Treize femmes sont décédées dans l’État du Chhattisgarh, et plusieurs dizaines toujours hospitalisées, des suites d’une opération de stérilisation en série. Un médecin avait opéré 83 femmes en 5 heures dans un hôpital désaffecté sans aucune infrastructure. Les femmes étaient opérées à même le sol et les médicaments qui leur étaient administrés proviendraient d’un laboratoire minuscule possédé par des personnes liées au parti dirigeant de l’État.
Le médecin a été arrêté, mais selon l’ONG Asian Human Rights Commission, il est loin d’être le seul responsable : en fait, ce sont les autorités qui font pression sur les médecins qui travaillent pour elles afin qu’ils respectent des objectifs chiffrés, en dépit des protestations des organisations de médecins et de la société civile. Les décès du Chhattisgarh ne sont pas surprenants : les statistiques gouvernementales elles-mêmes montrent qu’au moins 363 personnes sont mortes durant des opérations de stérilisation entre 2010-2011 et 2013-2014 et que 14 901 opérations ont échoué…
Les femmes sont bien sûr les victimes quasi exclusives puisque 97,4 % des opérations sont effectuées sur elles. La plupart des femmes concernées appartiennent aux couches pauvres de la société. Elles viennent se faire stériliser en échange d’une maigre compensation : dans le cas du Chhattisgarh, les femmes opérées ont touché chacune 1 400 roupies, soit environ 20 euros… Certaines familles se voient refuser des prestations sociales si elles refusent l’opération.
La stérilisation de masse des femmes est la méthode dominante de contraception en Inde et les règles légales en la matière (information des patientes, hygiène, nombre d’opérations) ne sont même pas respectées. Les autorités de l’Inde ne se donnent pas les moyens d’une véritable politique de planning familial fondée sur les droits et l’information des femmes. Un des États indiens, le Kerala, a pourtant limité la croissance de sa population en ayant eu recours à moins de stérilisations que la moyenne nationale. Le taux d’alphabétisme des femmes y est de 92 %, le taux le plus élevé du pays. Comme le souligne l’Asian Human Rights Commission, il est temps pour l’Inde d’arrêter de traiter les pauvres comme des gens qui peuvent être contraints ou achetés sans être informés…
Source : NPA