24 février 2015
La victoire électorale de Syriza et la déroute des partis soumis aux exigences de la troïka a aussi été une remise en cause frontale de la politique des classes dirigeantes et des institutions européennes.
Pour la première fois, les plans de récession sociale imposés depuis quatre ans aux classes ouvrières européennes ont été désavoués électoralement en portant au gouvernement un parti qui, malgré des déclarations contradictoires, a fait l’essentiel de sa campagne sur le rejet de ces plans, et cela dans le pays qui, en Europe, a subi avec le mémorandum imposé par l’Union européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI, l’attaque sociale la plus violente.
Dès lors, l’arrivée de ce gouvernement a été un signe d’espoir pour tous ceux qui, en Europe notamment, subissent ces mêmes politiques et pour les forces sociales et politiques qui cherchent à tracer la voie de la résistance aux politiques d’austérité.
Au lendemain de son élection, le gouvernement Tsipras a annoncé qu’il allait mettre en œuvre une série de mesures en rupture avec les engagements de Samaras.
Ces déclarations se sont immédiatement heurtées aux exigences de l’Union européenne et de la troïka. Dès le 4 février, la BCE a annoncé que le refinancement des banques grecques était stoppé, car elle n’acceptait plus les bons de la dette grecque et dans le même temps un mouvement massif de retraits de liquidités s’opérait en Grèce. La pression sur le gouvernement Tsipras est allée croissante ces derniers jours, lors des réunions de l’Eurogroupe, pour que la Grèce accepte et maintienne le cadre du mémorandum, pression soutenue par l’ensemble des gouvernements européens, la droite et la social-démocratie. La volonté clairement et unanimement affichée est d’étrangler le gouvernement grec en contrôlant son système bancaire.
Les exigences mises en avant par l’Eurogroupe montrent bien que l’idée selon laquelle on pourrait rompre avec les politiques d’austérité en faisant l’économie d’une confrontation avec l’Union européenne est invalidée dans les faits.
Au-delà des mots, dans les premiers accords passés entre l’Eurogroupe et le gouvernement de Tsipras, le gouvernement s’engage à rembourser intégralement et à temps les créditeurs. Cela manifeste un recul sur les engagements pris devant le peuple grec.
Une bataille de longue haleine s’engage. Les institutions européennes affichent une nouvelle fois leur volonté d’imposer des politiques néolibérales extrêmement dures qui conduisent à la marginalisation économique et sociale de pays entiers. Toute force qui veut s’inscrire en faux contre les choix dominants en matière de politique économique, doit se préparer à la nécessité d’être expulsée ou à quitter ce cadre institutionnel. Le rejet des mémorandums et des diktats budgétaires de l’UE, le non-remboursement de la plus grande partie de la dette, sont les questions clefs d’affrontement. C’est aux forces politiques et sociales grecques elles-mêmes, dans le cadre d’un débat public très large et démocratique de choisir les méthodes apparaissant les plus adéquates pour mener une telle politique contre la troïka, en construisant le meilleur rapport de forces possible au sein de la population grecque et en s’adressant aux populations européennes, victimes elles aussi des plans d’austérité. Cette politique ne pourra pas se consolider sans une politique qui casse toutes les attaques antisociales imposées au peuple grec depuis quatre ans dans le domaine des salaires, de la santé, du droit au travail et au logement. Une telle orientation impose de prendre des mesures anticapitalistes, d’incursion dans la propriété capitaliste, nationalisation des banques, et de certains secteurs clés de l’économie, réorganisation de l’économie pour satisfaire les besoins sociaux élémentaires.
Pour imposer ces solutions, la mobilisation sociale, le contrôle des travailleurs sur leurs propres affaires sont indispensables.
Une bataille décisive s’engage en Grèce, mais tous les peuples d’Europe sont concernés. Le peuple grec ne doit pas rester isolé. Les dirigeants de l’Union européenne prétendent parler au nom des peuples dans leur volonté d’étrangler le peuple grec.
Il est d’une exigence immédiate de construire une solidarité massive avec le peuple grec, son mouvement ouvrier politique et social, de construire un rapport de forces européen face au bras de fer qui doit s’engager aujourd’hui, avec la mobilisation de grandes forces du mouvement ouvrier dans toute l’Europe. Il faut empêcher les gouvernements de l’Union européenne de continuer à imposer leurs diktats, refuser toute ingérence, tout chantage au remboursement de la dette. C’est aux peuples de décider de leurs propres affaires. Il faut, avec les associations, le mouvement syndical et toutes les organisations, dresser, dans tous les pays européens, un mur de solidarité avec le peuple grec, contre les politiques de la troïka. C’est la tâche que se donnent les militants de notre Internationale dans les jours et les semaines à venir.
*Cette résolution a été adoptée par une très large majorité par le Comité international de la IVe Internationale, le 24 février 2015.
Source : inprecor