L’élection de Donald Trump à la Maison Blanche ne doit pas être normalisée. Si le personnage a pu susciter des moqueries pendant la campagne, d’autres jugent qu’il n’est finalement pas si dangereux que cela, voire pire, se réjouissent de sa victoire au nom de la lutte contre l’establishment, dont Trump est l’incarnation, ou au nom de la politique du pire « après Trump, c’est nous ».
Or il n’y a aucun automatisme en la matière. Il est certain que Trump et son équipe de multimilliardaires réactionnaires constitue un ennemi politique dont la victoire imprévue a donné un coup de boost aux violences racistes et sexistes, et ouvre de belles opportunités pour les firmes de l’industrie pétrolière, carcérale et d’armement, comme pour nombre de régimes capitalistes dictatoriaux, Poutine, Erdogan et Assad en tête. Si nous devons refuser le diktat du moindre mal centriste-libéral, qui déroule le tapis rouge pour tous les Trump de ce monde, il est pourtant nécessaire de préparer dès aujourd’hui une résistance acharnée face à Trump et au tournant de plus en plus autoritaire et raciste du capitalisme mondial.
Deux appels, l’un féministe, l’autre écosocialiste, ont convergé pour un rassemblement commun le 20 janvier place de la Monnaie. La LCR appelle à participer à ce rassemblement et soutient l’élargissement de celui-ci à tous les secteurs exploités et opprimés de la société, notamment les racisé.e.s, les sans-papiers, et les LGBTQIA+. Nous publions donc sur notre site le texte de mobilisation de Roxanne pour Feminisme-Yeah ainsi que l’appel écosocialiste paru dans le Vif et signé par plusieurs de nos camarades. —LCR-web
.
Le 20 janvier 2017 à Bruxelles aura lieu un rassemblement en soutien à la marche des femmes sur Washington du 21 janvier. Cette marche vise à rassembler toutes les femmes (et les hommes) des États-Unis en réaction à l’entrée en fonction du nouveau Président Trump. L’appel à la marche de Washington dénonce la rhétorique sexiste, raciste, islamophobe, bourgeoise et homophobe du Président. On peut également y lire : « nous sommes uni.es pour que soit reconnu et défendu le fait que défendre les plus marginalisé.es parmi nous revient à défendre l’ensemble d’entre nous. Nous soutenons les mouvements de défense et de résistance qui reflètent nos identités multiples et croisées. Nous appelons tous.tes les défenseur.euses des droits de l’homme à nous rejoindre. Cette marche est le premier pas vers l’unification de nos communautés, fondée sur de nouvelles relations, pour créer des changements à partir de la base. Nous ne nous reposerons pas jusqu’à ce que les femmes aient la parité et l’équité à tous les niveaux de leadership dans la société. Ecoutez nos voix».
Depuis le résultat des élections du 9 novembre dernier, des centaines de milliers de personnes ont déjà pris les rues et s’organisent pour s’opposer à la nouvelle présidence. Derrière le slogan « #notmypresident », il est évident que Trump ne pourra jamais représenter les intérêts des classes populaires des Etats-Unis. Les mobilisations doivent être claires à ce sujet. Il ne sert à rien de crier dans l’oreille d’un sourd, l’objectif n’est pas d’être entendu.es mais d’établir les bases d’un rapport de force et, à terme, pousser à la destitution du Président.
Le mouvement Occupy avait déjà pu mettre en avant les 99% de la population exploités pour enrichir le 1% restant. Avec Trump au pouvoir, c’est le tapis rouge pour des mesures visant à augmenter les inégalités sociales et à détruire notre planète, pour des actes de haine décomplexés et pour une légitimité internationale accordée à toute l’extrême droite. Il est donc indispensable de témoigner symboliquement notre soutien au peuple qui s’organise aux moins pour deux raisons. Premièrement, pour soutenir l’autodétermination et l’auto-organisation des personnes c’est-à-dire une politique faite par toute et chacune d’entre nous où personne ne parle « à la place de » et dont l’objectif est de lutter contre l’exploitation et les inégalités. Deuxièmement, pour faire obstacle à la montée d’une droite lepeniste de notre côté de l’Atlantique. Machisme, sexisme, racisme, islamophobie, homophobie ne passeront pas !
