Cinq mois après la disparition des 43 étudiants de l’École normale rurale d’Ayotzinapa, dans l’Etat de Guerrero, au Mexique [1] –disparition dont l’État mexicain porte la responsabilité –, la IVe Internationale exprime sa pleine solidarité avec les familles et les camarades de ces étudiants mexicains, ainsi qu’avec les dizaines de milliers de ceux qui, par leurs manifestations à travers le pays, ont empêché que le cas soit étouffé au nom d’une prétendue « vérité historique », c’est-à-dire la version officielle qui visait à dissimuler le crime d’État prétendant que les étudiants auraient été tués et incinérés par des tueurs à gages du crime organisé.
Depuis le 26 septembre 2014, les exigences restent les mêmes : Ils les ont emmenés vivants ! Nous les voulons vivants ! Nous dénonçons la claire implication de l’État – à tous les niveaux et, en particulier, celle du 27e bataillon d’infanterie de l’armée mexicaine – pour sa responsabilité dans la disparition des camarades étudiants.
Non seulement le gouvernement de Peña Nieto n’a pas répondu aux demandes du mouvement social au Mexique, mais il a essayé de couvrir la crise sociale profonde dans le pays, dans lequel s’inscrit Ayotzinapa, non pas en tant qu’un événement isolé, mais comme le résultat d’une stratégie délibérée de l’État, qui a militarisé le pays et déclenché une spirale de violence, qui ne peut que conduire à ce genre de tragédies. L’augmentation des meurtres de femmes et de la violence contre les femmes en général, les dizaines d’assassinats de journalistes au cours des dernières années ainsi que la violence croissante des criminels et des groupes armés contre les migrants, qu’ils soient mexicains ou centraméricains, complètent le tableau de la décomposition sociale du pays.
En même temps, ce gouvernement a liquidé les dernières conquêtes sociales, que la révolution mexicaine de 1910 avait concrétisées dans une Constitution morte aujourd’hui. Par ailleurs, Peña Nieto et d’autres hauts responsables de son gouvernement sont impliqués dans des scandales de corruption et les conflits d’intérêts.
C’est pour cela que le mouvement social solidaire avec les étudiants d’Ayotzinapa n’accepte pas la version gouvernementale, cherchant à tout expliquer comme un problème local, et qu’il n’accepte pas le retour sur la voie institutionnelle, celle des élections intermédiaires de juin, au milieu d’une crise de légitimité des institutions politico-électorales du pays, ajoutant maintenant le constat que « l’État n’est plus » et la revendication « Dehors Peña Nieto » – expression de défiance envers tous les partis et les institutions politico-électorales.
Nous appelons toutes les forces de gauche, les syndicats et les mouvements sociaux de nos pays à poursuivre les actions de solidarité avec le mouvement social et populaire mexicain ainsi que la pression internationale sur le gouvernement de Peña Nieto, dont la crédibilité dans le monde s’effondre.
Nous saluons avec enthousiasme les manifestations de masse et les multiples formes d’organisation, de lutte et de solidarité qui se développent au Mexique. Nous approuvons les demandes de présentation en vie des étudiants, de sanction des auteurs et des commanditaires, ainsi que la revendication de plus en plus puissante de la démission de Peña Nieto.
L‘État n’est plus !
Dehors Peña Nieto !
Ils les ont emmenés vivants ! Nous les voulons vivants !
Comité international de la Ive Internationale, 24 février 2015
[1] En septembre 2014, suite à une manifestation où la police a tué par balles 6 étudiants, 43 étudiants instituteurs à Iguala sont enlevés et disparaissent. Le maire et son épouse, en lien avec la police et les narcotrafiquants, font partie des commanditaires de ce crime. Selon les autorités, ils auraient été massacrés mais la version officielle est contestée par des ONGs. Depuis, un soulèvement national a lieu contre l’appareil d’Etat complice de la corruption policière.
Cette déclaration a été adoptée à l’unanimité par le Comité international de la IVe Internationale, réuni à Amsterdam le 24 février 2015.
Source : ESSF