Depuis plusieurs mois on avait prévu pour le 11 octobre une Journée d’action européenne contre les accords commerciaux TTIP (EU-USA), CETA (EU-Canada) et TiSA (accord sur le commerce des services). Les organisations et mouvements qui se sont topé dans les mains pour cette action différaient de pays en pays : il s’agissait globalement de groupes pour la défense des droits des citoyens, d’ altermondialistes, de syndicats, d’ organisations paysannes, de mouvements politiques etc. L’idée était de prendre de manière décentralisée, mais le même jour, les initiatives qui semblaient les plus adéquates suivant les circonstances et possibilités : manifestation, meeting, conférence, distribution de tracts etc.
En Belgique, l’initiative est partie de quelques organisations-coupoles et alliances qui atteignent chacune une série d’organisations et mouvements. Il s’agissait en premier lieu de l’Alliance D.19-20, la branche belge de Alter Summit et du CNCD-11.11.11. D19-20 est l’alliance de quelques centrales syndicales, organisations paysannes et initiatives citoyennes qui ont mené une action le 19 décembre de l’année dernière pendant le sommet Européeen à Bruxelles ; Alter Summit s’adresse au niveau Européen à toutes les organisations qui s’opposent à la politique non démocratique et asociale de l’Union Européenne. Enfin, le CNCD est la coupole des organisations en Belgique Francophone. Une des spécificités de l’initiative qui s’est déroulée le 11 octobre à Bruxelles est qu’ il y avait un apport des diverses régions du pays, même de la petite communauté germanophone (Cantons de l’Est) où les militants éleveurs de bétail laitier (membre de MIG-EMB) sont actifs.
Ceux qui avaient pris l’initiative avaient opté pour un « meeting festif » : une partie avec contenu de 15 à 18 heures, suivie d’une fête, des performances musicales et la possibilité de manger et boire quelque chose.
Lieu de l’événement : La Tricoterie, salle aménagée depuis peu et pas encore très connue près de la Gare du Midi.
La réunion a été un vrai succès; près de 300 personnes y ont consacré leur samedi. Et je suppose que peu d’entre eux se seront sentis floués.
Une série d’orateurs a éclairé à partir de divers points de vue l’opposition aux TTIP, CETA et TiSA :
- Pascale Sabido de Corporate Europe Observatory a surtout traité le manque total de contrôle démocratique sur les négociations menées et la part envahissante des lobbys dans l’élaboration .
- Verveine Angeli de l’Union syndicale Solidaire (France) a établi le lien entre la politique de libre commerce, la concurrence interne au sein de laquelle les travailleurs sont mis sous pression et le dumping social qui en est la conséquence .
- Enzo Maragliano, délégué syndical dans la compagnie pétrolière Total, a montré de façon détaillée quelle stratégie déployée mondialement une multinationale pareille suit, en particulier les énormes possibilités de profit que ce secteur vise avec les tout comme STOP TTIP nouveaux procédés d’extraction de pétrole, extrêmement polluants, comme les sables bitumeux, le fracking, le gaz de houille .
- C’est aussi du fracking et d’autres procédés d’exploitation agressifs qu’il était question dans la conférence très instructive de Michaela Popescu, active à SOS Rosia Montana, résistance citoyenne à un projet Canadien de construction de mine d’or à grande échelle en Roumanie. Popescu a souligné la forte pression que les Etats-Unis exercent en Roumanie et Bulgarie pour y procurer l’accès à des entreprises américaines de fracking. On y investit même des sommités comme Hilary Clinton, Joe Biden, Wesley Clark…
- Vladimir Naddu du « Réseau Européen contre la privatisation et la commercialisation de la santé » (voir la communication sur le site SAP à propos de leur Manifeste récemment paru).
- . Frank Vanaerschot a expliqué que l’initiative Hart boven hard (« Le cœur pas la rigueur ») est bien dirigée en premier lieu contre les programmes gouvernementaux Flamands et Belges ; mais, tout comme STOP TTIP, s’inquiète du dumping social qui en sera la conséquence. D’où le soutien à la campagne anti-TTIP/CETA/TiSA.
- L’éleveur de bétail laitier Erwin Schöpges (MIG, EMB) a parlé de la situation intenable des petits producteurs, sous la pression sans freins de méga-industries, et del’atteinte à la qualité de la nourriture qui en résulte.
Divers orateurs ont dit le soutien de leur organisation aux actions que D19-20 planifie pour le 19 décembre 2014 pendant le Sommet Européen à Bruxelles. Il y a eu aussi des interventions en ce sens dans le public.
Ce qui a frappé dans à peu près tous les exposés, et sur quoi Thomas Englert (D19-20) a mis l’accent à juste titre dans la conclusion, c’est que dans la résistance grandissante contre les rapports sur la liberté du commerce, il n’est pas ou peu question de la protection de nos entreprises contre la concurrence étrangère. S’il s’agit de « protectionnisme », il en va alors de protection contre la démolition des normes sociales, sanitaires et écologiques, protection contre une prise de pouvoir des grandes entreprises et l’atteinte ultérieure au peu de démocratie qui reste.
Et ensuite, la partie festive a pu commencer.
Traduction : Michèle Marteaux