Pire, les alliés et les partenaires du régime au sein du gouvernement actuel d’affameurs et de paupérisation ont été incapables de défendre sa politique ou d’approuver ses gestes répressifs. Le plus grand des partis traditionnels qui participe au gouvernement (Parti unioniste/origine) a observé une agitation tangible et une déclaration de ses cadres de se retirer du gouvernement. Il n’avait pu empêcher ses bases de jeunes de participer au mouvement de protestation. Son dirigeant qui souhaitait se maintenir au sein du gouvernement s’est mis en retrait pour éviter l’embarras d’avoir à défendre ses positions, sinon à huis-clos. Quant aux petits partis qui constituent son centre, certains de leurs affidés, comme le ministre de l’information, ont défendu l’indéfendable, mais une telle défense est promise à la caducité tout comme s’en ira l’écume sur la nature de ces partis qui mourront avec le régime, à l’instar du parti de gouvernement actuel qui ne peut pas vivre éloigné du pouvoir.
Pour la première fois, le soulèvement a permis à des Etats de critiquer publiquement le régime et d’exprimer leur préoccupation vis-à-vis de la répression au Soudan. Ce fut notamment le cas des Emirats arabes unis, du royaume d’Arabie saoudite, ou des remarques de la France, et dans une moindre mesure, des Etats Unis ; cela a été suivi des prises de position de chaînes d’information comme Al Arabiya et Sky News qui se sont distinguées par une couverture sérieuse du soulèvement qui a contraint le régime à fermer leurs bureaux à Khartoum par crainte d’une révolution pour reprendre les propos du ministre des Affaires étrangères. Cette étape est une avancée majeure vers l’encerclement du régime et la diminution du soutien proclamé, ou tacite qu’il reçoit auprès des Etats Unis d’Amérique et des pays en lien étroit avec son projet dans la région. C’est un indicateur de la profondeur des contradictions dans ce camp, qui seraient profitables si les forces d’opposition savaient mieux les exploiter
Il ne fait aucun doute que l’aspect impressionnant des protestations qui sont une réalisation importante pour notre peuple est l’élément dominant de la jeunesse, une jeunesse qui a mis en échec la tactique maîtresse du régime pour se maintenir au pouvoir, et qui consiste à briser la chaîne de l’organisation dans toutes les structures de la société civile et a opérer une rupture entre les forces de l’opposition et les masses. En effet, la jeunesse a dépassé les directions historiques. Dans les rues les jeunes ont réalisé l’unité des personnes organisées dans des partis et des inorganisés. Ils ont organisé eux-mêmes leur soulèvement, même si l’organisation ne s’est pas encore hissée au niveau requis. La défaite de la tactique du pouvoir sur laquelle le président avait misé signifie que le peuple ne peut plus être encadré et dominé, et que ce dernier a pris l’initiative des mains du pouvoir et l’a mis sur la défensive, en démontrant sa capacité à sortir du coin où le régime voulait le confiner. Le soulèvement de septembre a prouvé au régime que la casse des sphères organisationnelles et la séquestration du droit à l’action de masse entre les mains des partis et des forces organisées en violation de la Constitution est passé par la multiplicité des centres de protestation et leur extension aux régions et aux villes autres que la capitale. N’oublions pas que la première à sortir dans la rue fut la ville de Oued Madani dans la Jazira. La poursuite du soulèvement pendant toute cette période en dépit de la violence excessive utilisée par le pouvoir, signifie que la barrière de la peur s’est effondrée et que les masses ont pris confiance en elles-mêmes, transmettant la peur inéluctablement à l’autre camp, celui du pouvoir. Les manifestations de cette peur ne sont pas réductibles au traitement violent des protestations, ce sont aussi la tentative de certains de se jeter du navire qui va couler (les réformistes par exemple), et dans la fuite à l’étranger de fonds pillés, l’envoi de leurs enfants à la recherche d’un pays alternatif, le déménagements de familles des enfants de l’élite parasitaire gouvernante de leurs logements insolents construits par la sueur de notre peuple et de leurs fonds d’assurance, l’absence de destouriens et de ministres à leur travail ou dans leurs ministères, les prétextes allégués par des membres de ce groupe pour voyager hors du pays, ainsi que l’obligation pour le pouvoir de fermer les écoles et les universités.
En fin de compte, le soulèvement a permis de faire passer le peuple de la défensive à l’offensive et a obligé le pouvoir à utiliser l’attaque violente pour se défendre. Il a dévoilé sa nature antisociale et son isolement et l’a poussé à révéler sa nature hostile aux masses en confisquant l’étroite marge de liberté en place et le droit d’expression, la pratique des arrestations et de la torture. Il a déchiré son hégémonie médiatique, brisé l’unité de l’organisation au pouvoir et poussé nombre de ses soutiens à prendre leurs distances. Le soulèvement a également encouragé des Etats et des médias à la critique et à le reléguer dans un coin et contribué à briser le cycle de la confiscation du droit à l’organisation, par la création de formes d’organisation différentes de celles issues du pouvoir coutumières de la répression. De même il a contribué à étendre le domaine d’action de masse et de protestation pour qu’il coïncide entre le Centre et les villes de l’intérieur du pays. La plus importante de ses réalisations fut de briser le mur de la peur, de donner l’initiative aux masses et de renforcer la possibilité de la construction par accumulation à partir de ces acquis jusqu’à la réalisation de l’objectif qui est de renverser le régime.
Renverser le régime capitaliste parasitaire au pouvoir au Soudan n’est pas une simple opération basée sur une équation mathématique simple. C’est un processus d’accumulation complexe de progrès et de reflux, de tactique et de contre tactique, de compréhension de qui a été réalisé , qui suppose des d’efforts pour le compléter avec d’autres éléments pour parachever la crise afin de renverser le régime, surtout avec lune évaluation de l’équilibre interne des forces, avec un plan de l’action politique réaliste, avec une lecture des circonstances régionales et internationales afin que le soulèvement réalise ses objectifs. L’important est la maîtrise des problèmes du soulèvement, la préservation de l’incandescence de sa flamme, et la construction sur tout ce qui a été réalisé jusqu’à maintenant, afin que se réalise la délivrance de notre peuple et la justice pour nos martyrs.
Gloire et immortalité aux martyrs du magnifique soulèvement de septembre
Honte et défaite pour leurs bourreaux au service du capitalisme parasitaire.
traduit de l’arabe par Luiza Toscane