint ; face au patronat de choc et au gouvernement de droite, il faut opter pour un syndicalisme de combat à moyen et long terme; il s’agit de conscientiser et de mobiliser les travailleur.euse.s en profondeur autour d’une alternative d’ensemble : il s’agit aussi de créer les conditions politiques de la mise en œuvre de cette alternative.
Les événements des derniers mois nous renforcent dans notre conviction qu’il n’y a pas d’autre stratégie possible. Les quelques dérogations aux nouvelles dispositions sur les prépensions sont positives, mais impliquent que le régime général imposé par le gouvernement est avalisé. Les miettes concédées par les patrons dans le cadre de l’AIP seront bien vite éparpillées par les mesures d’austérité du gouvernement. Ce qui a fait le succès des mouvements sociaux de novembre à décembre 2014 c’est la combinaison des « quatre balises » du front commun et d’un plan d’action pour les imposer. Dans le long tunnel de 2 mois de négociation, cette alchimie objectifs/plan d’action a été neutralisée, la combativité a vacillé et des signes de désunion sont apparus.
Désunion entre organisations – sur l’appréciation des miettes concédées par les patrons dans le projet d’AIP. Mais désunion aussi au sein des organisations – comme l’ont montré le vote très partagé à la CSC, et, à la FGTB, la crainte de la CGSP de se retrouver seule dans l’action. La FGTB a eu raison de ne pas signer mais elle aurait pu éviter de s’embourber dans cette stratégie de la « négociation à reculons ».
On repart au combat, tant mieux ! Nous avons un urgent besoin d’objectifs dignes de ce nom… Le scandale Swiss Leaks souligne la nécessité d’une fiscalité juste. Marc Goblet s’est prononcé récemment pour un impôt sur les patrimoines et pour la globalisation de tous les revenus avant taxation : c’est une bonne première clarification.
Mais, pour récupérer le terrain perdu depuis le 15 décembre, il faut aussi tirer les leçons : non au saucissonnage des revendications, construisons ensemble le rapport de forces pour gagner ensemble ; dans ce but, ajoutons le retrait des mesures chômage à nos revendications, précisons notre refus de tout allongement de la carrière et renforçons le front commun. Oui, on peut gagner, mais, pour cela, il faudra aller plus loin et faire au moins autant voire plus encore que pour le premier plan d’actions.