La trêve en Syrie conclue le 9 septembre entre les États-Unis et la Russie arrivait à son terme le 19 septembre à 19 heures… et s’est achevée par un échec total, que ce soit en termes politique, militaire ou humanitaire.
Les affrontements militaires ont en effet repris de manière violente quelques jours avant la fin officielle de la trêve, tandis que l’acheminement d’aide humanitaire aux villes assiégées s’est fait au compte-goutte.
Ainsi les quartiers libérés d’Alep, après une brève interruption à nouveau soumis aux bombardements de l’armée du régime et de son allié russe, n’ont reçu aucune aide, alors qu’il s’agissait d’une des priorités de l’accord. Des forces d’opposition armées au régime Assad, de l’Armée syrienne libre aux mouvements fondamentalistes islamiques, annonçaient d’ailleurs quelques heures avant la fin de la trêve leur volonté de lancer une nouvelle offensive militaire pour casser le siège imposé sur les quartiers libérés d’Alep.
Dans la nuit du 19 au 20 septembre, des bombardements de l’aviation russe ou syrienne, cela restait à déterminer encore, ont tué au moins 14 volontaires du Croissant rouge syrien et endommagé au moins 18 camions chargés d’aide humanitaire. Ces camions faisaient partie d’un convoi de 31 véhicules de l’ONU et du Croissant rouge syrien qui livrait de l’aide à 78 000 personnes à Orum al-Koubra, dans la province d’Alep. Depuis la fin de la trêve, au moins 36 civils ont péri à Alep et dans sa province dans des raids et ce lundi, plus de 40 frappes aériennes ont été menées…
La prétendue « trêve »…
La Russie et le régime syrien ont accusé les États-Unis d’être les principaux responsables de l’échec de la trêve à la suite du bombardement à Deir ez-Zor de forces du régime Assad par la coalition dirigée par les États-Unis, tuant plus de 60 soldats et permettant aux militants de Daech de s’emparer du Mont Thourda, qui domine l’aéroport tenu par le régime. Les officiels américains ont dit qu’il s’agissait d’une erreur et présenté leurs excuses aux familles des victimes.
Ces accusations tentent de masquer la poursuite – avant ce fait – de la guerre par les forces du régime Assad et ses alliés contre les civils durant la semaine de la trêve. Des bombardements russes et du régime ont eu lieu dans certaines régions durant la semaine de la prétendue « trêve », avec pour bilan 26 civils tués, dont 8 enfants. Le dimanche 18 septembre, l’aviation du régime a également bombardé les quartiers libérés d’Alep, faisant un mort et onze autres dans la province de Deraa après le largage de barils explosifs.
Dans le même temps, le quartier assiégé de Waer à Homs, dernier bastion de la ville contrôlé par l’opposition et où habitent encore environ 60 000 personnes, est en situation de subir le même sort que la ville de Daraya il y a quelques semaines. Un accord a été conclu avec le régime pour transférer une partie des habitantEs et des combattantEs dans la région d’Idlib, aux mains de Fateh al-Sham (ex-Jabhat al-Nusra) et Ahrar Sham. Le régime Assad a employé a plusieurs reprises cette stratégie des accords locaux avec des villes et/ou quartiers assiégés et bombardés, pour forcer des populations locales opposées au régime à quitter leurs foyers pour d’autres régions sous contrôle de l’opposition. Ces régions subissent, comme Idlib, des bombardements du régime et manquent de moyens pour recevoir les nouveaux arrivants, sans parler des pressions politiques et sociales parfois imposées sur eux par les mouvements islamiques fondamentalistes.
La paix sous Assad ?
Au niveau politique, cette trêve était problématique car elle ne traitait pas de la source politique du problème en Syrie : le régime Assad. L’accord prévoyait une plus grande coordination entre la Russie et les États-Unis dans la « guerre contre le terrorisme » en Syrie, visant les groupes djihadistes de l’État islamique et de Fateh al-Sham, mais sans dénoncer les interventions iraniennes, du Hezbollah et autres milices fondamentalistes chiites au côté du régime Assad… Et bien entendu sans mentionner une transition politique vers un système démocratique et le départ du dictateur Assad et de ses colistiers du pouvoir. C’est pourquoi cet accord a été refusé par de larges pans de l’opposition démocratique, armée et pacifique.
Dans le même temps, les forces armées turques continuaient leurs avancées dans les territoires frontaliers syriens et leurs soutiens à des groupes d’opposition armés (des factions de l’Armée syrienne libre, des factions turkmènes, et des mouvements islamiques fondamentalistes) pour imposer une forme de « safe zone » turque « nettoyée » des forces kurdes du PYD et de l’État islamique. Ainsi, dans la ville de Jarablus, conquise dans le cadre de cette intervention militaire, les forces armées turques ont tenté d’imposer un conseil turkmène pour gouverner la ville.
Toutes les interventions impérialistes internationales et régionales ont eu lieu contre les intérêts du peuple syrien et ont souvent renforcé les tensions confessionnelles et ethniques. Les manœuvres impérialistes et la continuation de la guerre du régime Assad et de ses alliés russes, iraniens et du Hezbollah contre le peuple syrien, rendent en l’occurrence impossible toute fin de la guerre dans les conditions actuelles.
Source : NPA