Mais rappelons que pour changer les choses, nous avons aussi besoin d’aller à la racine des problèmes c’est-à-dire mener une lutte radicale. Agir en solidarité avec les peuples du monde entier contre les régimes de domination et d’exploitation et pour une société juste et égalitaire c’est surtout combattre les inégalités auxquelles nous sommes nous-mêmes confronté.es. Depuis 2014 en Belgique, nous avons un gouvernement qui multiplie les mesures antisociales. La réforme du marché du travail, la Loi Peeters, va vers encore plus de précarisation. Les coupes budgétaires dans les soins de santé sont catastrophiques. Les exclusions du chômage ne cessent d’augmenter. L’accès au droit aux allocations sociales est conditionné. Les jeunes sont toujours plus en galère, les vieux de plus en plus dans la misère et les syndicats annulent les grèves. Le premier parti politique du pays, la N-VA, est un parti sexiste, bourgeois et raciste qui a pour cible directe les femmes issues de l’immigration, immigrées et sans-papiers. La militarisation des rues est normalisée, les contrôles de police démultipliés. L’urgence est à nos portes et il est indispensable d’organiser et de participer aux mobilisations sociales.
Et les femmes dans tout ça ? Pourquoi est-il important de mettre en avant leurs luttes et leurs revendications ? Pourquoi est-il important que des marches et des rassemblements de femmes s’organisent ? Parce qu’elles représentent la moitié de la population invisibilisée, dominée et exploitée sur base de leur genre. Trump représente à lui seul les violences verbales, physiques, sexuelles et psychologiques machistes, la culture du viol, les meurtres de femmes parce qu’elles sont des femmes, les inégalités d’accès aux droits économiques et sociaux (emploi, salaires, allocations) et la menace de l’accès aux droits sexuels et reproductifs (avortement, contraception, santé). Il est donc indispensable de bien faire comprendre que nous ne nous laisserons pas faire. Si demain, toutes les femmes se mettaient en grève, on pourrait voir qui fait tenir l’économie des pays. Ce n’est donc pas uniquement la misogynie qu’il faut combattre mais tout un système qui donne le pouvoir aux hommes et rend légitime, entre autres, la misogynie et le bafouement des droits des femmes.
Parmi les femmes, celles qui subissent de plein fouet les inégalités sont celles qui sont touchées par plusieurs systèmes de domination. Il faut à tout prix combattre l’invisibilisation des vécus et des luttes des femmes racisées, lesbiennes/bisexuelles/trans, musulmanes, prolétaires et sans-papiers. N’oublions pas que 53% des électrices blanches ont voté pour Trump. Le fait que des personnes votent ostensiblement à l’encontre de leurs propres intérêts n’est pas une nouveauté dans l’histoire mais cela démontre également qu’il ne suffit pas d’être une personne socialisée comme étant une femme pour défendre les droits des femmes et pour combattre toutes les inégalités. La parité aux différents niveaux de pouvoir ne garantit en rien une société juste. Une femme au pouvoir ne garantit en rien la disparition du racisme, du sexisme et des inégalités économiques et sociales. Si nous voulons participer à la construction d’une société égalitaire, nous devons également interroger l’organisation du pouvoir.
Chaque année, nous nous mobilisons autour du 8 mars pour mettre en avant les luttes et les droits des femmes mais nous savons aussi que notre résistance est quotidienne. Dès janvier 2017, faisons trembler les 1% de la population ici, aux Etat-Unis et dans le monde entier. Rendez-vous le 20 janvier à 17h, place de la Monnaie à Bruxelles, soyons nombreux/SES !