Notre site publie depuis quelques semaines des interviews de personnalités et de syndicalistes qui s’expriment sur l’importance de la campagne PTB-GO! et ses suites au-delà du 25 mai. Dans ce cadre, nous nous sommes entretenus avec Robert Sénéchal, secrétaire des métallurgistes FGTB (MWB) du Hainaut occidental, dont nous avions déjà reproduit le discours prononcé le 5 avril au meeting PTB-GO! de Charleroi. Robert et ses camarades du Hainaut occidental ont contribué à la réflexion interne qui a conduit la MWB Hainaut-Namur à appeler à voter pour la gauche anticapitaliste. A l’instar de la délégation FGTB de Caterpillar, les métallos du Hainaut occidental vont toutefois au-delà de cet appel de vote: ils se prononcent explicitement pour le rassemblement PTB-GO! ( LCR-web)
Robert, j’ai pu lire dans une dépêche d’agence que tu avais donné « ta consigne de vote aux affiliés ». La formule me semble un peu curieuse, peux-tu expliquer ce qu’il en est ?
Il est vrai que c’est un fameux raccourci ! En réalité, dès 2012, la Fédération a lancé un véritable travail de fond. Autour de – et grâce à – cette réflexion, s’est créé un Groupe de Travail qui a conçu une motion pour le Congrès statutaire de la FGTB Métal Hainaut (Namur, le 23 novembre 2012). Intitulée « Quelle Gauche ? », cette motion a été adoptée à l’unanimité[1]. Nous nous y demandions « si le PS pouvait encore être le relais politique des aspirations et des revendications du monde du travail » -poser la question, c’est y répondre- et nous y disions que nous faisions une priorité de la « formation d’une alternative politique qui soit fidèle au monde travail » et ce, « sur base d’un programme anticapitaliste ».
Une motion c’est bien, mais il faut qu’elle puisse se traduire par des actes concrets. En 2013, en Wallonie picarde, nous avons donc organisé des conférences-débats sur le pouvoir d’achat, sur le service public, sur la pension et la prépension. Tout ça s’inscrivait aussi dans le contexte des négociations de l’AIP, dont on sait qu’elles sont devenues de plus en plus difficiles. Au début de l’année 2014, les délégués m’ont dit que c’était bon, qu’ils avaient eu l’éclairage nécessaire : ils soutiendraient la liste PTB-GO.
Dans ces conditions, dire que j’ai « donné une consigne », c’est exagérer beaucoup : j’ai simplement relayé l’avis des délégués, j’étais mandaté !
Bon, c’est plus clair comme ça… et comment ça s’est passé ensuite ?
Oh, c’est simple : j’ai pris des contacts avec les partis impliqués dans PTB-GO et très vite on a convenu d’organiser des réunions de campagne, ici, à Tournai, dans les locaux qui nous sont prêtés par la CGSP. Que ce soit clair : on a convenu de toutes et tous faire un bout de chemin ensemble, de mener une campagne vraiment commune. Ce sont maintenant une trentaine de personnes qui se réunissent régulièrement…
J’assiste à ces réunions : je trouve que l’ambiance est bonne, très constructive, que les débats sont intéressants. Mais je me demande ce qui va se passer après les élections… Tu dis souvent que ce ne sont pas les syndicats qui doivent aller chercher les élus, mais que c’est à eux qu’il revient de venir voir les travailleurs… Je suppose que ça reflète ta vision post-électorale… ?
Et bien ça me semble évident : tout le travail unitaire qu’on accomplit ici en Wallonie picarde va (peut-être) contribuer à valoir des élus à la liste PTB-GO ; nous, on ne fait pas ça en se disant qu’après on se repose. Nous voulons deux choses :
1) que les élus nous rendent des comptes : que font-ils au Parlement, que disent-ils, que votent-ils ou non ? A quoi sert leur boulot et leurs interventions ? Etc.
2) qu’ils viennent sur le terrain pour comprendre et savoir quels sont les problèmes concrets et pour pouvoir relayer les revendications qui émanent des travailleurs avec ou sans emploi.
D’autre part, je ne crois pas du tout que les élections puissent de quelque façon être un « Grand Soir » ; pour moi, il s’agit d’une 1ère étape, celle où les travailleurs vont pouvoir à nouveau faire entendre leurs voix dans les hémicycles. C’est bien mais ce n’est que le tout début d’une épopée, parce que je pense que « fédérer la gauche du PS » (comme le dit notre motion du mois de novembre 2013), c’est un travail de longue haleine.
Dans ce cadre, et vu la bonne dynamique en Wallonie picarde, je ne compte pas du tout laisser tomber les réunions PTB-GO telles que nous les faisons actuellement : on va toutes et tous se revoir afin de mettre en place une structure commune qui puisse durer bien au-delà du 25 mai : tout reste en effet à faire afin de construire le relais politique que nous avons appelé !
[1] http://www.metallos.be/pages/boite-a-outils/actualites/26/11/2012/congres-des-metallos-hainaut-namur