L’étau ne cesse de se refermer sur les derniers quartiers libérés d’Alep, avec les offensives continues des forces pro-régime d’Assad et de ses alliés. La chute d’Alep Est marquerait un tournant dramatique pour le soulèvement populaire syrien, au niveau militaire comme politique.
Lancée le 15 novembre à coups de raids aériens, de barils d’explosifs et de tirs d’artillerie quasi-incessants, l’offensive des forces pro-régime, composée de centaines de soldats d’élite de la Garde républicaine et de la 4e division syrienne, mais surtout de milliers de combattants étrangers encadrée par l’Iran et le Hezbollah, a permis de reconquérir aux dernières nouvelles plus de 60 % de la partie orientale d’Alep.
Assiégée, Alep résiste
Entre 30 000 et 50 000 civils ont fui depuis le 26 novembre les quartiers assiégés depuis plus de quatre mois, où les réserves de denrées alimentaires et de carburant sont épuisées, tandis que tous les hôpitaux ont été détruits à la suite de bombardements de l’aviation d’Assad et de Poutine. Depuis le 15 novembre, au moins 310 civils, dont 42 enfants, ont péri dans l’Est d’Alep, tandis que dans les parties occidentales de la ville, 69 civils, dont 28 enfants, ont été tués par des tirs des groupes de l’opposition armée.
Les forces armées d’Alep Est, qui ont uni leurs forces au sein d’un commandement unifié d’opposition appelé « armée d’Alep », ont déclaré leur refus de quitter leur enclave assiégée, et signalé qu’elles continueront à se battre, malgré « l’invitation » de Moscou et les pourparlers avec Washington pour le retrait de tous les combattants des forces armées d’opposition à Alep Est. En face, l’armée du régime a indiqué qu’elle veut reprendre le contrôle complet d’Alep dans les prochaines semaines.
L’offensive réactionnaire du régime et des fondamentalistes
Les offensives des forces pro-régime ne se limitent pas à Alep. Plusieurs localités ont aussi été reprises autour de la capitale Damas, après des accords ponctuels passés avec des groupes de l’opposition armée. Quelque 2 000 personnes, dont des combattants de l’opposition et leurs familles, ont quitté vendredi la ville d’Al-Tal, au nord de Damas, pour la province d’Idlib, contrôlée par l’alliance Jaysh al-Fatah, une coalition armée dominée par les djihadistes de Jabhat al-Nusra et les salafistes d’Ahrar Sham. C’est la sixième ville ainsi évacuée en trois mois. Ces évacuations ont été dénoncées par des ONG et l’ONU comme une stratégie d’évacuation forcée. Dans la province d’Idlib, 73 civils sont morts dans des bombardements de l’aviation russe et du régime Assad.
Des manifestations dans diverses villes libérées (province de Damas, Saqba, et dans la province d’Idlib) ont eu lieu en soutien aux habitantEs d’Alep Est et pour l’unification des groupes armées de l’opposition sous un seul commandement. Dans la ville d’Idlib, la manifestation en soutien à Alep a été attaquée par un militant djihadiste qui a déchiré le drapeau de la révolution syrienne. Les forces fondamentalistes islamiques continuent en effet à employer des mesures réactionnaires et autoritaires contre les populations civiles et activistes dans les territoires libérés.
Stopper la guerre, soutenir la lutte du peuple syrien
Il existe une tendance générale, au niveau mondial, qui veut « liquider » la révolution syrienne et ses aspirations démocratiques au nom de la « guerre contre le terrorisme ». La victoire de Donald Trump aux États-Unis renforce cette tendance, lui qui a en effet déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaite conclure des accords avec Poutine sur la Syrie. En octobre 2015, il avait loué l’intervention directe de l’aviation russe en appui au régime de Damas. Même s’iI est vrai qu’en raison des déclarations variées et contradictoires de Trump sur la politique étrangère, il est difficile de savoir ce qu’il fera réellement, la Russie et les États-Unis seront probablement plus enclins à collaborer dans la prétendue « guerre contre le terrorisme », renforçant et légitimant encore davantage le régime Assad ainsi que d’autres pouvoirs autoritaires. Le régime de Damas et ses alliés russe et iranien accélèrent donc leurs offensives en Syrie pour réaliser un fait accompli lors de l’entrée en fonction du nouveau président à Washington le 20 janvier 2017.
Face à la guerre sans fin du régime Assad et de ses alliés contre le peuple syrien, face à la volonté croissante des puissants de liquider les aspirations démocratiques de la révolution syrienne, il faut réaffirmer notre soutien à la lutte du peuple syrien pour la démocratie, la justice sociale et l’égalité, contre toutes les formes de confessionnalisme et de racisme. Pour cela, il faut en premier lieu arrêter la guerre, qui ne cesse de créer des souffrances terribles, empêche le retour des réfugiéEs et déplacéEs internes, et ne profite qu’aux forces contre-révolutionnaires issues des deux bords.
Source : NPA