A ceux qui doutaient encore du réchauffement climatique global, les statistiques de l’Organisation météorologique mondiale apportent des faits indiscutables. « Quatorze des quinze années les plus chaudes jamais mesurées appartiennent au XXIème siècle… Il n’y pas de pause dans le réchauffement ». Ce phénomène est global, mais les effets locaux peuvent être totalement opposés.
Records de chaleurs dans certaines régions (Argentine, Paraguay, Bolivie, Brésil), vagues de froid sur le nord des Etats-Unis et du Canada. Des canicules record cohabitent avec des pluies torrentielles, des inondations et des sécheresses sévères (Brésil, Ouest des Etats-Unis).
Le réchauffement global modifie le régime des vents, des courants marins et des précipitations, et la fonte des glaces. Ce ne sont pas des phénomènes contradictoires, mais les effets multiples d’un même mécanisme général. La moyenne de 2014 est un demi degré plus élevée que la moyenne entre 1961 et 1990. La tendance est donc indiscutable.
Mais dans un monde capitaliste, dominé par les rapports marchands et la concurrence, l’extraction de matières premières et leur transformation en marchandise obéissent principalement aux règles du marché et du profit. Les mises en garde, les rapports d’experts sur les effets de cette surconsommation sur le climat et les conséquences prévisibles pour les populations humaines n’ont pas l’air d’affecter les adeptes du dogme de la croissance et des profits à tout prix.
Actuellement un des buts majeurs du sommet de Paris de 2015 est de limiter cette hausse de température à 2°C d’ici la fin du siècle. Pour l’essentiel cet objectif repose sur une limitation « volontaire » de l’émission de gaz à effet de serre (GES). Cette perspective pose plusieurs questions problématiques.
L’illusion du nucléaire
La réduction du GES peut relancer la construction de nouvelles centrales nucléaires et rallonger l’exploitation des existantes. C’est un des projets de l’Inde, gros consommateur de charbon. Ce choix pourrait aussi être celui de la Chine, qui s’est publiquement engagée à réduire ses GES à partir de 2025. Or cette issue augmente le danger d’un grave accident et surtout elle continue à produire de grandes quantités de déchets nucléaires hautement radioactifs. Cette option constitue donc une erreur aussi lourde de conséquences. L’héritage actuel des déchets hautement radioactifs représente déjà une gageure irrésoluble, puisque leur toxicité mortelle peut s’étendre sur des centaines, voire des milliers d’années. Quel cadeau pour les futures générations!
Diversité des conséquences
Avoir comme principal point de repère la hausse globale de la température efface complètement les graves perturbations qui se produisent localement. Le climat et l’atmosphère, comme la planète, ne sont pas des ensembles homogènes. Des effets extrêmes ne se compensent pas dans la réalité. Les sécheresses sur certains pays et continents, la perte des réservoirs d’eau que constituent les glaciers et les grands fleuves sont aussi dramatiques que la montée prévisible des océans, tout comme les inondations et les glissements de terrains. La perturbation des masses d’eau des océans produira des effets très contrastés sur le climat des continents, mais aussi sur la vie océanique. Durant le sommet de Lima, le gouvernement péruvien était interpellé sur un moratoire de la pêche des anchois, dont le Pérou est le principal pêcheur. En effet, la modification des températures dans différentes zones de l’océan Pacifique a provoqué la migration des anchois vers des eaux plus froides, donc plus profondes. Cet exemple illustre la complexité des bouleversements engendrés par le réchauffement global.
Mettre fin à la gabegie capitaliste
Les appels à la raison ont été jusqu’ici totalement ignorés. Le club de Rome avait déjà établi dès 1973 les principales contradictions. Les tentatives de régulation se voient toujours limitées par le pouvoir des compagnies capitalistes, qui favorisent encore et toujours le profit à court terme.
Cette contradiction ne peut se résoudre que par une appropriation complète des principaux moyens de production afin d’introduire trois éléments essentiels dans les décisions : la démocratie, la planification et la décentralisation.
Il apparaît plus clairement qu’une puissante action publique et citoyenne doit s’exercer sur les rapports de production. Laisser entre les mains de quelques conseils d’administration les leviers de la production industrielle et énergétique n’est pas pensable.
« Un habitant, une voix » tel doit être le principe à mettre en œuvre pour mettre fin à la toute puissance des conseils d’administration et permettre de maîtriser notre futur.
L’avis d’experts « éclairés » n’est pas suffisant. La planification doit permettre d’avoir une vue d’ensemble des besoins et des ressources à disposition. Une planification démocratique est nécessaire simplement à cause des inégalités naturelles. Le degré et l’étendue de cette planification dépend évidement du type d’élément. Elle est inutile pour la création de jardins potagers. Elle devient indispensable pour la gestion de l’eau naturelle. Des régions, voire des pays ne peuvent décider seuls de sa consommation et de son utilisation.
La décentralisation devrait permettre de réaliser aux plus près des conditions concrètes et avec le meilleur contrôle les projets décidés, voire de les corriger et de les adapter rapidement.
Ces trois composantes ne sont pas concevables comme une immense machine administrative et bureaucratique, mais comme l’implication et la participation active d’une majorité aux différentes étapes des projets énergétiques.
La problématique des effets climatiques doit être posée autrement qu’avec un chiffre global limitant le réchauffement, en s’interrogeant sur la finalité et le sens de la production marchande et de la consommation énergétique d’une nouvelle société à construire.
Source : Gauche Anticapitaliste