Notre camarade André Henry a écrit ses mémoires, qui retracent une des plus belles pages de l’histoire du mouvement ouvrier après-guerre: L’épopée des verriers du Pays noir. Nous avons demandé à une série de personnes de différents milieux de la gauche de commenter cet ouvrage. Nous publions ci-dessous la contribution de Céline Moreau, formatrice au Cepag . Les textes déjà publiés sont consultables ici. —LCR web
Dès que l’on se plonge dans le récit d’André Henry, c’est comme rentrer au Bastion du boulevard Devreux, c’est entendre mon grand-père parler de la Providence, c’est boire un CTS à la maison des 8 heures pendant les grèves des années 90… C’est se retrouver à Charleroi, là où j’ai commencé à militer.
Le Bastion, c’est là où on se rencontre entre militant-e-s, où on discute de la situation des entreprises, des luttes qui s’y développent, de politique en général. Les plus ancien-ne-s et les plus jeunes réunis face aux problèmes que le capitalisme amène à chaque génération.
À la lecture de ce récit de vie, on voit que les revendications étaient pour la plupart les mêmes qu’aujourd’hui concernant la réduction du temps de travail avec maintien du salaire et embauche compensatoire, le remplacement des plus âgé-e-s par des plus jeunes pour un maintien de l’emploi, une véritable redistribution des richesses via l’augmentation des salaires, une meilleure conciliation vie professionnelle – vie privée, le combat contre le corporatisme. Bref, des revendications justes et plus que nécessaires.
Au travers de l’histoire syndicale d’un militant, on peut redécouvrir les combats et les luttes qui ont permis d’obtenir les acquis pour les travailleur-euse-s de Glaverbel. On découvrira les hauts et les bas du combat syndical, la construction d’un rapport de force sur le long terme pour concrétiser les revendications des salarié-e-s.
Collectiviser la lutte et non pas s’organiser comme le patronat l’entend en divisant pour mieux régner. Avoir le courage de remettre en jeu son mandat syndical afin que la représentativité des travailleur-euse-s soit effective face au patronat. Développer la conscience de classe dans tous les secteurs en menant des actions de solidarité. Faire preuve d’originalité et d’intelligence lors des journées de grève tout en préservant l’outil de travail en vue d’un réel contrôle ouvrier.
Autant de stratégies syndicales indispensables dans le combat quotidien face au désastre du capitalisme.
Cet ouvrage nous rappel combien il est important de garder son indépendance syndicale face au patronat et au monde politique. Que le combat contre la bureaucratie et le corporatisme est essentiel afin de développer avec une large base, une solidarité qui permettra la mise en place d’un projet de société sans classe, juste et solidaire.
Cette histoire n’est pas seulement celle d’un seul individu, mais celle d’une collectivité qui c’est battue pour améliorer ses condition de travail et de vie. Ce sont aussi ces mêmes combats que l’on peut retrouver dans les autres entreprises, dans les autres régions ou dans d’autres pays. Les combats collectifs soudés par la solidarité face au capitalisme ont souvent payé et nous devons continuer le travail des ancien-ne-s, récupérer nos acquis perdus et continuer la lutte pour en obtenir de nouveaux droits jusqu’à l’avènement de notre projet de société que l’on décrit si bien dans la Déclaration de principe de la FGTB.
— Céline Moreau, formatrice CEPAG
photo: collection André Henry