Nos éminents experts du Bureau du Plan viennent de revoir à la baisse les prévisions de croissance pour 2014 et 2015 : une baisse de 0,3% ! l’intox sur la compétitivité, sur le coût excessif du travail (des salaires pour être plus clair !), sur les économies drastiques, indispensables à réaliser et les sacrifices inévitables à supporter, ce refrain qui nous est asséné tous les jours va prendre une tonalité encore plus forte.
Ces prévisions tombent à pic pour justifier les politiques d’austérité et donc de régression sociale que la coalition des droites pour le futur gouvernement compte bien poursuivre avec encore plus d’ardeur .
Le quotidien financier bruxellois, l’Echo, très averti, y va de son pronostic : « Ces circonstances (croissance revue à la baisse et dépassement de l’indice pivot , prévu en février 2015, pour l’indexation des salaires ) vont certainement mettre du vent dans les voiles de ceux qui, à la table de négociation, plaident pour un saut d’index (…). L’économie réalisée en pratiquant un saut d’index est estimée à 1,2 milliard d’euros (allocations sociales) et 150 millions d’euros (salaires, soit 1,350 milliard d’euros » (1).
Ces prévisions du Bureau du Plan tombent, on ne peut mieux, pour justifier la poursuite du blocage des salaires, décrété, pour 2013 et 2014, par le gouvernement Di Rupo, aujourd’hui en affaires courantes.
Une OPERATION VERITE qui tombe aussi à pic !
Blocage des salaires, menace sur l’index ! Pendant ce temps-là, les riches sont de plus en plus riches, les profits des entreprises se portent bien et les dividendes engrangés par les gros actionnaires explosent.
La FGTB de Verviers a mené une « Opération Vérité » sur l’ensemble des entreprises dont le siège social se trouve en Belgique. En épluchant les comptes des entreprises déposés à la Banque nationale, comptes se rapportant à l’évolution à la fois des chiffres d’affaires, des profits et celle des dividendes aux actionnaires, pour la période 2009 à 2012, la FGTB Verviers et Communauté germanophone a voulu « mesurer une réalité économique et singulièrement son évolution pour la confronter aux discours dominants sur l’emploi, sur les salaires, sur la compétitivité. L’expérience nous enseigne qu’il y a, dans le chef d’un certain nombre de « responsables », une propension à la culpabilisation des travailleurs accusés de ne pas chercher du travail, de ne pas en trouver, de coûter trop cher » (2).
Pour l’année 2012, le chiffre d’affaires total réalisé par l’ensemble des entreprises s’élève à 786 milliards d’euros : 44,4% réalisé en Flandre, 30,1% à Bruxelles et 25,5% en Wallonie. Ce chiffre traduit une évolution de 21% du chiffre d’affaires depuis 2009.
Les bénéfices de l’exercice s’élèvent à 59 milliards d’euros : ces chiffres expriment un recul de 7,3% par rapport à 2009.
Mais, les dividendes s’élevaient à 45,3 milliards d’euros, soit une progression par rapport à 2009 de…13,7%.
Les chiffres d’affaires des entreprises implantées en Wallonie ont augmenté de 17,8%, entre 2009 et 2012 ; les profits ont crû de 3,5% et les dividendes de 30% !
Ayant procédé à la même étude pour la région de Verviers, la FGTB a montré que la progression des dividendes y a été encore plus spectaculaire : entre 2009 et 2012, elle est passée de 205 millions d’euros à 509 millions, soit une progression de 148%. Sur la même période, le pouvoir d’achat des travailleurs de l’arrondissement de Verviers a régressé en moyenne de 0,36%.
Ce qui fait dire à Daniel Richard, secrétaire interprofessionnel de la FGTB de Verviers et cela, c’était à propos du gouvernement Di Rupo, mais cela vaut encore davantage pour la coalition des droites homogène et de la droite extrême : « Le gouvernement, suivi par le patronat, nous bassine les oreilles en affirmant que pour une meilleure compétitivité de nos entreprises, tout le monde doit se serrer la ceinture, ce qui explique selon lui les mesures de modération salariale. C’est un discours d’escrocs, de l’arnaque. La compétitivité, ce sont les travailleurs qui la payent, en augmentant la productivité et à travers les pertes d’emploi, alors que les actionnaires en touchent le bénéfice » (3).
Une conférence-débat qui tombe bien !
Daniel Richard sera un des orateurs à la conférence-débat « Stop à l’austérité » que la Formation Léon Lesoil (asbl culturelle de la LCR) organise, le jeudi 9 octobre prochain, 19H30, à la FGTB de Liège. Il interviendra aux côtés de Tony Demonté, secrétaire général adjoint de la CNE et de Freddy Mathieu, militant LCR (ancien secrétaire régional interprofessionnel de la FGTB de Mons).
Notes :
(1) Le quotidien L’Echo. 10/9/2014
(2) Confèrence de presse de la FGTB de Verviers, 22 avril 2014
(3) Ibid.