En cette période pré-électorale, nous voudrions vous faire part des inquiétudes de notre secteur des Arts quant à l’avenir de ses métiers.
Une réforme est en cours et a pour conséquence de durcir considérablement l’accès à la protection sociale de tous les métiers impliqués dans la réalisation des spectacles et des activités culturelles.
L’ensemble des métiers dans le domaine artistique se distingue par un caractère d’intermittence qui est depuis longtemps reconnu par le Conseil National du Travail.
L’intermittence n’est pas une situation de complaisance. Elle est inhérente à nos métiers. Le musicien répète, l’auteur écrit, l’acteur apprend son texte, le cinéaste pense son film, le scénographe son décor, l’éclairagiste sa lumière, le plasticien son œuvre, etc. Ce temps de travail ne fait la plupart du temps pas l’objet d’un contrat. Il le précède. La réforme en préparation serait une régression au regard de cette reconnaissance des spécificités de nos métiers.
Les conditions d’accès aux allocations de chômage deviendraient difficilement réalisables pour les jeunes artistes et elles seraient plus défavorables encore pour les techniciens. Ces derniers seraient soumis à une règle de calcul induisant une discrimination, alors que leurs conditions de travail sont le plus souvent identiques à celles des artistes.
Si nous restons convaincus de la nécessité de clarifier le statut social des travailleurs des arts, c’est par le biais d’une concertation entre notre secteur et le monde politique que nous devons y arriver, et non par celui d’une réforme qui se ferait sans concertation et qui irait dans le sens d’une exclusion de la plupart d’entre eux.
Par ailleurs, le secteur culturel subit depuis plusieurs années la non-indexation d’une partie importante de ses subventions publiques. Les frais incompressibles augmentent pourtant ainsi que les indexations salariales. La suppression de l’indexation équivaut donc à diminuer chaque saison un peu plus, d’une part les budgets alloués à l’emploi artistique qui constitue notre raison d’être et de fonctionner, et d’autre part ceux alloués aux projets que nous voulons pouvoir continuer à présenter tout en maintenant un prix accessible au plus grand nombre.
La culture, comme l’ensemble des secteurs non marchands, est l’affaire de tous. Elle ne peut subsister qu’en étant soutenue non seulement par vous qui fréquentez les théâtres, les musées, les salles de concert, les centres culturels, les cinémas, mais par tous les citoyens.
En résumé :
– Nous exprimons nos plus vives craintes quant à l’avenir des professions liées à la création artistique, en particulier concernant l’accès à la profession des plus jeunes ;
– Nous n’acceptons pas la discrimination dont les techniciens sont l’objet alors que leurs conditions de travail sont souvent identiques à celles des artistes ;
– Nous demandons un refinancement de l’emploi artistique et culturel, à commencer par la levée de la non-indexation des subventions et que la réflexion politique se porte sur les causes et non sur les seules conséquences du problème.
Nous vous invitons à nous soutenir dans notre action qui a pour but de défendre nos métiers, leurs spécificités et leurs nécessaires moyens et d’amener les partis politiques à considérer notre secteur et à réfléchir à une politique culturelle de manière concertée et pérenne.
Nous vous remercions de signer cette pétition et d’arborer un badge que vous trouverez dans la plupart des théâtres.
Crédit photo : Thierry Tillier